Analyse des comptes des diverse sociétés belges de DHL

Les chiffres cités dans ce texte sont présentés dans [le tableau ci-joint->doc74].

L’effectif moyen de DHL en Belgique publié officiellement, via ses comptes annuels légaux, exprimé sous forme d’équivalent temps plein (ETP), est de 4.186 ETP pour l’exercice 2002.

Force est de constater que cet effectif est loin d’être aussi important que les données médiatisées par certains qui embellissent la mariée au point de la transformer en miss monde.

On voit mal en effet comment on peut parler de création de plusieurs milliers d’emplois nouveaux si DHL se développe. Surtout s’il s’agit de flux logistiques simples et en partie automatisables comme trier des paquets et les décharger d’un avion ou d’un camion pour les charger dans un autre (ce qui est la fonction de hub européen). La manne des emplois indirects a beau dos et la véracité des discours n’est jamais vérifiée et l’expérience des autres sites comme Bierset le montre clairement et devrait être exploitée.

Les écarts sont tellement importants qu’ils méritent une analyse objective afin d’éclairer les décideurs politiques sur la réalité des choses et d’informer la collectivité sur les vrais enjeux en matière d’emplois et cela sur base des chiffres officiels et certifiés.

-# L’effectif de DHL en Belgique se ventile, sur base de l’effectif présent au 31 décembre 2002, en :
-** 62 % de contrats à temps plein et 38 % de contrats à temps partiels (surtout au niveau du centre de tri européen avec, à lui seul, 58 %).
-** 33 % d’ouvriers et 67 % d’employés et cadres de direction (la proportion employée est donc importante et s’explique par la présence de l’état major de DHL en Belgique avec les départements Finances, Opérations, Technologie de l’Information et les Ressources Humaines.
-** 62 % de contrats à durée indéterminée et 38% de contrats à durée déterminée. Il serait logique de s’interroger sur l’importance de ces emplois précaires.
-# Le taux de rotation du personnel atteint 23 %. En d’autres termes, 23 % des agents ont quitté DHL en 2002 et ont dû être remplacés. Cela représente 1142 personnes.
Comment expliquer un tel nombre ? Est-ce lié aux conditions et horaires de travail ?
-# L’activité contestée à Zaventem, à savoir surtout l’activité bruyante de nuit via les décollages et atterrissages des avions cargos, ne représente qu’une partie des 4186 ETP cités. Il faut en effet le réduire de manière significative compte tenu de :
-** la présence à Bruxelles du quartier général de DHL (401 ETP) et qui resterait à Bruxelles même si le tri était partiellement délocalisé.
-** l’activité commerciale (via DHL international avec 881 ETP) réalisée en Belgique, surtout de jour, serait aussi maintenue logiquement à Bruxelles.
-** Il en est de même pour Air Operation (953 ETP) qui assure le transport par air et par terre.
-** Malheureusement les comptes annuels ne permettent pas d’isoler les prestations diurnes ou nocturnes, ni la présence du personnel navigant qui conserverait aussi son activité même en cas de délocalisation. Rien ne permet non plus de déterminer sur base de ces comptes annuels si ce personnel est bien domicilié en Belgique ou non.
-** Il faut souligner que même en cas de délocalisation, celle-ci ne serait que partielle, DHL comme les autres sociétés de courrier express, fonctionne en effet avec un hub principal connecté en réseau avec des hubs secondaires de récolte et de rabattement des flux.
-** Les sociétés de courrier express ont toutes leur hub européen localisé dans le centre de l’Europe (DHL à Bruxelles, TNT à Bierset, FEDEX à Roissy et UPS à Cologne) et ce n’est pas un hasard mais un choix économique rationnel.

Il est donc logique de penser que même en cas de délocalisation à Bierset ou à Chievres, une partie du personnel touché à Zaventem serait aussi délocalisé vers ces sites compte tenu de leur relative proximité.

En conclusion,

Il apparaît de plus en plus indispensable de gérer ce dossier avec rigueur et professionnalisme sur base de données objectives et rationnelles permettant de décider en connaissance de cause et d’éviter d’accepter les yeux fermés des slogans subjectifs diffusés par des groupes de pression intéressés uniquement par leur profit à court terme.
ll en va de l’avenir de notre société et de notre démocratie.

A cette fin, il faut impérativement :

-# objectiver non seulement les emplois réels existants mais aussi les emplois réellement maintenus, créés ou perdus dans le futur proche.
-# objectiver le return réel attendu de cette activité dans les trois situations, maintien en l’état, délocalisation partielle ou au contraire développement incontrôlé de DHL.
-# objectiver les coûts induits pour la collectivité tant en terme des nuisances subies, de leurs effets sur l’économie nationale (des centaines de milliers de riverains sont affectés dans leur productivité) et des investissements lourds à supporter dont la prise en charge n’est pas clarifiée.

Etabli à Bruxelles le 29 février 2004, par les économistes de Bruxelles Air Libre Brussel sur base des documents diponibles au public.