Des milliers de manifestants
dénoncent les nuisances aériennes
en Ile-de-France

Exaspérés par le bruit des avions, plusieurs milliers de personnes ont défilé dimanche après-midi à Paris pour protester contre les nuisances aériennes en Ile-de-France et demander la création d’une plate-forme aéroportuaire internationale en dehors de la région.

«Non aux vols de nuit, oui au troisième aéroport», criaient notamment les manifestants venus des communes d’Ile-de-France incommodées par les nuisances sonores des aéroports de Roissy et d’Orly, lors du défilé entre le Champ-de-Mars et la place Denfert-Rochereau.

On notait notamment en tête du cortège (2.500 personnes, selon la police, 10.000, selon les organisateurs), la présence de Jean-Paul Huchon, le président de la région Ile-de-France, mais aussi celle de Christine Boutin, députée UMP des Yvelines, et de Robert Hue, maire de Montigny-les-Cormeilles (Val-d’Oise). Suivaient de nombreux élus portant une écharpe tricolore, alors que des haut-parleurs diffusaient des enregistrements de bruits d’avion.

Sur les banderoles brandies par les manifestants, on pouvait lire «Ras-le-bol des survols», «Oui au couvre-feu, les riverains d’Orly et de Roissy solidaires», «Kérosène, décibels, poisons du ciel», «Non aux vols de nuit, le fret à Vatry», «Le bruit, ça suffit», «Ciel propre», «Non au développement inconsidéré du transport aérien», ou encore «Touche pas à mon ciel, non aux avions bruyants».
Réagissant aux déclarations du ministre des Transports Gilles de Robien, qui avait affirmé dans la matinée sur France-Info avoir pris «des mesures très concrètes pour faire baisser le bruit», Simone Nerome, la présidente de l’Advocnar (association de défense contre les nuisances aériennes, à l’origine des manifestations), a assuré que c’était «complètement faux». «A Roissy, il y a deux vols de nuit en moins. Sur 162 vols, ce n’est rien», a-t-elle déclaré à l’Associated Press.

Jean-Paul Huchon, le président socialiste de la région Ile-de-France, a souligné pour sa part que ces mesures étaient insuffisantes et que M. de Robien «ferait mieux de se préoccuper des vraies améliorations à apporter».
«La première, ce serait d’interdire les vols de nuit tout de suite, le couvre-feu jusqu’à six heures du matin, de permettre à l’aéroport de Vatry (Marne) de développer le fret pour dégager Roissy et les nuisances aéroportuaires», a expliqué M. Huchon à l’AP.

«M. de Robien devrait enfin remettre sur le chantier un troisième aéroport, une troisième plate-forme, ou un système de TGV extrêmement performant dans les villes de province, mais en tout cas ne pas rester les bras ballants parce qu’on sait très bien que si rien n’est fait, un jour ou l’autre, on nous imposera l’extension du trafic de Roissy», a-t-il ajouté.

La présidente de l’Advocnar a affirmé quant à elle que les promesses étaient oubliées à chaque changement de gouvernement. «Ce qui exaspère les populations, c’est les engagements non tenus, les revirements. Tous les deux ans, on nous propose un leurre nouveau. Il y a des effets d’annonce, mais en réalité, notre situation s’aggrave».
«Ce qu’on demande, c’est qu’il y ait vraiment une décision qui soit prise, qu’on s’y tienne, qu’on mette en chantier ce troisième aéroport. Et en attendant, qu’on transfère le transport de fret sur un aéroport spécialisé, à Vatry, qu’on arrête les vols de nuit, qu’on améliore les procédures d’approche», a-t-elle souligné.

«Dans la journée on supporte parce qu’il y a d’autres bruits ambiants, mais la nuit, c’est insupportable», a lancé Monique Trollé, qui habite depuis 25 ans à Franconville (Val-d’Oise), près de l’aéroport de Roissy. «Je suis réveillée plusieurs fois par nuit par un bruit assourdissant et répétitif», a-t-elle affirmé, en précisant que la situation avait empiré depuis quatre ou cinq ans. «Je me pose la question de savoir si je resterai encore, et je ne suis pas la seule à envisager de déménager».

© Le Nouvel Observateur 2004