LECHO.be 21/01/2016
Personne nâaime le bruit, ni sa version euphĂ©mique, la nuisance sonore. En cela, le Belge moyen nâest sĂ»rement pas diffĂ©rent des autres, mais la densitĂ© de la population dans notre pays oĂč tout est proche de tout fait que le bruit est quasi permanent. Ce nâest que lorsquâil est excessif (65 Ă 75 dĂ©cibels) quâil fait lâobjet dâun rejet qui a des consĂ©quences Ă©conomiques. Par exemple sur les prix du logement.
A proximitĂ© directe de lâaĂ©roport, la moins-value potentielle peut grimper jusquâĂ 30%.
Le rĂ©seau dâagences immobiliĂšres ERA a demandĂ© Ă Roel Helgers, un Ă©conomiste de lâuniversitĂ© de Louvain (KULeuven), dâĂ©tudier lâimpact des nuisances sonores sur le prix des biens immobiliers. Le rĂ©sultat confirme ce que chacun sent intuitivement: plus un logement est dans la trajectoire (bruyante) des avions, moins il est cher. Mais lâĂ©tude dâERA va plus loin: elle permet dâĂ©tablir un rapport entre le volume des nuisances sonores et les diffĂ©rences de prix.
En se fondant, non pas sur le prix moyen des logements mais sur celui qui a Ă©tĂ© obtenu lors de transactions effectuĂ©es par des agences ERA, Roel Helgers est parvenu Ă effectuer des calculs prĂ©cis: « une habitation proche de lâaĂ©roport et dont les nuisances sonores se situent jour et nuit entre 60 et 65 dĂ©cibels vaut 6,7% ou 18.434 euros de moins quâun bien situĂ© dans un endroit oĂč ces nuisances sont infĂ©rieures Ă 55 dĂ©cibels ».
En Flandre principalement
6,7%, ce nâest pas Ă©norme quand on sait quâen Belgique les biens sont fort diffĂ©rents les uns des autres sur le plan qualitatif. Par contre, ajoute lâĂ©conomiste de la KULeuven, « si lâhabitation se trouve dans le prolongement des pistes, sur les routes de dĂ©collage ou dâatterrissage ou encore Ă proximitĂ© directe de lâaĂ©roport, câest-Ă -dire lĂ oĂč les nuisances sonores peuvent ĂȘtre supĂ©rieures Ă 70 dĂ©cibels, la diffĂ©rence de prix peut excĂ©der 30% ».
Roel Helgers nâa pas rĂ©ussi Ă Ă©tablir une diffĂ©rence entre dĂ©collage (Ă pleine puissance) et atterrissage (entamĂ© Ă longue distance). Or le premier est incontestablement plus bruyant que le second. Il nâest pas parvenu non plus Ă Ă©tablir de distinction entre les diffĂ©rents plans de survol des communes, bruxelloises ou non, proches de lâaĂ©roport, alors que câest lĂ que le dĂ©bat politique est le plus chaud.
Enfin, il nâa pas pu non plus Ă©tablir de diffĂ©rence significative entre les nuisances sonores dont souffrent des communes bruxelloises comme Woluwe ou Schaerbeek, dâune part, et des communes flamandes comme Kortenberg ou Kampenhout, dâautre part. Par contre, dit-il, « la diffĂ©rence de densitĂ© quâil peut y avoir entre Schaerbeek et Kortenberg par exemple fait que les personnes souffrant de ces nuisances sont plus nombreuses dans le premier cas que dans le second ».
Le plus Ă©tonnant est sans doute que les communes qui sont les plus exposĂ©es aux nuisances sonores de lâaĂ©roport sont situĂ©es en⊠Flandre, Ă lâexception dâEvere: Zaventem elle-mĂȘme, Machelen, Steenokkerzeel, mais aussi la commune Ă facilitĂ©s quâest Wezembeek-Oppem. Comme on peut le voir sur la carte ci-dessus, les mĂ©nages logeant le plus prĂšs de lâaĂ©roport sont trĂšs nettement ceux qui souffrent le plus. A la question de savoir sâil nây a pas parmi eux des mĂ©nages qui se sont installĂ©s Ă ces endroits bruyants parce que les prix y sont fort intĂ©ressants, Roel Helgers rĂ©pond: « si, probablement ». Un constat qui a Ă©tĂ© fait il y a belle lurette dĂ©jĂ par certains agents immobiliers: personne nâa obligĂ© qui que ce soit Ă sâinstaller prĂšs de lâaĂ©roport. Attention toutefois, prĂ©cise Roel Helgers, « mes chiffres datent de quelques annĂ©es. Entre-temps, le trafic a fortement augmentĂ© Ă Bruxelles-National ».
La proximitĂ© d’une autoroute influence aussi le prix
L’Ă©tude d’ERA ne se limite pas Ă calculer l’impact des nuisances sonores dĂ»es Ă la proximitĂ© de l’aĂ©roport de Zaventem sur le prix des logements. L’impact des nuisances sonores dĂ»es Ă la proximitĂ© de voies ferrĂ©es et des autoroutes a Ă©galement Ă©tĂ© calculĂ©. Les logements proches des voies ferrĂ©es subissent une baisse de prix moyenne de 3,9%. Les logements situĂ©s proches d’une autoroute voient leur valeur chuter de 4,2%.  Le temps de parcours nĂ©cessaire pour rejoindre une grande ville a Ă©galement un impact nĂ©gatif sur le prix rĂ©el de vente: plus le temps de parcours est long, plus le prix du logement baisse. Pour un logement situĂ© Ă 10 minutes de Bruxelles, un candidat acheteur (travaillant Ă Bruxelles) dĂ©bourse en moyenne 5,1% de plus que pour un autre logement situĂ© Ă 20 minutes de Bruxelles.