Une cohabitation invivable avec DHL

« Et si le Premier Ministre vous autorise à installer votre Très Grand Centre de Tri à Zaventem, avec le doublement des vols de nuit demandé et une carte blanche pour vos décollages, direz-vous oui à la Belgique ? »

Voilà la question que 5 délégués de la manifestation contre DHL ont posée à M. Roland Steisel (Director for Legal & Regulatory Affairs Europe) à Diegem.

Si la question était claire, la réponse le fut moins : « nous verrons cela en septembre, mais Bruxelles reste notre premier choix »

Cela ne peut-il cependant se traduire par : si le gouvernement légal de ce pays nous y invite, nous installerons évidemment notre plus grand hub européen à Zaventem et nous créerons 1000 emplois à temps partiel de nuit supplémentaires ?

Cette réponse peut évidemment ressembler à de l’acharnement, lorsque l’on sait que les 5 représentants des personnes réveillées la nuit ont tenté d’expliquer à M. Steysel que la situation actuelles est déjà intenable pour des milliers de travailleurs et d’enfants de Bruxelles et de sa périphérie réveillés ou perturbés plusieurs fois par nuit.

Pendant que les manifestants à la face pâle, par manque de sommeil ou alors par un habile maquillage, continuaient à scander à l’extérieur : « DHL nous réveille », « DHL Go Home » « DHL vole nos nuits » ou « Dis papa, quand c’est qu’on dort ? », il est très vite apparu que rien ne serait possible autour de la table à laquelle DHL avait cependant courtoisement convié ces invités de la dernière heure. Pour les représentants des riverains il n’est pas sûr que le patron de DHL EUROPE ait compris que la cohabitation entre les citadins et son entreprise polluante et anti-urbaine est impossible.

C’est vous qui partez ou c’est nous ! Mais pour aller où ? Pour vous une alternative existe, pour nous non : il n’y a pas d’autre Bruxelles ailleurs dans le monde. C’est donc vous qui devrez partir, même si MM. Verhofstadt et Michel ainsi que Mme Onkelinx, vous disent oui. Nous nous emploierons, par tous les moyens, à vous contraindre à choisir une plateforme plus adéquate pour votre commerce de nuit.

Après cela, il ne restait plus à M. Steysel qu’à regretter qu’il n’y avait aucune reconnaissance des efforts déployés par son entreprise et à évoquer ses responsabilités en matière d’emploi, ainsi que d’inviter les riverains à rencontrer les délégués de son personnel.

La messe était dite, mais pour les riverains, ce chantage à l’emploi est inadmissible. Une très grande part des emplois demeureront à Zaventem, parce qu’ils sont en liaison avec les milliers de colis à distribuer dans tout le pays. Quant à ceux qui seront perdus par la délocalisation du futur Très Grand Centre de Tri ils sont effectivement condamnés si la Belgique s’évertue à les installer à moins de 2 Km d’une ville d’un million d’habitants et au centre de la province la plus densément peuplée du pays. Ces 34.000 vols de nuit projetés (au lieu des 19.000 actuels) constituent une menace grave pour tous les employeurs de la région, qui verront les capacités de concentration de leurs employés diminuer, tandis qu’augmentera leur absentéisme. « L’interdiction de la production d’amiante et de mines anti personnelles, ou la diminution des capacités de production dans l’industrie cigarettière ont aussi été cause de nombreuses pertes d’emplois. Il ne se trouve plus personne aujourd’hui pour réclamer leur reprise et la quasi totalité de la main d’œuvre à été reclassée dans des industries moins nuisibles » affirment des insomniaques victimes des vols de nuit. Et d’autres d’ajouter « que la poubellisation de l’économie de Bruxelles et du Brabant flamand feront des ravages bien plus importants dans le secteur de l’emploi ».

La manifestation, que le bourgmestre de Diegem et sa Police, n’avaient acceptée sur le site de DHL, qu’à la condition qu’elle ne perturbe pas le trafic et qu’elle soit limitée à une délégation de 50 personnes, s’est terminée dans la détermination générale : il faudra revenir plus tard et plus nombreux pour répéter encore et toujours que le droit au sommeil est un droit essentiel et qu’en être privé est considéré comme une torture »

Mais n’est-ce pas plutôt dans le camp du pouvoir politique que se trouve la balle ? Ne s’agit-il pas d’un choix de société qui lui incombe ? Ou va-t-il attendre que les tribunaux ou la rue décident à sa place ?

Yvan Vandenbergh et Frédéric Petit,
témoins priviliégiés

(1) citoyens regroupés au sein des 19 communes de la région de Bruxelles et des communes de sa périphérie Est



Annexe : lettre remise à la direction de DHL Worldwide

Monsieur le Directeur Général,

Le 16 mars, nous vous avons écrit (par courriel et par lettre à la poste) pour vous demander un rendez-vous.

En 10 jours, vous n’avez toujours pas trouvé le temps de nous répondre : un comble pour une société de courrier express !

Nous avons donc pris la décision de venir vous voir sans rendez-vous, avec une petite délégation de citoyens réveillés la nuit par vos avions… silencieux.

Si nous ne pouvons être reçus aujourd’hui, nous rentrerons à la maison calmement et reviendrons vous voir plus tard et en plus grand nombre.

Désolés de constater le peu de cas que vous faites des plaintes des personnes que vous privez de sommeil pour développer votre commerce, nous vous prions de croire en nos salutations offusquées.

Le collectif des personnes survolées


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(photos : Bruno Portier)