Rififi wallon autour du dossier DHL

LE SOIR ONLINE du 24 DECEMBRE 2003

David Coppi

Rififi wallon autour du dossier DHL. Serge Kubla (MR), ministre de l’Economie, et Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS), ministre-président, ne sont pas du tout sur la même longueur d’onde.

Le premier ne veut pas entendre parler du transfert d’une part des activités de la société de courrier express de Bruxelles-National à Liège-Bierset, ni à Chièvres, ou dans tout autre aéroport wallon. Le second, lui, y est totalement ouvert.

L’on sait que DHL veut investir à Bruxelles-National, et que la société menace de quitter la Belgique si sa demande est refusée (« Le Soir » de mardi).

Problème : le gouvernement fédéral ne peut envisager d’accroître les vols de nuit à Bruxelles au moment où il éprouve les pires difficultés à tenter de les réduire. Alors, la solution par les Régions ?

Le ministre wallon de l’Economie l’a dit tout net hier à Bert Anciaux, ministre fédéral de la Mobilité : l’aéroport de Liège-Bierset affiche complet. Serge Kubla a été très clair devant la presse à l’issue de leur entrevue : Est-il encore possible pour DHL d’étendre ses activités en Belgique ? C’est compliqué. Nous avons un territoire petit et dense. Nous avons, à Liège, une forme de contrat prioritaire avec TNT. Si cette société devait revoir ses plans (TNT veut investir à Bierset et a promis la création de 400 emplois, NDLR), je reverrais nos priorités, mais à l’heure actuelle, je privilégie la confiance en TNT. Dans les conditions actuelles, il n’y a pas de place pour DHL.

Aussitôt ces propos avaient-ils été rendus publics qu’Olivier Vanderijst, le chef de cabinet de Jean-Claude Van Cauwenberghe, au sortir d’une rencontre entre le ministre-président et une délégation de DHL, a tenu à nous faire entendre son point de vue. Il est très différent.

Pour Vanderijst en effet, si DHL ne devait pas rester à Bruxelles, il serait du devoir du gouvernement wallon d’examiner toutes les possibilités de développement de la société en Wallonie. Il faut considérer l’effet positif pour tout le monde, en termes d’emplois, du maintien d’une localisation en Belgique. Toutes les Régions ont intérêt à ce que la société reste dans le pays. La Région wallonne est prête donc à chiffrer les investissements nécessaires à Liège-Bierset ou à Chièvres (un aéroport militaire, NDLR) pour y voir s’accroître les activités aéroportuaires. Dans la balance, il y a près de 25.000 emplois directs et indirects. Un dossier comme celui-là, ça passe tous les 20 ans ! Il serait irresponsable de ne pas l’étudier rapidement, de ne pas faire une balance coûts-bénéfices, en ce compris le coût des mesures environnementales qui seraient nécessaires.

Mais le contrat TNT à Liège-Bierset n’est-il pas exclusif ? Tout comme Serge Kubla le laisse entendre, le député Ecolo wallon Bernard Wesphael prétend que la société bénéficie à Liège d’un « monopole total ». Faux, répond-on chez Van Cau. La venue éventuelle d’un nouvel opérateur ne peut évidemment pas empêcher le développement de l’actuel, mais il n’est nulle part question d’exclusivité.·