Tout va bien madame la marquise …

Bert Anciaux reconnaît des semaines éprouvantes pour les riverains en matière de bruit d’avions à Zaventem.
Il assure qu’il y aura bien des travaux d’isolation des maisons autour du site.
Et va proposer des normes à Bruxelles et à la Flandre.

Philippe Lawson

ENTRETIEN

Entré en application le 18 mars, le plan de répartition des nuisances de l’aéroport de Bruxelles-National élaboré par le ministre Bert Anciaux (SP.A-Spirit) n’en finit pas de mécontenter les riverains. Mais il maintient le cap et se veut serein.

Quel bilan tirez-vous des premières semaines de dispersion?

Ces dernières semaines de la répartition des nuisances au départ de Zaventem ont été éprouvantes pour les riverains à cause d’un vent fort de l’est qui a eu pour conséquence l’utilisation accrue de la piste 02/20. C’est une situation exceptionnelle et elle n’est pas représentative du plan de répartition. Il faut aussi reconnaître qu’il y a eu beaucoup de nuits où la concentration des vols a été totale sur le Noordrand (nord de Bruxelles) et rien pour l’Oostrand (est de Bruxelles). L’interprétation de Belgocontrol n’est donc pas correcte. On avait dit qu’on s’alignait sur les vitesses de vent de l’OACI, mais dans la pratique on n’y arrive pas toujours. De plus, pour des raisons de sécurité, il a été décidé qu’avec une vitesse de vent arrière supérieur
à zéro noeud, on ne décollera pas de la piste 20.

Mais les plaintes des riverains de l’est de Bruxelles sont plus nombreuses depuis le 18 mars?

Elles n’ont rien à voir avec la réalité, car je vais plus loin que l’accord gouvernemental qui prévoit une répartition équitable des vols sur les pistes 25 et 02. La piste 02/20 n’est utilisée qu’à 33 pc du temps dans la réalité et non à 50 pc comme le dit l’accord gouvernemental. Je suis d’accord que le mois de mars n’est pas un bon mois pour lancer la répartition des vols en raison des mauvaises conditions climatiques, mais quel que soit le moment choisi, on n’aura jamais 100 pc de satisfaits chez les riverains.

Et le cadastre de bruit que tout le monde attend?

Un cadastre de bruit est réalisé depuis 1999 jusqu’en 2002. Nous en avons réalisé un en 2003 deux semaines avant et deux semaines après la fin du mois de juillet. Et comme il a été décidé qu’il sera évolutif, on fera l’évaluation fin 2004 pour voir s’il est conforme au cadastre théorique réalisé sur base de modèle mathématique ou s’il faut l’adapter.

L’isolation acoustique des maisons semble être reléguée aux calendes grecques?

Le dossier n’est pas du tout abandonné. Il y aura des isolations de maisons autour de Zaventem. Mais il faut arriver à une harmonisation des normes de bruit à ne pas dépasser entre les Régions flamande et de Bruxelles-Capitale. La matière ne relève pas de ma compétence, mais je prendrai mes responsabilités et proposerai une norme aux deux Régions dans les prochains jours. Il faudra s’aligner sur les recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), soit 45 décibels à l’oreiller
dans les chambres à coucher, mais il faudra tenir compte de certaines spécificités.

Avec quel budget?

Aujourd’hui, il n’y a pas encore de budget, mais il est prévu que le chantier soit financé par des taxes aéroportuaires via un fonds. Il faut aussi tenir compte du fait que la dispersion réduit la limite des zones où il y aura dépassements des normes OMS.

Comment voyez-vous l’évolution du dossier d’extension de la société DHL à Zaventem?

Pour l’instant, je ne vois pas de raison pour demander de faire sauter la limite des 25000 mouvements de nuit par an à l’aéroport national. Il faudra que les partenaires en l’occurrence DHL et Biac (gestionnaire de l’aéroport) présentent un dossier solide pour soutenir leur requête. Et encore, je demande des garanties de création d’emplois, de renouvellement de la flotte de la part de la société de courrier express et des travaux d’infrastructures de la part de Biac. Il n’est pas question de signer un chèque en blanc à la société.

© La Libre Belgique 2004