Potins du parlement …

Le 31 mai 2006

Aujourd’hui avait lieu Ă  la commission de l’infrastructure de la Chambre l’audition des experts au sujet du projet de loi du ministre Landuyt sur la procĂ©dure des vols Ă  Bruxelles-National. En voici un bref compte-rendu.

On a assistĂ© Ă  un dĂ©filĂ© devenu habituel, chacun exprimant son avis en fonction de ses opinions. Mais, Ă  l’exception d’Aminal, du Bond Beter Leefmilieu et de Inter Environnement Bruxelles, peu des experts invitĂ©s ont rĂ©ellement exprimĂ© des remarques sur le projet de loi.

Biac ne s’est pas prĂ©sentĂ©, ayant reçu l’invitation trop tard.

Le service mĂ©diation a fait un brillant exposĂ© sur la nature et la quantitĂ© des plaintes, avec un certain dĂ©calage d’apprĂ©ciation entre Mr Debardemaeker et Mr Touwaide. Ce dernier, Ă  la demande de Mr de DonnĂ©a, a dĂ©crit ses difficiles relations avec Mr Landuyt, qui siĂ©geait entre deux collaboratrices (une blonde et une rousse, cette derniĂšre Ă©tant paraĂźt-il la rĂ©dactrice du projet, serait aussi la compagne de Mr Cornillie, chef de cabinet de Mr Landuyt. Tout se passe donc lĂ  entre amis)
Le ministre n’a pas rĂ©pondu, mais il a pris la couleur du tapis rouge.

Belgocontrol reprĂ©sentĂ© par Mr Allo a Ă©tĂ© bref et prĂ©cis. A la question de savoir s’il est vrai qu’un contrĂŽleur a rĂ©pondu au tĂ©lĂ©phone que telle piste n’Ă©tait pas utilisĂ©e pour des raisons politiques, il a Ă©tĂ© rĂ©pondu qu’un contrĂŽleur n’est pas toujours un diplomate.

Aminal (Ă©quivalent en Flandre de l’IBGE) a enfin donnĂ© un commentaire au projet de loi, regrettant qu’il n’ait pas Ă©tĂ© prĂ©cĂ©dĂ© d’un accord de collaboration entre parties et entre rĂ©gions, que l’organisme de contrĂŽle ne soit pas dĂ©fini, et que la protection environnementale n’apparaisse pas.
Au sujet de questions de carte de bruit et de sonomĂštres, une discussion tourne Ă  l’aigre entre Mr Landuyt et mme Creyf (CD&V, Brussel) au sujet des responsabilitĂ©s respectives du fĂ©dĂ©ral et de la rĂ©gion flamande.
Le prĂ©sident, Mr Van den Eynde (Vlaams Belang) essaie de rappeler le ministre Ă  l’ordre, et la discussion s’envenime rapidement, Mr Landuyt perdant son sang froid; le ton monte fort Ă  l’Ă©tonnement des assistants.

l’IBGE intervient Ă  son tour. Des prĂ©cisions sont donnĂ©es sur les sonomĂštres (22 Ă  Bruxelles) et sur les illustres normes bruxelloises. Il est dit que 1% des avions sont en infraction significative (2600 sur 260.000 en 2005). Et que les amendes sont dures Ă  faire rentrer. Il est prĂ©cisĂ© que 51% des infractions sont constatĂ©es entre 6 et 7 h le matin, pĂ©riode considĂ©rĂ©e comme nuit par Bruxelles et comme jour par Biac et Belgocontrol. Mme Lalieux rappelle son projet d’amendement pour porter la fin de la nuit Ă  7h du matin.

Ensuite vient BATA (belgian Air Transport Asociation) dont le dĂ©lĂ©guĂ© tient un discours particuliĂšrement odieux bien qu’attendu. Les normes de bruxelles « sont tellement sĂ©vĂšres qu’elle menacent la survie de l’aĂ©roport et l’emploi de la rĂ©gion sinon du pays », etc (il n’a sans doute pas Ă©coutĂ© ou pas compris l’exposĂ© de l’IBGE). Il affirme qu’il est « exclu » de porter la nuit de 23 Ă  7h au lieu de 6h, pour cause de service Ă  rendre par les avions charters aux « millions de belges qui partent en vacances ». Il dit encore que les amendes bruxelloises ruineraient les compagnies si elles les payaient, ce qu’aucune compagnie belge ne fait, prĂ©tend-il.

Nouvel accrochage Creyf/Landuyt, le prĂ©sident s’en mĂȘle, il y a des grands mots, le ton monte encore plus fort que prĂ©cĂ©demment. Mr Landuyt bredouille une dĂ©claration (il est aussi incomprĂ©hensible en flamand qu’en français).

Puis vient le VOKA (fĂ©dĂ©ration des entreprises) dont le reprĂ©sentant tient un long discours tonitruant, clamant pendant prĂšs d’une demi-heure tout le bien qu’il pense de l’aĂ©roport de Zaventem, ses entreprises, ses reponsables, sa place au coeur de la Belgique et surtout de la Flandre, plaque tournante de la logistique en Europe, etc.
Mme Nagy lui demande s’il a un avis aussi sur le projet de loi, puisque c’est de cela qu’on devrait parler. Il rĂ©pond qu’il a reçu trop tard l’invitation…mais qu’une loi est indispensable pour assurer le futur de l’aĂ©roport.

La reprĂ©sentante du Beca (Belgian Cockpit association, les pilotes) fait un intĂ©ressant exposĂ©. Elle exprime le souhait des pilotes pour une rationalisation de l’usage des pistes, entraĂźnant l’usage en parallĂšle des 25/07, ce qui suppose l’installation d’ILS pour l’atterrissage sur les 07, plus les amĂ©nagements de taxi-way et l’allongement pour la 25L/07R, elle demande l’application des normes de vent recommandĂ©e internationalement, soit 5 noeuds de vent arriĂšre maxi, les inconvĂ©nients et nuisances de bruit et de pollution, rappellent les pilotes, sont fortement rĂ©duites en cas d’utilisation des pistes avec vent de face alors que la sĂ©curitĂ© en est augmentĂ©e. Et l’usage logique des deux pistes 25 selon les destinations, les virages se faisant Ă  700 pieds des deux cĂŽtĂ©s, supprimerait en grande partie les nuisances pour Bruxelles. (mais ça, c’est sans doute un argument que la plupart des parlementaires flamands n’ont pas envie d’entendre).

Le Bond Beter Leefmilieu donne lui aussi un vrai commentaire sur le projet. Il prĂ©cise qu’il faut d’abord diminuer et prĂ©ciser le poids des nuisances avant de parler de rĂ©partition. Il demande de ramener le QC de nuit de 14 Ă  4, comme dans la plupart des autres aĂ©roports, qui ne s’en portent pas plus mal (peut-ĂȘtre qu’ils n’ont pas des millions de vacanciers comme clients ?). Il demande aussi une concertation avec les survolĂ©s.. .

Enfin VĂ©ronique de Potter prend la parole au nom d’IEB. Elle rappelle clairement les positions d’IEB qui sont pratiquement celles de Bruxelles Air Libre Brussel: plafonnement des activitĂ©s, rĂ©duction puis suppression ds vols de nuit, nuit allongĂ©e de 6 Ă  7h, concentration sur des routes identifiĂ©es et Ă©vitant les zones les plus peuplĂ©es, expropriation volontaire, vocation de Bruxelles City Airport, etc. Elle dit aussi que bruxelles n’est pas demandeur de cette loi, qui est un chĂšque en blanc donnĂ© au ministre.
Le parlementaire Vlaams Belang Laeremans prend alors VĂ©ronique Ă  partie, avec une grossiĂšretĂ© et une violence dont on sait ce parti coutumier, mais qu’on n’aurait pas attendues dans cette enceinte. Sans doute n’a-t-il pas pu rĂ©sister Ă  une explosion de haine pour les francophones, renforcĂ©e d’une forte dose de misogynie…Mme Lalieux, qui a entre temps succĂ©dĂ© au prĂ©sident de la commission, rappelle vertement -et en français- cet individu Ă  l’ordre.
Et notre valeureuse VĂ©ronique, parfaitement maĂźtresse d’elle-mĂȘme, reprend la parole et lui rĂ©pond point par point avec le plus grand calme.

Il est rappelé que les associations peuvent fournir un dossier à la commission, date limite: le 6 juin.