compte-rendu libre de l’assemblée annuelle du 27 avril 2006

Tout d’abord je voudrais remercier et féliciter l’équipe très sympathique de l’association, pour cette soirée des plus agréables, qui s’est déroulée dans d’excellentes conditions pratiques (notamment l’éclairage voulu) , dans une ambiance des plus décontractées et sereines (ce qui est un exploit ) , tant du côté de l’assistance (qui a retenu sa colère intérieure qui gronde) , que du côté des hommes politiques (sorry, Madame Nagy, le masculin l’emporte, en tout cas dans la langue française, mais de moins en moins n’est-ce pas ? ) très simples et francs, et ma foi très peu « politiciens » ! L’équipe donc avant toute chose :

– La présidente très simple et souriante, qui s’est mouillée à solliciter (allant jusqu’à demander des noms !, c’est super ) de l’aide, en cette période chargée ;

– La représentante francophone grande et très sympa qui a fait le topo de l’année écoulée et assiste aux réunions « européennes » ;

– Maurice, le représentant néerlandophone très détendu, excellent bilingue jusqu’à la finesse de la délicieuse simili « floche » , et tout aussi sympa ;

– L’expert « plus de service » Mr. Vandenbergh , mais « rappelé de service » pour l’occasion, excellent « modérateur » – si ce n’est qu’il va finir par inciter tout le monde à l’incivisme ! tout aussi sympa, qui a présenté l’année dernière comme une année où en résumé bon an, mal an, rien n’a changé ( !) , mais en fait où à y voir de plus près énormément d’actions juridiques ont été menées . On dirait, dit-il, que c’eût été une année « judiciaire » , s’il n’y avait, et c’est un tournant important, la cour de cassation (ou une autre , sorry ) qui a mis en exergue, qu’en raison de la séparation des pouvoirs , ce n’est pas au judiciaire, mais au politique, à gérer le fonctionnement de l’aéroport. !

– et ceux que j’oublie, et ceux qui oeuvrent dans l’ombre…

Cette parenthèse, importante ! faite, venons en au cœur du sujet :

Les Flamands, qui ont sur leur territoire l’aéroport de Zaventem, le considèrent comme un merveilleux outil qu’ils peuvent utiliser comme ils le veulent, pour développer un volume le plus important possible d’activités économiques !

Unis, ils sont fonceurs, et ne se soucient pas, nous dit sans problème Maurice, dans leur objectif affiché de doubler le nombre de vols de jour, qu’il y a, à 2 kilomètres de l’aéroport, une ville d’ 1 million d’habitants !

(Les francophones, eux, de façon générale, et c’est un sentiment partagé par tout le monde, discutent, et n’arrivent en général que difficilement à un front uni. Ce qui ne veut pas dire, évoque Olivier Maingain, qu’aux moments clé, on n’arrive pas, parfois, à tenir bon, pour preuve le précédent dossier BHV… )

Les Flamands, donc, partent d’un principe a priori infaillible, d’une dispersion « équitable » des vols, des nuisances. Et peu importe Bruxelles, selon eux, cela ne les dérange pas le moins du monde, comme les autres, doit prendre sa part, et payer !

Mais, dans ce modèle : « que l’on survole une ville extrêmement peuplée ou un champ de betterave, c’est la même chose ! », résume Mr. Vandenbergh.

Tous les intervenants de l’assemblée sont d’accord pour dire que l’on ne peut faire abstraction si impunément de Bruxelles, qui existait bien avant l’aéroport !
Zaventem doit être reconnu comme un « City Airport », un aéroport urbain.

Il faut absolument tenir compte des densités de population.

L’idéal, selon eux, au lieu de ce modèle de dispersion, serait une « concentration » que l’on pourrait dire « canon » pour refléter l’idée, mais sur des zones les moins peuplées bien sûr.

Avec donc une politique forte d’expropriations des habitations sous ces couloirs. A la condition expresse, précise Olivier Maingain pour le MR, que ces expropriations soient bien définies, bien préparées au préalable : les modalités, indemnités, les fonds à prévoir, le fonds à réactiver…

Préalable et problème aussi : « Il faut pour cela oser prendre ses responsabilités dès maintenant » se mouille Denis Grimberghs , représentant pour le CDH, de ne plus accorder des permis de construire pour des logements d’habitations sous ces couloirs potentiels.

Dans la pratique, dans le passé, comme maintenant encore (et la Région Bruxelloise est elle-même aussi concernée aujourd’hui par des cas concrets , on nous donne notamment l’exemple d’un quartier à Evere….), la Région flamande ne s’est pas soucié de cet aspect, et l’on a accordé des autorisations de construire, jusqu’au mur de l’aéroport !

Maintenant on « paye » ce manque de prévoyance.

On peut bien penser que cela va être « impayable » de financer toutes ces expropriations, ces indemnisations. Ce qui explique sans doute qu’on ne se presse pas pour (ré)activer le fameux fonds (Fanva ), et que tout simplement, en lieu et place, rien n’est fait en la matière … !

Quand bien même, il faut dire que cette formule de la concentration a ses limites aussi. Il n’y a que très peu, pour ne pas dire, plus, d’endroits peu peuplés que l’on pourrait ainsi bombarder de la toute grosse masse des vols. Et, en tout état de cause, c’est impensable d’imaginer, comme la Flandre le voudrait (voir son plan Start) de doubler (dédoubler ! ) le nombre de mouvements de jour.

Le peu de zone qui pourrait convenir se trouve… dans le Noordrand !
Pas besoin de faire un dessin ! Comme dirait le représentant présent du Cabinet du Ministre-Président Picqué, Benjamin Cadranel, pour le PS, s’en prendre au Noordrand, « ce n’est pas possible politiquement, aujourd’hui ! ».

Concentrer, par ailleurs, comme le précise en premier Olivier Maingain, est impensable la nuit. « Je ne le souhait pas à mon pire ennemi » – « Il faut fermer l’aéroport la nuit ! ».

Voilà un peu le topo de la « concentration » à laquelle tient beaucoup Ecolo, pour qui, par contre, « revenir au modèle de la situation d’avant 1999 ? » , c’est clairement « Non ».

Pour les 3 autres partis autour de la table par contre, ce serait « Oui, mais … » :

Revenir à l’utilisation historique préférentielle des pistes parallèles principales (plus longues et moins dangereuses) avec les normes de vent en conséquence (attire l’attention une dame dans l’assistance) serait préférable au modèle actuel de « dispersion équitable », obtenu (rappelle Olivier Maingain) de façon extrêmement adroite par le devenu très célèbre Bert Anciaux, qui a fait passer à l’époque son « plan Anciaux » comme une nécessité pour ne pas payer des astreintes, et a réussi ainsi à en convaincre ses collègues du gouvernement, au grand dam d’Olivier Maingain , qui a alors réclamé sa démission, mais « a perdu » (selon ses termes).

Le CDH, le MR, et le PS seraient donc favorables à un retour aux procédures historiques d’avant 1999, mais « temporairement », en conservant les rares acquis comme les diminutions de quotas de bruit, et comme nouveau « point de départ »..

Avec toutefois quelques remarques : Pour Denis Grimberghs par exemple ce serait sans la route Chabert, et il évoque aussi la 25 avec son grand virage à gauche sur Bruxelles.
Pour Olivier Maingain, il faudrait toutefois décharger une partie (40 ou 50 %) du trafic aérien de Zaventem vers Chièvre, dont dit-il, pour mémoire, le premier Ministre Verhofstad a, à l’époque, il y a 2 ans, parlé de la construction d’un second aéroport national ! Oublié maintenant ?!
Pour Marie Nagy, à notre époque où le kérosène est si cher, « on ne va tout de même pas construire un nouvel aéroport ! » .

Tout le monde autour de la table partage en tout cas le point de vue que Zaventem doit poursuivre ses activités ( personne ne veut la fin de l’aéroport !) , mais en les limitant . En gros : réserver et spécialiser l’aéroport urbain de Zaventem au transport de passagers européens, à l’exclusion en tout cas du transport de fret lourd la nuit.

Au passage, les intervenants, plus précisément la sympathique et active représentante de Bruxelles Air libre, ont aussi mis en exergue quelques facteurs, peut-être anodins de prime abord, mais qui ne sont pas du tout favorables à une diminution du trafic international (et) chez nous :
Le kérosène est libre de taxes ! (convention de Chicago prise il y a bien longtemps par les Etats-Unis – et donc quasi intouchable !) . Pas plus, il n’y a de TVA sur les tickets d’avions. !
Inquiétant aussi, si l’on ose dire, est l’arrivée annoncée, suite à une nouvelle compagnie aérienne qui se présente à nos portes, d’un nombre énorme de ….Chinois qui vont arriver, pour ne pas dire « débarquer » sur le marché ! On nous dit qu’ils aiment de plus en plus voyager en Europe, et visiter au passage la Belgique, mais pour un transit réduit d’un jour ou 2 !

Mais revenons donc à ce point central de l’élaboration d’un nouveau plan de répartition des vols : vendredi 21 avril, au grand dam notamment d’un participant à l’assemblée qui conspue le PS et le MR pour cette attitude, le Conseil des Ministres du gouvernement fédéral a approuvé un avant-projet de loi du Ministre de la Mobilité Renaat Landuyt, connu maintenant à force, comme « partisan » du Noordrand et de son parti , dans ce dossier.

Que penser de cette loi qui va arriver au Parlement. ? Les représentants présents à l’Assemblée la voteraient-ils ?
Point positif a priori, c’est maintenant le législateur qui va organiser les plans de vols, et non le judiciaire au fur et à mesure de petites retouches en tous sens, tant les plaintes et décisions de justice quant à ce mauvais plan de dispersion sont nombreuses et contradictoires !

Autre point positif a priori, un accord de coopération préalable entre les Régions devra être passé.
Avant un nouveau plan ou des modifications à ce plan, aussi des aspects comme la sécurité, la capacité, la santé seront étudiés .

Est-ce à dire qu’en l’état les intervenants voteraient la loi ? Eh bien , non, nous dit-on !

Pourquoi ?

Olivier Maingain notamment précise qu’il veut que l’accord de coopération entre les Régions soit passé avant de voter cette loi ( qu’il qualifie de « coquille vide » aujourd’hui, d’où l’importance relative qu’il convient de donner au fait que l’avant-projet soit passé ) car on ne connaît pas aujourd’hui la position des Régions, et ce n’est pas négligeable, car les Régions ont des compétences propres en la matière.
Les Régions sont compétentes pour l’environnement, les normes de bruit, la cadastre du bruit, etc. ( ce que d’aucuns regrettent que le fédéral, parfois conteste cela, et demandent de ne plus remettre en cause). Mais notamment aussi la Région Flamande peut décider elle-même les capacités ! Et là, Danger !

Marie Nagy notamment, elle, attire l’attention, sur un autre point, à savoir que le fait de couler les procédures d’élaboration dans une loi, est une manière de se prémunir notamment contre « ces associations » de riverains qui sans cesse introduisent des actions ! A la limite donc de la démocratie, peut-on penser…

Mais, comment encore défendre Bruxelles ?

Il a été demandé aux hommes politiques présents (pardon Madame Nagy, et Monsieur Cadranel, vous ne répondez sur la forme, pas strictement à la définition, mais vous ne m’en voudrez pas de vous intégrer !), s’ils étaient favorables à ce que le Gouvernement Bruxellois impose au Fédéral les astreintes qu’il serait en droit de réclamer pour dépassement des normes de bruit..

Sur la question, il n’y a pas unanimité.

Olivier Maingain est tout à fait favorable à cette action (en application de l’Arrêté Bruit Gosuin) qu’il voit comme en pratique la seule possibilité concrète que Bruxelles a à sa disposition, pour peser dans le dossier. Aussi, il a l’intention de présenter au Parlement Bruxellois une motion en ce sens. Etant dans l’opposition à la Région Bruxelloise, il se dit prêt à soutenir la majorité si elle agissait en ces sens. Et estime même que des Flamands pourraient s’y joindre également… !

Du côté de la majorité à Bruxelles, on est plus prudent. Place pour le moment est encore, pour combien de temps…. à la négociation. La crainte, la peur devrait-on presque dire, est que, ce faisant, Bruxelles se mettrait à dos, de façon cinglante, les Flamands !

On craint un retour de flamme du Fédéral, pour le financement de Bruxelles, notamment Beliris. Olivier Maingain estime qu’il ne faut pas avoir peur. Il voit mal Laurette Onkelinx par exemple se lancer dans telle mesure de rétorsion.

On craint aussi pour les relations entre Régions.
Olivier Maingain, lui, est convaincu que la levée des astreintes ferait certainement bouger les choses !
Il prétend par ailleurs, en tant que juriste, que l’arrête Gosuin (et la possibilité de lever des astreintes) est toujours légal, malgré l’avis de la Cour Flamande, qi’il estime avoir été donné par des juges tendancieux, dont des jugements précédents ont déjà été mis en cause pour cette attitude (et estime qu’il en sera de nouveau ainsi). Il reconnaît toutefois qu’il y a une action au Conseil d’Etat contre l’Arrêté.

On entend Olivier Maingain et Marie Nagy s’entendre à voix faible ; Marie Nagy se lancerait – elle tout à coup à défendre la politique de lever des astreintes, en échange de quoi, Olivier Maingain. défendrait qu’on ne remette pas en cause Beliris ! Ils semblent qu’ils ont fait Tope là !

Olivier Maingain dit le Gouvernement Bruxellois menacé de l’intérieur par l’un ou l’autre Flamand (on pense en tout cas à une certaine Madame Grouwels envoyée pour faire passer les visées de la Région Flamande.).

En tout cas, le dossier de Zaventem est devenu clairement un dossier communautaire , aussi..

Ce qui fait craindre à d’aucuns, qu’il ne faut attendre de la part des Flamands aucun geste d’apaisement . Ceci afin que les Francophones se trouvent , eux-aussi serait-on tentés de dire, en position de demandeurs, pour le grand rendez-vous institutionnel d’après les élections législatives de 2007 !

Bruxelles Air Libre, par la voix de Monsieur Vandenbergh, mais qui est intimement convaincu de se faire le porte-parole de riverains dont la colère (retenue pour la circonstance de la présente assemblée générale) gronde à l’intérieur, et à qui il demande s’ils ont l’intention de passer un été horrible, annonce ne pas rester les bras croisés en attendant cette échéance !

Il va jusqu’à prévenir : Que peut-on faire ?

– Déménager ? Seuls les plus riches peuvent se le permettre, et avec ce raisonnement, cela mène à terme à la paupérisation, désastreuse, de Bruxelles !

– Les politiques ? Si on ne peut compter sur eux .. ?!
– Il reste, et il compte déjà sur les riverains présents, l’ ‘incivisme auquel on est poussés ! aller marcher sur Zaventem !

Chaud, Chaud !

Plus posément, finalement, à la question posée aux hommes politiques de l’assemblée, de savoir si en cas de mise en place d’un organisme de contrôle indépendant (que d’aucuns dans l’assemblée (des mauvaises langues !) voient déjà réservé pour un certain Jan Cornillie, il faudrait maintenir en place le médiateur, tous ont répondu par l’affirmative, estimant que dans des conditions parfois difficiles, il a fait de l’excellent travail et a proposé des solutions tout à fait concrètes.

Aussi la meilleure chose à faire pour progresser, toutes parties autour de la table, dans le dossier, n’est-elle pas de l’entendre, de le lire, lui qui a côtoyé de plus près les riverains ! Pour être exact, ils sont 2…

La feuille d’érable n’est-elle pas une bonne piste, si on ne souffle pas trop dessus !

Je ne suis ni technicien /expert du dossier, ni juriste ; aussi pardonnez-moi des imprécisions ou une vue peut-être simpliste. Je me suis intéressé au dossier, et m’y intéresse encore, parce que riverain dans une certaine mesure de l’aéroport. Dans ce contexte, j’ai eu l’occasion de passer une soirée des plus agréables, et j’ai voulu ici en laisser un souvenir que les organisateurs peuvent aussi garder et communiquer, s’ils le souhaitent, et sous quelle forme que ce soit , aux participants !

Laurent Mourrier,

Un citoyen qui veut aussi (aider à) un plan de vol(s) durable et raisonnable pour l’aéroport national, sans attendre les futures éventuelles négociations institutionnelles, … à 1000 lieues de la situation intenable autour de Zaventem, aujourd’hui !