Jet Airways choisit Zaventem comme hub européen : qui est satisfait ?

C’est avec consternation que nous apprenons que la compagnie indienne Jet Airways a décidé d’installer son hub européen à l’aéroport urbain de Bruxelles National, et à terme d’y opérer pas moins de dix vols longs courriers quotidiens à destination de l’Inde et des Etats-Unis. La Libre Belgique, commentant cette annonce ce jeudi, parle de « satisfaction sur toute la ligne ».

La satisfaction est évidemment de mise chez la BAC (Brussels Airport
Company) et chez Brussels Airlines qui a signé un accord de code sharing avec Jet Airways. Cette nouvelle vient en effet à point pour distraire l’attention des lourds nuages qui s’accumulent dans le ciel de l’aéroport alors que les victimes de l’aéroport sont entendues de plus en plus par la Justice et à l’horizon de Brussels Airlines qui fait face à un conflit social difficile.

Pour les victimes de l’aéroport, cette nouvelle résonne comme une gifle. Elle intervient de plus au lendemain de quelques jours d’enfer pour les Bruxellois : de samedi 28 à lundi 30, les atterrissages sur la piste 02 ont empêché les Bruxellois de l’est de la Région de mener une vie normale à laquelle chaque citoyen a le droit. Le 1er mai, les avions à l’atterrissage ont traversé de part en part la Région, survolant Anderlecht, Bruxelles centre, St Josse, Schaerbeek et Evere à très basse altitude pour atterrir sur l’une des pistes 07. Cette procédure, autrefois très exceptionnelle à cause du bruit et du danger très élevés qu’elle génère pour des milliers de survolés, est maintenant mise en œuvre de plus en plus souvent. Personne ne relève l’utilisation bruyante et dangereuse de ces pistes d’atterrissage, dont on soutient qu’elle est obligatoire en raison de conditions de vent tout à fait exceptionnelles. Cependant, il semblerait que pendant 30 ans, cette procédure n’ait été utilisée que trois fois : en 1974, au mois d’août, à la suite des travaux à la piste 02 qui était fermée, durant 3 jours des vacances de Pâques 1991, à la suite de la fermeture de la piste 02 pour cause de travaux, et enfin en janvier 2003, lors de l’accident d’un petit Cessna. Pourquoi alors cette procédure d’atterrissage a-t-elle été utilisée ce début de semaine pour au moins la dixième fois en un an ? Les changements climatiques ont-ils à ce point modifié les conditions de vent à Bruxelles ? Ou bien une décision politique de réinterpréter ces normes est-elle intervenue ? Dans un cas comme dans l’autre, nous réclamons que toute la lumière soit faite sur les raisons du choix de plus en plus fréquent des pistes 07 pour l’atterrissage.

Nous réaffirmons également que quelle que soit l’utilisation des pistes et le tracé des trajectoires de vol, l’aéroport de Zaventem demeure un aéroport urbain qui n’est pas approprié pour servir de hub à des compagnies qui opèrent des vols transcontinentaux. Les longs courriers ont moins que tout autre avion leur place dans le ciel bruxellois. La décision d’accueillir Jet Airways à Zaventem est un non sens. Les responsables politiques comprendront-ils, avant qu’il ne soit trop tard pour eux, que la seule chance de maintenir l’aéroport de Zaventem est d’y limiter drastiquement le trafic et de concentrer les activités sur le créneau des vols passagers de jour à destinations des principales villes européennes ?