Les Bruxellois s’impatientent

Les ministres bruxellois Charles Picqué et Evelyne Huytebroeck souhaitent que l’équipe Verhofstadt fasse connaître sa position au sujet de la dernière proposition mise sur la table par le ministre fédéral de la Mobilité Renaat Landuyt sur la réduction des nuisances du trafic aérien.

D Duchesnes

Selon des propos de leur entourage, confirmés par Evelyne Huytebroeck qui, avec Charles Picqué, est chargée de représenter le gouvernement de la Région-capitale dans la négociation avec la Flandre et le gouvernement fédéral pour tenter de trouver un compromis dans le dossier de la gestion des nuisances du trafic aérien à Bruxelles et dans sa périphérie, le gouvernement fédéral recevra tout prochainement un courrier lui demandant notamment d’examiner la dernière proposition mise sur la table par le ministre fédéral de la Mobilité Renaat Landuyt le vendredi 28 octobre dernier.

D’après le cabinet du ministre-président Charles Picqué, cette demande expresse d’examen préalable par le gouvernement fédéral porte aussi sur toute autre proposition que le ministre de la Mobilité pourrait être amené à formuler ultérieurement. Au terme de la dernière réunion tripartite, la proposition la plus récente de Renaat Landuyt avait été jugée par les négociateurs bruxellois nettement en recul par rapport à une autre formulée quelques jours auparavant par le même ministre et qui avait bénéficié du soutien unanime du gouvernement Picqué, y compris dans sa composante flamande.

Irréaliste

Charles Picqué et Evelyne Huytebroeck avaient notamment affirmé que la dernière proposition de Renaat Landuyt remettait sur la table des formules de travail susceptibles d’engendrer des problèmes de sécurité sur les plans techniques et juridiques.

Ils avaient ainsi jugé totalement irréaliste la volonté du gouvernement flamand d’utiliser de manière intensive la piste 25 gauche pour les décollages en journée le week-end reprise dans la proposition Landuyt, alors que cette option avait fait l’objet de nettes réserves de la part de Belgocontrol et qu’elle entraînerait dans son sillage d’importantes nuisances sonores pour certains quartiers de Bruxelles, mais surtout à Zaventem. Une autre pierre d’achoppement réside selon eux dans la volonté du gouvernement flamand de concentrer une partie des décollages du week-end au départ de l’unique piste 20 contre l’avis du Conseil d’Etat.

Les négociateurs bruxellois souhaitent à présent savoir si la dernière proposition du ministre Landuyt a reçu le feu vert du gouvernement fédéral, d’autant qu’elle ne semble pas avoir été élaborée selon la méthode de travail sur laquelle les experts s’étaient mis d’accord durant les mois qui ont précédé les négociations.

D’une note de Belgocontrol obtenue à bonne source, il ressort notamment que l’utilisation de la piste 25 gauche, non équipée de « taxiway », ne permet pas d’assurer une fréquence de décollages élevés, d’autant que la plupart des avions doivent se rendre en bout de piste pour pouvoir décoller et que les suivants doivent attendre que l’entièreté de la manoeuvre soit effectuée.

Seuls deux types d’avions peuvent décoller aux trois quarts de piste, mais dans ce cas, ils survolent les premières maisons de Zaventem d’une hauteur de 60 mètres et engendrent une hausse des pics de bruit de 5 à 10 dB.

Par ailleurs, on a également appris que l’utilisation simultanée de la piste 25 gauche pour les décollages et de la 25 droite pour les atterrissages obligerait certains avions empruntant la 25 gauche à effectuer un tout droit jusqu’à 1.700 pieds (normalement 700 pieds), soit après avoir survolé une grande partie de la capitale avant de pouvoir virer à droite, histoire de ne prendre aucun risque de collision dans le cas ou un avion atterrissant sur la 25 droit serait contraint de s’y prendre à deux fois.