La Région wallonne se dote d’un nouveau cadre juridique pour la lutte contre le bruit des avions.

Le projet de décret relatif au plan d’exposition au bruit – il concerne les deux aéroports wallons : Liège et Gosselies – a été adopté, mercredi, par le parlement. Sans surprise, ou presque, au moment du vote : le CDH s’est exprimé contre et Bernard Wesphael (Ecolo) s’est singularisé en s’abstenant alors que son groupe a, lui, voté en faveur du texte.

Mais revenons au débat. A l’évidence, à Namur, comme à Bruxelles, dès qu’il est question d’avions, les esprits s’échauffent. Avec en aiguillon de la contestation, un André Antoine (chef de groupe de la minorité CDH) toujours excessivement pointu dans son analyse. A l’entendre, le décret voté est un décret pour rien. Il ne garantit pas, dit-il, la sécurité juridique des mesures d’accompagnement en faveur des riverains, il sème la confusion et enfin il complique la politique environnementale des aéroports. Votre texte ouvre donc la voie à tous les recours possibles, a-t-il fait remarquer à Serge Kubla (MR), ministre de tutelle. Il ne règle rien et laisse entier le chantier d’organisation des zones autour des deux aéroports. Plus grave, il ne reconnaît plus la nécessité de zone inhabitable. Réponse du ministre : Le texte est défendable et je n’ai pas l’impression que c’est un nid à procès ou à attaques ciblées. Soit, il s’attend néanmoins à des recours.

Moins agressif et visiblement soucieux de ne pas vexer un ministre de la majorité arc-en-ciel, Maurice Bayenet, chef de groupe PS, aura lui aussi une petite phrase loin d’être anodine sur le plan du sens : Il convient de reconnaître que la solution miracle n’a pas été trouvée. La formule magique n’est pas encore sortie du chapeau du ministre. Pourquoi le PS a-t-il néanmoins voté le texte ? Parce qu’il est nécessaire d’avancer. Un argument un peu juste mais efficace pour clôturer le débat.

Et les écologistes ? Xavier Desgain, chef de groupe, a souligné qu’il allait falloir être attentif à l’évolution sociologique des zones A (les plus proches des aéroports) pour éviter de créer des ghettos où des familles viendraient s’installer pour des raisons purement économiques. Une réalité dont il faudra, à l’évidence, tenir compte dans les prochaines années.

Moins lisse, Bernard Wesphael (député vert liégeois) a regretté qu’il n’y ait pas, en Wallonie, de majorité politique pour sortir de la logique des vols de nuit. Et de dénoncer le double langage du CDH défendant la suppression de ces vols de nuit à Bruxelles alors que vous dites exactement le contraire en Wallonie. Dans la foulée, il a donc demandé le report pur et simple du vote pour approfondir la réflexion sur le respect de la norme de l’Organisation mondiale de la santé choisie comme base de référence dans le décret. Une demande vaine, on s’en doute.

Finalement politiquement peu bousculé, Serge Kubla est reparti avec son décret « lutte contre le bruit » sous le bras. Les aéroports wallons vont désormais fonctionner avec un cadre légal. Reste à savoir jusqu’à quand, parce que les riverains présents dans la salle ne nous ont pas donné l’impression de vouloir baisser leur garde.•

HUGUES DANZE