Plus de 200 décès en un an !

Une étude utilisée par Bert Anciaux évalue le nombre de malades à cause des nuisances sonores à 9.700 en 2002

STEENOKKERZEEL Dolph Cauwelier vient de se subir un pontage coronarien. Ce senior résidant à Tervueren sait que le bruit des avions est à l’origine de son mal. «J’habite à six kilomètres de la piste 20», explique-t-il, à l’occasion du point presse organisé par huit associations de riverains de l’aéroport de Bruxelles-National et dont le but était de dénoncer l’augmentation des nuisances induites par la dispersion des vols de nuit.

«Nous sommes survolés par les avions depuis 1989.» Sa femme a choisi la méthode radicale. «Elle a dormi pendant longtemps au sous-sol. Sa décision dépendait de la direction du vent. Quand il soufflait dans notre direction, elle filait dans la cave.» Ils ont aujourd’hui mis leurs soucis un peu en sourdine. «Nous avons insonorisé notre chambre. Cela nous a coûté 15.000 euros.» Ce couple est loin d’être le seul à se réfugier dans la cave pour avoir un peu de paix. Ceux qui n’en possèdent pas souffrent. D’autres en meurent…

C’est en tous les cas ce que révèle [une étude menée sur 2002 par le professeur Lieven Annemans->art287], de l’université de Gand, commandée et présentée par le ministre de la Mobilité Bert Anciaux devant le Conseil d’Etat en mars dernier. Etude qui analyse les conséquences des vols de nuit sur la santé des riverains.

L’info n’est pas neuve, mais elle est restée très discrète. Ce qui peut paraître plus qu’étonnant à la lecture des chiffres effarants livrés par le professeur. Selon lui, 215 personnes sont décédées en 2002 des suites des nuisances sonores récurrentes dues aux vols de nuit! Dans ses conclusions, le professeur assure qu’une répartition des vols de nuit diminuerait ce nombre de décès de 20%, à environ 160 par an…

Autres chiffres hallucinants: le nombre de riverains tombés malades ou ayant connu des problèmes de santé en 2002 à cause du bruit des avions est estimé à près de 9.700! Dans le détail, 2.644 se sont mis à boire, 758 ont été victimes de problèmes cardiaques, 580 de diabète, 5.492 sont tombés en dépression.

La facture humaine est assurément très lourde. Celle financière n’est pas mal non plus. Le montant global de frais supplémentaire dépensés par les riverains de l’aéroport de Bruxelles-National s’élevait, en 2002, à 15 millions d’euros. Une facture qui passerait à 12 millions d’euros avec le plan de dispersion du ministre Anciaux…

Les huit associations réunies hier ont par ailleurs invité les personnes victimes des vols de nuit à venir manifester devant la Bourse de Bruxelles, le 6 juin prochain à 11 h.

© DE TESSIERES