La tolérance zéro attendra le 21 février

Lalibre.be
04 janvier 2017

Commentaire reçu : Est-ce que personne dans le monde politique n’a encore réalisé/intégré que nous sommes entrés depuis un bon moment dans le « deuxième âge des machines » (« The Second Machine Age« , pour reprendre le titre de l’ouvrage des chercheurs du MIT Erik Brynjolfsson and Andrew McAfee) ?  Un peu de lecture sur la question en ce début de l’an nouveau ne ferait pas de tort à ces messieurs-dames…

VDP


L’aéroport national estime que 1 500 emplois sont menacés par la Région bruxelloise.

Il y a pratiquement un an, la Région bruxelloise avait annoncé la couleur. Au 1er janvier 2017, la tolérance relative de la capitale envers le dépassement de ses normes de bruit par le trafic aérien prendrait fin. Cette tolérance zéro, qui fait enrager les compagnies aériennes, les autorités de l’aéroport ainsi que la Flandre, devra cependant attendre le 21 février, ce qui laisse donc un bref délai aux compagnies aériennes passibles d’amendes, confirmait, lundi, le cabinet de Céline Fremault (CDH).

La ministre bruxelloise de l’Environnement assure être, pour l’heure, incapable d’appliquer sa propre décision, en raison de la procédure en conflit d’intérêts déclenchée par la Région flamande fin 2016. Ben Weyts (N-VA), ministre flamand de la Mobilité, était monté aux barricades en invoquant les intérêts économiques flamands, certaines compagnies aériennes menaçant de quitter Zaventem si les normes bruxelloises devenaient trop contraignantes.

« Cela revient à autoriser une violation de la loi »

En date du 23 décembre, la procédure en conflit d’intérêts était signifiée au Premier ministre, en tant que président du Comité de concertation qui réunit le fédéral et les entités fédérées. Cet acte suspend de facto la décision bruxelloise pendant 60 jours, précise-t-on chez Céline Fremault. « Il s’agit clairement d’un abus de procédure de la part de la Flandre », ajoute-t-on en précisant que Charles Michel n’avait pas d’autre choix que de prendre acte de la volonté flamande.

D’autres sons de cloches font état d’un délai raisonnable largement dépassé entre la décision bruxelloise (février 2016) et le conflit d’intérêts. La Région Capitale n’appliquera en tout cas pas la tolérance zéro avant le 21 février.

Elle rappelle au passage que deux arrêts du Conseil d’Etat, saisi par sept compagnies aériennes puis par l’aéroport national, lui ont donné raison. « Le maintien de cette tolérance revient à autoriser une violation de la loi », insiste le cabinet Fremault.

La tolérance vis-à-vis des normes de bruit a duré une quinzaine d’années et fut justifiée par un temps nécessaire d’adaptation pour les compagnies aériennes. Ces dernières ont largement eu le temps de se préparer au respect strict des normes de bruit bruxelloises, estime la Région.

Une compagnie partie, deux en partance

Du côté de l’aéroport, on peste : deux compagnies aériennes cargo sont en partance, tandis qu’une autre est déjà partie « à cause de ces normes de bruit ». Saudia Cargo a définitivement arrêté ses vols le 31 décembre pour aller à Francfort, tandis que le chinois Yangtze River et Singapore Airlines Cargo (début mars) plieront bagages pour migrer vers l’aéroport de Schiphol (Amsterdam).

D’après Brussels Airport, ce sont 2 000 jobs (sur un total de 6 500 pour le cargo) qui sont « déjà perdus » à Zaventem. Et 1500 autres qui sont directement menacés. Un chiffre qui peut paraître énorme. « Nous nous basons sur les normes internationales et celles de la Banque nationale de Belgique qui stipulent que 100 tonnes de cargo par an correspondent à un emploi », explique une porte-parole de l’aéroport.

D’autres compagnies, parmi lesquelles certaines transportent des passagers, sont « très inquiètes ». « Il est dans l’intérêt de tout le monde, y compris des riverains, d’avoir un cadre juridique stable et cohérent pour un aéroport national », scande Brussels Airport. « On ne peut pas avoir des normes de bruit différentes selon qu’on survole Bruxelles, la Wallonie ou la Flandre. »