Pour DHL c’est Zaventem ou rien

Et s’il faut annoncer encore 3.000 emplois de +
ou une délocalisation vers Leipzig, pas de problème, du moment qu’on
peut augmenter le nombre de vols de nuit

Le chantage continue. Et pendant ce temps, la Belgique se fait
épingler pour ses manquements contre la pollution …

2 articles intéressants à ce sujets, publiés aujourd’hui dans « La Libre Belgique ».

– [DHL, une manne polémique d’emplois->http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=148382]
– [DHL ne veut pas opérer sur 2 sites différents au départ de la Belgique->http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=90&art_id=148380]

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DHL, une manne polémique d’emplois
R.C.

L’opportunité de création d’emplois qu’offre la société courrier express en fait saliver plus d’un. Mais certains partis veulent d’abord examiner les effets d’une extension de DHL.

Pour cette dernière, pas question d’avoir deux sites.

La demande de la société de courrier express DHL d’étendre ses activités en Belgique – avec pour corollaire alléchant la création de 10.000 emplois (cf. ci-dessous) – en fait saliver plus d’un. Mais, elle suscite également nombre d’appréhensions tant le contexte politique est miné par la virulente polémique provoquée par les vols de nuit au départ de l’aéroport de Bruxelles-National. Dès lors, pour contourner un redoutable écueil, d’aucuns plaident – dont le Premier ministre Guy Verhofsdat – pour un deuxième siège belge d’exploitation.

Les sirènes de Bierset

Si l’aéroport d’Ostende a déjà manifesté son refus à l’arrivée de DHL sur son tarmac, une telle perspective a levé un vent de discorde au sein de l’Exécutif wallon. Le ministre de l’Economie de la Région Wallonne, Serge Kubla (MR), se veut en effet circonspect quant à l’implantation de DHL à Bierset, «il faut d’abord disposer d’une étude d’incidences et de faisabilité qui montre l’impact d’une telle implantation tant au niveau environnemental qu’économique». Le président du MR, Antoine Duquesne, ne dit pas autre chose; il estime important de trouver une voie raisonnable entre des exigences contradictoires. «Par ailleurs, une analyse approfondie sur l’impact environnemental pourrait aussi se révéler une source d’emplois». Côté socialistes, on estime cependant l’occasion trop rare et donc qu’il est inconcevable de s’opposer «a priori au développement d’une activité qui peut être porteuse de milliers d’emplois pour la région liégeoise».

Lundi matin, le président du PS, Elio Di Rupo, a remis le couvert. Pour lui, les projets de DHL pourraient s’insérer dans le premier objectif du parti. «Cet objectif correspond évidemment à la volonté du PS de créer des emplois. La proposition de la firme de courrier express aérien DHL de créer 10000 emplois doit pouvoir être discutée en Wallonie également».

Du côté de l’opposition, le discours ne varie pas vraiment pour autant. Si les verts se veulent «prudents» avant la réunion du gouvernement wallon de ce mardi qui doit se pencher sur le cas «DHL à Bierset», ils ne veulent pas non plus «balayer d’un revers de la main la création d’emplois que peut susciter l’installation de DHL en Wallonie», explique-t-on au secrétariat fédéral d’Ecolo. Même son de cloche au CDH où l’on se dit très attentif à un projet qui pourrait drainer un nombre d’emplois non négligeables. «Mais tout cela demande une étude approfondie sur la réelle opportunité du projet. L’implantation de DHL à Bierset nécessiterait une deuxième piste qui ne pourrait être opérationnelle qu’au mieux dans dix ans», estime la présidente du CDH, Joëlle Milquet.

Bruxelles-National ou… rien?

Cette belle unanimité politique dès lors qu’il s’agit de l’argument délicat de l’emploi en Wallonie pourrait toutefois voler en éclats par le fait de la principale intéressée: la société DHL. Son porte-parole a réitéré l’intérêt que la société portait sur le seul aéroport de Bruxelles-National et non sur d’autres endroits. «Il n’est même pas question de faire un choix, la seule option réaliste à ce jour est Bruxelles-National. L’idée d’un aéroport en Wallonie vient du politique, de Verhofstadt, pas de notre société. Nos plans d’expansion, nous souhaitons clairement les réaliser à Bruxelles-National, mais ce n’est pas nous qui décidons dans ce dossier».

Si les autorités ne recontraient pas ces aspirations, la société de courrier express n’a jamais caché qu’elle pourrait délocaliser ses activités. Son actionnaire majoritaire, l’allemand Deutsche Post, n’exclut pas l’installation du centre de tri à Leipzig. Entre le départ de DHL de Bruxelles-National ou l’extension de ses activités, difficile de dire quel serait le pire cauchemar pour le gouvernement. A moins que les aéroports wallons n’avancent des arguments irrésistibles.

© La Libre Belgique 2004
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DHL ne veut pas opérer sur 2 sites différents au départ de la Belgique
Ph.Law.

La société se dit étonnée par les positions de Verhofstadt.
Zaventem a la cote pour la création d’emplois prévue et DHL veut investir des millions pour renouveler sa flotte.

Le projet d’extension des activités de DHL («La Libre» du 24/12) n’a pas encore fini de faire du bruit. Et les déclarations du Premier ministre Guy Verhofstadt (VLD) et de son ministre des Entreprises publiques, Johan Vande Lanotte (SP.A), visant à proposer un deuxième site aéroportuaire à la société de courrier express ne suscitent pas l’enthousiasme chez elle. «Cela nous étonne un peu. Nous ne croyons pas à deux sites d’exploitation pour DHL en Belgique. C’est une solution qui n’est pas opérationnellement réalisable pour notre société. Nous souhaitons réaliser l’augmentation de notre volume d’activité à Bruxelles-National», dit Xavier de Buck, directeur commercial de DHL.

Il précise que la société avait déjà posé la question aux responsables politiques dès le premier semestre 2003. «Et c’est aujourd’hui que les réponses précises commencent à tomber. Nous avons déjà investi 1,2 milliard d’euros dans le renouvellement de notre flotte. Nous sommes prêts à y investir encore des millions d’euros et nous sommes convaincus qu’avec ces efforts, on peut augmenter les vols de nuit à Zaventem et rencontrer l’objectif d’équilibre entre l’économie et l’environnement», poursuit l’intéressé, qui assure en même temps la tâche de porte-parole de la compagnie. Selon des observateurs, opérer au départ d’un seul site permettra à DHL de faire des économies d’échelle en terme de personnel. C’est aussi un avantage pour l’efficacité du service. Par ailleurs, la concentration des activités sur un site permettra d’éviter des problèmes de navette entre les bases avec à la clé un point positif pour la mobilité.

Des emplois manuels de nuit

Le projet élaboré par DHL est très attractif quand on voit ses retombées économiques et sociales. D’où la polémique qu’elle suscite en Wallonie entre PS et libéraux du gouvernement wallon (lire ci-dessus). Le développement se ferait en deux étapes (2007, 2012) et deux scénarii sont étudiés. L’hypothèse minimaliste vise la création de 5400 emplois directs tandis que l’option maximaliste en projette 9600. «Ce seront principalement des activités manuelles de tri de colis et de plis, de chargement et de déchargement d’avions qui se feront la nuit entre 23h-23h30 et 4, 5, 6 voire 7-8h. Et il y aura aussi tout le management qui va avec», précise Xavier de Buck.

Si la société ne s’est intéressée qu’aux retombées directes de son développement à Zaventem, Biac, société gestionnaire de l’aéroport national, a chiffré les emplois indirects que générerait l’augmentation des activités de DHL. Dans le projet confidentiel «Pegase» qu’elle a remis au gouvernement fédéral, les emplois indirects escomptés varient entre 11300 et 13300 sur base des études en la matière. Outre les emplois, le gouvernement fédéral pourrait tirer d’autres marrons du feu avec la réalisation de «Pegase» en termes de recettes fiscales. Les retombées en matière d’impôts et autres taxes pour les caisses de l’Etat belge calculées par Biac vont de 310 millions à 520 millions d’euros.

Le produit intérieur brut (PIB) belge se trouverait aussi boosté par le développement de DHL en Belgique. Il augmenterait d’environ 1,3 milliard à 1,5 milliard d’euros. Mais les exigences de DHL, critiquables d’après Biac même, sont importantes: augmentation des mouvements de 23000 actuellement à plus de 34000 en 2012, autorisation d’opérer à n’importe quelle heure sur une période de 30 ans, etc.

© La Libre Belgique 2004