Mol Air

Cher Docteur Touwaide,

J’habite Bruxelles et je souffre d’un mal aigu à une grosse molaire (la 02 pour être précis) qui m’interdit de vivre normalement. Vous savez que j¹ai toujours eu des problèmes à cette molaire mais la situation s¹est gravement empirée depuis que j’ai contracté le virus Bertus Anciolocoque. En effet, avant ce virus, mes crises ne duraient qu¹environ 30 jours par an, c¹était raisonnable et je comptais seulement les jours où j’avais mal. Avec le temps, je pouvais même prévoir les mauvais jours et prendre mes dispositions. Aujourd’hui,je compte les jours où je n’ai pas mal et ils sont impossibles à prévoir. J’étais présent à votre congrès de dentistes à Woluwé-st-Pierre et vous m¹avez donné le calendrier des fréquences de crises, je dois vous dire que la réalité ne correspond pas du tout avec ce calendrier. Plusieurs fois par semaine, je m¹endors avec ce mal, je dors en ayant mal et je me réveille avec ce mal, c¹est intolérable. J’arrive à « voler » quelques heures de sommeil grâce à un cocktail d¹anti-douleurs, de somnifères et, le croirez-vous, de boules Quiès. En « théorie » vous m’aviez promis que mes crises diurnes se produiraient un samedi sur deux, les samedi impairs. En réalité, c’est tous les samedis, presque tous les dimanches et parfois les vendredis et…quelques lundis aussi, ce qui, vous l’admettrez, est très éloigné de vos prévisions. Peut-être est-ce du délire mais il me semble avoir remarqué que mes crises correspondaient exactement à mes jours de congé.

J’ai écrit aux éminents professeurs Klees, Verhostadt et Michel mais malheureusement ils ne peuvent rien faire pour moi : je souffre, selon eux, d’une maladie dite « orpheline » qui ne concerne pas assez de gens pour que l’on s’y intéresse de près. Si j’étais parano, je penserais que ces sommités ont un quelconque intérêt à voir proliférer le virus Bertus ! De plus, il me semble que ce dangereux virus soit contagieux : tous les habitants de mon quartier (je n’habite pas à la campagne mais à Bruxelles-Est !) souffrent du même mal à la même dent, cette maladie n¹est
donc pas si orpheline que ça ? J¹ai également voulu soigner cette dent en y appliquant une couronne et j’ai donc écrit au Roi. Malheureusement il est injoignable et la rumeur dit qu’il est hospitalisé pour le traitement, lui aussi d¹une molaire !(la 25, paraît-il).

Le plus fort de tout, c¹est que j¹ai appris dernièrement qu’il existe, dans d¹autres pays, des laboratoires de recherche ayant comme seul objectif de vaincre ce mal et qui rencontrent un certain succès. Il faut avouer qu¹en
Belgique et à Bruxelles en particulier nous sommes très à la traîne dans ce domaine et c¹est faire honte à notre statut de capitale de l¹Europe, ce qui d¹ailleurs m¹a toujours fait sourire ! (pas longtemps, parce que j¹ai mal
quand je souris.)

J’espère, docteur Touwaide, que j’aurai été entendu et que cette plainte ne restera pas lettre morte.

Avec toute ma déception mais aussi ma confiance,

M.L.

Bruxelles Est