Le transport aérien mondial de passagers émet davantage de gaz à effet deserre que l’ensemble des activités d’un pays comme la France, et l’augmentation prévue du trafic risque d’avoir un impact significatif sur le climat, estime l’Institut français de l’environnement (IFEN) dans une étude publiée vendredi.
En 2000, l’aviation commerciale a représenté 2,5% des émissions totales de CO2 dues aux activités humaines. Pourtant, seuls les vols intérieurs sont pris en compte dans le protocole de Kyoto, note l’IFEN, alors qu’une conférence se déroule depuis cinq jours à Buenos Aires sur le réchauffement climatique.
Un passager en avion consomme 140 grammes de CO2 au km, contre en moyenne 100 grammes en voiture (sur la base d’1,8 passager par véhicule, en France).
Même en tenant compte des émissions polluantes dues à la fabrication des véhicules et au transport du carburant, qui alourdissent le bilan de la voiture, le passager aérien «consomme» 16% de CO2 en plus qu’en voiture.
Plus la distance est courte, plus l’avion est émetteur par rapport à la voiture, sans même parler du train dont le bilan est de loin le meilleur.
Lors d’un vol métropolitain (Paris-Nice par exemple), les émissions au passager-km sont supérieures de 66% en moyenne à un vol à destination de la France d’Outre mer, constate l’IFEN.
L’avion charter bien rempli, sans classe affaire, est peut-être douloureux pour les jambes, mais il est plus sobre pour le climat.
Même dans ces conditions, l’aller-retour Paris/New-York équivaut à un quart des émissions liées à la consommation annuelle d’un français.
La vogue du tourisme lointain, qui porte la croissance des transports aériens, augure mal de l’avenir climatique: selon l’IFEN, une croissance de 5% par an du transport aérien se traduirait par une multiplication par 2,4 de ses émissions de CO2 dans 30 ans.
De plus en plus, l’avion se banalise. Ainsi, la proportion de Français (plus de 15 ans) qui a pris l’avion une fois dans l’année est passée de 9% en 1980 à 26% en 2001.
L’envolée des courts séjours en avion est favorisée par l’émergence des compagnies aériennes à bas tarifs (low cost) et l’usage d’internet. Ainsi, les Français vont de plus en plus loin rechercher l’exotisme lorsqu’ils quittent l’hexagone. Leurs déplacements de courte durée à l’étranger sont en hausse de 5% depuis 2002.
Au niveau mondial, l’accès aux modes de consommation occidentaux de pays en voie de développement comme la Chine et l’Inde notamment va stimuler le transport aérien, alors que les marges de progrès techniques semblent plus limitées que pour l’automobile, note l’IFEN.
Deux leviers peuvent freiner l’envolée des émissions du trafic aérien: la hausse des prix du pétrole, et l’introduction d’une «taxe climat» sur les voyages en avion.