Affaire Ethiopian airlines: l’association -Au cĹ“ur de l’Europe- s’adresse au MR

Monsieur le Premier Ministre,

Mesdames et messieurs les mandataires politiques MR,

 Dans le dossier Ethiopian airlines, la Ministre de la mobilité Jacqueline Galant a démontré son inaptitude complète à défendre les intérêts tant des Bruxellois que des Wallons.

Elle vient en effet de commettre une longue liste de fautes graves:

 1. Une faute économique.

En concédant des droits de trafic à Ethiopian airlines au départ de Zaventem, Mme Galant autorise en réalité une compagnie d’Etat subsidiée (dumping économique), et dont les pilotes ne payent pas de charges sociales en Belgique (dumping social), à venir concurrencer de manière déloyale la compagnie de droit belge TNT, implantée à Liège.

TNT, qui cherche actuellement un repreneur, en ressort grandement fragilisée, et une faillite de cette dernière, avec un bain de sang social, n’est pas à exclure à terme. Par sa faute, ce sont donc pas moins de 400 emplois à Liège que Jacqueline Galant menace donc directement. Voire bien plus, car par un effet boule de neige, c’est l’aéroport de Liège qui se verrait lui aussi fragilisé par l’arrêt des activités de TNT.

Quant aux prétendus 400 à 600 emplois que perdrait l’aéroport de Bruxelles, selon son CEO Arnaud Feist, c’est du mensonge complet: selon des experts en logistique, on parle de tout au plus d’une centaine d’emplois potentiels, encore à créer, à Zaventem.

Plus de 400 emplois réels à Liège contre 100 emplois potentiels à Zaventem ? Quel pays ferait une telle faute d’arbitrage ?

2. Une faute stratégique, environnementale et de négociation

Pour défendre sa position, ce lobby a invoqué la menace d’un départ de Ethiopian aux Pays-Bas, à l’aéroport de Maastricht. Puis, se rendant compte que Maastricht ne dispose que d’une piste de 2.500 mètres, trop courte pour accueillir les avions de Ethiopian, ce lobby menace maintenant d’un départ à Amsterdam-Schiphol. C’est un chantage grossier, et, selon nos informations, dénué de fondement: économiquement, il serait préférable pour Ethiopian airlines d’opérer ces vols depuis les aéroports d’Ostende ou de Liège, restant ainsi plus proche de la plate-forme (hub) de DHL à Bruxelles.

A la fois Liège et Ostende se sont portés volontaires pour accueillir DHL et ses partenaires. Pourquoi ne pas avoir saisi la balle au bond en se félicitant que DHL soit flexible sur ses lieux de chargement, et les inviter à utiliser plus Ostende ou Liège?

PrivilĂ©gier le cargo pur Ă  Zaventem, de jour comme de nuit, c’est un non-sens Ă©conomique et environnemental. Chez nos voisins (UK et Allemagne) les principaux hubs de DHL sont respectivement Ă  140 km de Londres et 120 km de Berlin, dans des zones peu densĂ©ment peuplĂ©es.

Au final, Mme Galant a cédé en 3 minutes aux pressions de Arnaud Feist, de Ethiopian airlines et de DHL (dont Ethiopian est le sous-traitant), et plus généralement des lobbys économiques flamands, et ce sans aucune contrepartie, ce qui est clairement une faute de négociation.

3. Une faute morale

L’objectif unique des sociĂ©tĂ©s anglo-saxonnes dont Brussels Airport fait partie (OTPP et Macquarie y sont majoritaires) est de maximiser leur profit dans un cadre lĂ©gal. Il appartient donc au gouvernement que vous reprĂ©sentez de protĂ©ger les citoyens et de rĂ©glementer proprement les activitĂ©s aĂ©roportuaires.

Or qu’observe t’on depuis la formation de ce gouvernement ? Que Mme Galant privilégie systématiquement les intérêts économiques de Brussels Airport et de la Flandre, sans se soucier des nuisances et des graves problèmes de santé publique causés aux Bruxellois par cet aéroport.

Quelques faits:

– Mme Galant ne contrĂ´le pas Belgocontrol,

– elle a renvoyĂ© des vols de nuit sur la route du canal, en plein centre de Bruxelles, Ă  la première pression des lobbys flamands,

– elle concède des droits de trafic Ă  Ethiopian, sans contrepartie, sans en profiter pour tenter de dĂ©velopper une nĂ©cĂ©ssaire politique aĂ©roportuaire nationale,

– elle prĂ©pare une loi de procĂ©dures (Vliegwet) destinĂ©e Ă  “bĂ©tonner » les routes aĂ©riennes et procĂ©dures de vol au dessus de Bruxelles.

Quand on se couche à un tel point devant les lobbys économiques et politiques de la Flandre, qu’on ne se soucie pas de l’intérêt général, et de la santé des centaines de milliers de Bruxellois, on commet une grave faute morale.

4. Une faute politique

De nombreux membres du MR, à Liège comme à Bruxelles, se sont insurgés à juste titre contre la décision de Madame Galant.

En prolongeant les droits d’Ethiopian, Mme Galant démontre que le gouvernement est à la merci des partis Flamands, et ne défend ni les Bruxellois victimes des nuisances aériennes, ni l’emploi en Wallonie.

La colère gronde, tant à Bruxelles qu’en Wallonie, et ces erreurs politiques du MR, qui se multiplient, se payeront cher lors des prochaines élections.

5. La dernière faute ?

C’est sans doute, Monsieur le premier Ministre, de conserver Madame Galant au Gouvernement, et de ne pas reprendre fermement en main ce dossier.

Bien Ă  vous,

Jean-Noel Lebrun www.coeur-europe.be