Lettre ouverte à Charles Picqué à propos de la consultation publique du gouvernement flamand sur le plan de développement de Zaventem

Bruxelles, le 8 août 2005

Monsieur le Ministre-Président,

Nous avons pris connaissance avec consternation du projet du gouvernement flamand de soumettre à enquête publique dans certaines communes de la Région de Bruxelles-Capitale le plan de développement de l’aéroport de Zaventem.

Cette démarche s’inscrit dans la prolongation de l’attitude méprisante des autorités flamandes à l’égard de notre Région – comme cela s’était manifesté à différentes reprises dans ce dossier – dont elles ne reconnaissent ni l’autonomie ni les autorités démocratiquement élues. Il est inconcevable que le gouvernement flamand s’adresse directement à des communes de la Région de Bruxelles-Capitale.

Au-delà de l’illégitimité du procédé, les modalités d’organisation de cette soi-disant consultation trahissent son objectif réel. En effet, le gouvernement flamand a choisi de lancer cette enquête pendant les vacances : sa date de clôture au 31 août ne permettra pas à de nombreuses personnes de s’exprimer.

Le choix unique du néerlandais pour l’appel à la consultation (et sans doute également pour l’admissibilité des réponses à celle-ci ?) démontre suffisamment qu’il n’est ici pas réellement question de consulter les Bruxellois qui sont francophones à plus de 80 %.

De plus, le choix de limiter l’enquête à quelques communes en excluant des communes bruxelloises pourtant abondamment survolées par les avions, comme Schaerbeek, montre également que la consultation n’a pas pour objectif réel de prendre en considération les remarques des personnes survolées dans leur ensemble.

Et enfin, le contenu, tant par la forme que par le fond ne ressemble en rien à une enquête publique. L’absence d’information concrète concernant les projets de l’aéroport et les conséquences impliquées ainsi que l’usage d’un langage que même un juriste néerlandophone ne comprendrait pas, n’incitent pas à une réponse quelconque.

Bref, cette soi-disant consultation n’a d’autre objectif que d’obtenir de très faibles réactions de la part des Bruxellois survolés, ce qui permettra ensuite de minimiser les nuisances engendrées à Bruxelles par l’activité de l’aéroport.

Nous comptons sur vous pour dénoncer ce procédé qui n’a aucun lien avec une réelle enquête publique démocratique. Pour contrer les résultats de ce simulacre de consultation, nous vous demandons d’organiser une enquête publique dans toutes les communes de la région de Bruxelles-Capitale à propos de l’avenir de l’aéroport de Zaventem. Les projets du gouvernement flamand de développement de cet aéroport sont une menace pour la qualité de vie dans notre Région. Vouloir augmenter le trafic aérien au départ de Bruxelles National c’est faire preuve d’une absence totale de gouvernance politique. C’est ignorer les dizaines de milliers de plaintes que l’aéroport génère chaque année. C’est ignorer les 216 cas de décès précoce annuels et les 16 millions d’anciens francs belges qui s’évaporent tous les jours en frais de santé direct, rien que suite à l’activité des vols de nuit. C’est refuser de voir la réalité : Bruxelles National est un aéroport urbain déjà utilisé bien au-delà de ses capacités environnementales.

Puisque les Bruxellois survolés demandent la suppression des vols de nuit et une limitation à la baisse de 200.000 mouvements par an, il va de soi qu’ils refusent toute augmentation des capacités de cet aéroport urbain. Si la Flandre souhaite cette expansion, il lui incombe d’en assumer seule les nuisances.

Monsieur le Ministre-Président, nous comptons sur vous pour contrer les projets de développement de l’aéroport de Zaventem, et pour nous permettre à nous, Bruxellois, de faire réellement entendre notre voix auprès du gouvernement flamand.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre-Président, l’expression de nos sentiments les plus distingués.