L’aéroport de Zaventem dans des mains étrangères ?

L’aéroport de Schiphol (Amsterdam) vient de se porter officiellement candidat au rachat, à hauteur de 70%, des parts de l’Etat belge et du privé dans la société BIAC, qui gère l’aéroport de Zaventem.
Les dirigeants de Schiphol estiment que l’aéroport de Zaventem est idéalement situé, entre les 2 aéroports de base de la société Air France/KLM, et que cette infrastructure belge offre un grand potentiel de développement. D’autres aéroports français, italiens, australiens et danois ont aussi manifesté leur intérêt.

Bruxelles Air Libre Brussel s’inquiète des grandes manœuvres qui se déroulent à la veille des vacances, dans une totale opacité, et sans vue d’ensemble de la situation pour les parlementaires et les citoyens.

Même avec l’Etat belge majoritaire dans son capital, les gestionnaires de BIAC ont toujours placé le profit financier avant l’intérêt général des citoyens.
Tout porte à croire que ce sera pire lorsque l’aéroport fédéral sera dans les mains d’une société étrangère. Schiphol et Roissy étant proches de la saturation, Zaventem leur offrira de belles possibilités d’expansion. En effet, si Zaventem est largement saturé sur le plan environnemental, cet aéroport n’est pas encore saturé sur le plan de son infrastructure technique. Il ne serait même qu’à 50% de sa capacité, si le gouvernement fédéral persiste dans sa politique de dispersion des vols, au mépris de la viabilité de la région la plus densément peuplée du pays et de la sécurité de ses habitants
Les dirigeants d’Air France-KLM pourront ainsi délester sur Zaventem, les vols dont ils ne veulent plus chez eux. Ils consacreront ainsi le rôle de poubelle aérienne européenne de Zaventem et sacrifieront, sans états d’âme, l’habitabilité de Bruxelles et de sa périphérie. Aucune étude supplémentaire n’est nécessaire pour démontrer la pertinence de ce scénario catastrophe.

C’est un véritable cri d’alarme que lance Bruxelles Air Libre Brussel, avant qu’il ne soit trop tard. L’association exige que le gouvernement fédéral commence par faire toute la lumière sur cette opération et prenne les mesures nécessaires pour renforcer le pouvoir de contrôle de l’Etat sur la société privée qui gérera Zaventem, avant la fin de l’année.

L’Etat a déjà commis l’erreur de vendre – récemment et à bas prix – les immenses terrains de l’aéroport à la BIAC. Maintenant il tente de limiter les contraintes environnementales qui pèsent sur cet aéroport, afin que la mariée soit plus belle et que les parts de l’Etat dans BIAC puissent se vendre le plus cher possible.

Avant toute cession de parts, il est normal que l’Etat établisse une licence d’exploitation plus contraignante qui sera imposée au futur gestionnaire de Zaventem. Elle doit préciser, notamment, les heures d’ouverture de l’aéroport, le nombre de vols permis annuellement et le type d’appareils autorisés en fonction des nuisances émises. Après la vente des parts, il sera trop tard et l’Etat n’aura plus les moyens juridiques de défendre ses citoyens.

Avant de devenir minoritaire, l’Etat devra aussi veiller à ce que le nouveau permis d’environnement -demandé par BIAC à la Province du Brabant flamand – soit conforme aux intérêts de toutes les personnes qui vivent autour de l’aéroport et non limité aux habitants des 4 communes limitrophes consultées.

Le gouvernement s’est aussi engagé à répondre, en septembre, à la demande de doublement des vols de nuit de DHL. Sa réponse doit être nette : impossible à l’aéroport urbain de Zaventem.
La région de Bruxelles-Capitale, qui sera associée à cette décision, devra être intransigeante sur ce point, puisqu’elle veut aussi la suppression progressive des vols de nuit.

Bruxelles Air Libre Brussel estime que ces différentes mesures sont urgentes. Elles doivent être coordonnées et cohérentes, et avoir pour objectif prioritaire le maintien de l’habitabilité de la ville la plus densément peuplée du pays, à la fois la capitale de la Flandre, de la Belgique et de l’Europe.

Les parlementaires sont aussi invités à refuser toute décision prise dans ce domaine sans que le plan d’ensemble de la privatisation de BIAC ait été soumis à leur approbation