Pierre Klees débloque ?

Pierre Klees parle de «conversations sérieuses» avec la compagnie britannique.Biac dément. Le dossier -s’il existe!- est très sensible.

Pierre Klees va-t-il réaliser dans quelques mois son vieux rêve: attirer à Bruxelles-National la compagnie aérienne britannique à bas tarifs EasyJet? Comme le rapportaient mercredi plusieurs quotidiens, le président du conseil d’administration de Biac -gestionnaire de l’aéroport de Bruxelles-National- a déclaré mardi que des «conversations sérieuses» étaient en cours entre les deux parties même si aucun accord définitif n’avait été signé à ce jour. Et Pierre Klees d’ajouter qu’une arrivée d’EasyJet sur le sol belge ne pourrait, en tout état de cause, intervenir avant la fin du processus de privatisation de Biac.

La langue de Pierre Klees a-t-elle fourché? Aussi étonnant que cela puisse paraître, ces déclarations ont suscité la plus grande perplexité au sein même du management de Biac qui s’est demandé quelle mouche avait bien piqué leur président. «Il n’y pas de négociations sérieuses avec EasyJet, ni de dossier EasyJet actuellement sur la table. Il n’y a pas de projet allant dans le sens d’une arrivée d’ici quelques mois d’EasyJet à Bruxelles-National. En fait, il n’y a rien. Rien d’autre que des contacts informels et occasionnels avec EasyJet comme avec des dizaines d’autres compagnies aériennes», précisait mercredi Paul De Backer, porte-parole de Biac. Et de rappeler que les dernières négociations sérieuses avec EasyJet remontent à 18 mois maintenant: «A l’époque, EasyJet avait lancé un appel d’offres à l’intention de différents aéroports européens. Biac avait répondu mais c’était finalement à Orly qu’EasyJet avait décidé de s’implanter.»

Un président dont les déclarations sont démenties dans la foulée, cela fait évidemment un peu désordre. Alors, l’arrivée d’EasyJet à Bruxelles-National, info ou intox? L’avenir le dira mais cet épisode démontre en tout cas que ce dossier -du moins s’il existe!- est très, très sensible. Car l’arrivée à Bruxelles-National d’un monstre comme EasyJet constituerait une menace très sérieuse pour SN Brussels Airlines (SNBA) et Virgin Express, les deux premiers clients de Biac amenés à convoler d’ici quelques mois. Certains administrateurs de Biac pourraient s’opposer à l’arrivée d’EasyJet si celle-ci s’inscrit dans une logique de «cannibalisation» du trafic assumé par SNBA, dont l’aéroport est… l’un des actionnaires minoritaires. On pense à une personnalité comme Etienne Davignon, présent dans le conseil d’administration de Biac mais aussi dans celui de SNBA. Derrière l’écran de fumée suscité par les déclarations de Pierre Klees se cachent en réalité des enjeux majeurs. Pour l’aéroport mais aussi pour l’avenir du transport aérien belge.

© La Libre Belgique 2004