Nuisances aériennes

La gestion actuelle de l’aĂ©roport de Bruxelles-National augmente les risques pour la santĂ© des Bruxellois et les riverains de l’aĂ©roport, non seulement en raison du bruit inhĂ©rent aux survols mais Ă©galement parce que le risque d’accident avec des consĂ©quences dramatiques ne peut ĂȘtre ignorĂ©. Il est donc urgent et impĂ©ratif de dĂ©gager enfin une solution Ă©quilibrĂ©e dans ce dossier.

Dans le cadre des nĂ©gociations visant Ă  conclure – prochainement – un accord entre les RĂ©gions bruxelloise et flamande, et l’État fĂ©dĂ©ral, le cdH tient Ă  rappeler sa position et les engagements pris, notamment dans le cadre de l’accord de gouvernement bruxellois.

1) Une saine coopération avec les Régions

La question de la rĂ©organisation des vols Ă  Bruxelles-National doit faire partie intĂ©grante de l’accord de coopĂ©ration entre le fĂ©dĂ©ral et les RĂ©gions flamande et bruxelloise. Pour le cdH cependant, il ne peut ĂȘtre question que la conclusion de cet accord de coopĂ©ration serve de caution Ă  l’actuel projet de loi Landuyt, adoptĂ© par le gouvernement fĂ©dĂ©ral – et ses composantes francophones PS et MR – et qui fige pour des annĂ©es l’actuel et inacceptable plan Anciaux de dispersion des vols. En d’autres termes, la conclusion de cet accord ne peut ĂȘtre l’occasion de mettre sur le dos des RĂ©gions les consĂ©quences de l’incurie du Gouvernement fĂ©dĂ©ral.

2) Un gouvernement fédéral responsable

L’exercice de ses compĂ©tences propres par le ministre fĂ©dĂ©ral de la mobilitĂ© et par le gouvernement fĂ©dĂ©ral dans son ensemble est de leur seule responsabilitĂ©. Le cdH rappelle qu’il attend donc, de la part du PS et du MR, une attitude trĂšs ferme au sein du gouvernement fĂ©dĂ©ral qui doit se prononcer au plus tĂŽt.

3) Des procédures objectivées

Le cdH estime qu’il est urgent d’objectiver les procĂ©dures de dĂ©cision relatives Ă  l’utilisation des pistes de l’aĂ©roport et des trajectoires de survol et d’en assurer la cohĂ©rence par rapport Ă  l’ensemble des aspects de ce dossier, en particulier la faisabilitĂ© d’un programme d’isolation. A cet Ă©gard, l’adoption d’un projet de loi portant les principes fondamentaux qui doivent ĂȘtre respectĂ©s dans ce dossier peut ĂȘtre une bonne chose.

4) Pas de report d’une solution durable

Cependant, il ne saurait ĂȘtre question de lier l’exĂ©cution immĂ©diate par le gouvernement fĂ©dĂ©ral des dĂ©cisions juridictionnelles qui ont Ă©tĂ© rendues ces derniers mois par le Conseil d’État et par la Cour d’appel Ă  l’adoption d’un texte dont l’application ne serait pas envisagĂ©e avant 2008 voire 2009, ni Ă  aucune autre dĂ©cision portant sur la pĂ©riode postĂ©rieure Ă  2008, soit aprĂšs le dĂ©part programmĂ© de DHL. Un tel chantage serait inacceptable sur la forme et sur le fond car l’approche doit ĂȘtre globale et les solutions, immĂ©diates. Il ne saurait ĂȘtre question de renoncer aujourd’hui sous prĂ©texte que les choses iront mieux aprĂšs-demain.

Principes particuliers

Pour le cdH, les points suivants constituent la base sans laquelle il n’est pas possible de dĂ©gager une solution Ă©quilibrĂ©e et durable Ă  la problĂ©matique des nuisances aĂ©riennes gĂ©nĂ©rĂ©es par l’exploitation de l’aĂ©roport de Bruxelles-National :

1) Densité des zones survolées

Comme le prĂ©voit l’accord de gouvernement bruxellois, la dĂ©termination des nouvelles procĂ©dures de dĂ©collage / atterrissage (routes et gradients de montĂ©e / descente) doit se faire en fonction des densitĂ©s des zones survolĂ©es.

Nous souhaitons que les accords gouvernementaux prĂ©cĂ©dents (11.02.2000, 09.02.2001, 22.02.2002 et 16.07.2002) soient intĂ©gralement respectĂ©s en ce compris l’accord de fĂ©vrier 2000 qui prĂ©cisait qu’il fallait Ă©viter le survol de jour comme de nuit des zones les plus densĂ©ment peuplĂ©es.

2) Indemnisation et isolation

L’accord de novembre 2002, qui consacrait le principe de concentration (nocturne et diurne) sur les zones les moins densĂ©ment peuplĂ©es, avait pour corollaire l’indemnisation et l’isolation des zones les plus durement touchĂ©es. Il va de soi que l’actuelle politique de dispersion des vols a pour consĂ©quence l’impossibilitĂ© matĂ©rielle d’exproprier ou d’indemniser toutes les victimes.

Le cdH demande donc la rĂ©activation immĂ©diate du fonds FANVA, Ă  charge de BIAC de percevoir, auprĂšs des compagnies les taxes nĂ©cessaires pour alimenter ce fonds d’indemnisation, tel que le gouvernement Verhofstadt I l’avait prĂ©vu sur base du principe « pollueur-payeur ».

3) Cadastre du bruit

Il faut Ă©galement rappeler les termes de l’accord de gouvernement fĂ©dĂ©ral qui prĂ©voit la rĂ©alisation d’un cadastre du bruit commune par commune, quartiers par quartiers. L’objectivation des donnĂ©es est le gage d’une rĂ©partition vraiment Ă©quitable du survol.

4) Utilisation des pistes

Bruxelles et sa pĂ©riphĂ©rie doivent rester une zone oĂč la qualitĂ© de vie des habitants est prĂ©servĂ©e. Il est Ă  ce titre inadmissible de pourrir les seules journĂ©es oĂč les Bruxellois ne sont pas au travail, Ă  savoir les week-ends. . Cela signifie que tous les atterrissages de week-end, dans les conditions de vent normales telles que dĂ©finies en 1999, devraient se faire par la 25 L. Les dĂ©collages doivent emprunter des routes survolant les zonings industriels et les axes routiers principaux.

La prise en compte de critĂšres de sĂ©curitĂ© optimale. Cela passe par la redĂ©finition de la 02/20 comme piste subsidiaire Ă  utiliser lors de situations de vent particuliĂšres. La 02/20 a Ă©tĂ© conçue comme une piste accessoire aux deux pistes principales 25/07. La jurisprudence doit intĂ©gralement ĂȘtre respectĂ©e et il n’y a pas, comme le prĂ©tend souvent le ministre Landuyt de problĂšme d’incohĂ©rence juridique. L’application des arrĂȘts et jugements rendus dans ce dossier n’impose en aucune maniĂšre la fermeture pure et simple de l’aĂ©roport.

5) Consacrer un systĂšme efficace de sanctions en matiĂšre de bruit

Il est indispensable de consacrer un systĂšme de sanctions efficaces des abus qui seraient relevĂ©s en matiĂšre de dĂ©passement des normes sonores. La RĂ©gion bruxelloise a instaurĂ© par arrĂȘtĂ© du 27.05.1999 des amendes administratives en cas de dĂ©passement de normes maximales de bruit (65 db le jour et 55 db la nuit). La lĂ©gitimitĂ© institutionnelle des arrĂȘtĂ©s « Bruit » a Ă©tĂ© validĂ©e par la Cour d’appel, aprĂšs un long combat juridique; ce n’est pas pour s’en dĂ©faire. La RĂ©gion bruxelloise doit pouvoir sanctionner si le constat est fait qu’il y a violation de ses rĂ©glementations.
Pour rappel, la RĂ©gion bruxelloise s’est dotĂ©e d’un rĂ©seau performant de sonomĂštres. Pour les experts de l’IBGE, le rĂ©seau actuel permet techniquement de valider une carte d’exposition de la population (cadastre) Sur base des donnĂ©es recueillies aux huit stations de mesure, une extrapolation des mesures peut s’effectuer sur base d’une modĂ©lisation. La mĂ©thodologie de modĂ©lisation utilisĂ©e par l’IBGE se fait conformĂ©ment aux recommandations europĂ©ennes.

Pour ce qui concerne le contrĂŽle du respect de l’arrĂȘtĂ© bruit, seuls les 2 sonomĂštres installĂ©s Ă  Haren et Evere sont actuellement agrĂ©Ă©s pour la verbalisation du bruit des avions mais des moyens budgĂ©taires sont dĂ©gagĂ©s afin d’adapter l’ensemble du rĂ©seau de sonomĂštres bruxellois Ă  la verbalisation. L’application de la rĂ©glementation sera alors performante.

6) Diminuer le plafond des mouvements nocturnes : Le dĂ©part de DHL doit permettre de revoir de maniĂšre importante le plafond de vol nocturne. Et nous demandons donc qu’il n’y ait pas, Ă  terme, de substitution de l’activitĂ© de DHL par une autre sociĂ©tĂ© de courrier express

7) RĂ©duire les nuisances sonores : Le dĂ©bat que nous voulons doit porter tant sur la rĂ©duction du QC total que sur celui des QC individuels de chaque avion/mouvement. Par exemple, cette limite doit ĂȘtre portĂ©e Ă  QC<4 pour les avions qui utiliseraient la route du Canal de nuit.

8) Abandonner le principe de dispersion

La rĂ©flexion sur les rĂ©ductions sonores doit Ă©galement concerner les mouvements diurnes. De maniĂšre gĂ©nĂ©rale, nous demandons la fin de toute politique de dispersion des vols de jour comme des vols de nuit, politique qui n’a, du reste, jamais Ă©tĂ© consacrĂ©e sur le plan lĂ©gal.

9) Créer un institut indépendant de contrÎle des nuisances aériennes

10) Une Ă©tude d’impact

Par ailleurs, il y aurait lieu de rĂ©aliser notamment une Ă©tude relative Ă  l’impact global du trafic aĂ©rien de l’aĂ©roport de Bruxelles-National sur l’emploi, l’activitĂ© Ă©conomique, la sĂ©curitĂ©, l’environnement et la santĂ© publique en collaboration avec les RĂ©gions.

11) Une synergie avec les aéroports régionaux

12) L’interdiction europĂ©enne des vols de nuit

Le cdH rappelle enfin qu’il demande, Ă  terme, l’interdiction gĂ©nĂ©ralisĂ©e des vols de nuit au niveau europĂ©en (entre 23 h et 7 h du matin).

Toute dĂ©cision Ă©quilibrĂ©e et durable dans un dossier aussi technique et subtil, respectant la santĂ© et la sĂ©curitĂ© des riverains et permettant un maintien de l’emploi pour les travailleurs, exige un minimum de temps et d’analyse notamment avec des experts. L’Ă©chĂ©ance du 15 octobre (dĂ©but des astreintes suite Ă  l’arrĂȘt de la Cour d’appel) ne doit pas aboutir Ă  des dĂ©cisions mal prĂ©parĂ©es voire impraticables.