Le chantage à l’emploi

La compagnie aérienne Ryanair menace de délocaliser ses activités de l’aéroport de Charleroi si l’Union Européenne lève le traitement de faveur dont elle bénéficie de la Région Wallonne.

Ce type de chantage n’est pas étonnant. Il semble même être un mode de fonctionnement intrinsèque aux compagnies aériennes qui bénéficient largement des aides publiques, au détriment de l’environnement et de la facture sociale due aux nuisances qu’elles génèrent sur les populations
survolées.

Prenons l’exemple de DHL à Zaventem.
Cette société dit que si les autorités ne mettent pas en place les conditions pour qu’elle atteigne 50.000 vols de nuit par an, elle devra délocaliser son activité. On sait aujourd’hui que déjà avec moins de 25.000 vols nocturnes par an, des dizaines de milliers de riverains, jusqu’à plus
de 10 km de l’aéroport, sont réveillés régulièrement durant la nuit au passage des avions cargo de cette société. Ces compagnies aériennes bénéficient donc deux fois des largesses des autorités publiques : en amont, grâce aux subventions et autres travaux d’aménagement pour faire de
l’aéroport de Zaventem un hub européen. En aval, grâce au laxisme de ces mêmes autorités publiques qui n’empêchent nullement le tapage nocturne du à ces activités.

Le chantage à l’emploi, mais quel emploi ?
Etant donné qu’ à la moindre contrariété, ces compagnies brandissent la carte de la délocalisation, on peut taxer les emplois qu’elle proposent de précaires. L’incertitude pour le travailleur est de ne pas savoir si la compagnie qui l’emploie sera toujours là dans 6 mois. La flexibilité totale est aussi un crédo de ces compagnies : travail de nuit, travail à temps partiel, just-in-time exercent un pression sur les conditions de travail des employés de ces compagnies.

Le transport aérien, le plus nuisant au kilomètre parcouru. Autant du point de vue des rejets en gaz NoX, que du point de vue des nuisances engendrées, le transport aérien est le mode de transport le plus nocif au kilomètre parcouru comparé à tous les autres modes qu’ils soient fluviaux, maritimes, ferrovière ou même routier. Bruxelles est au centre d’un noeud ferrovière les plus dense d’Europe. En favorisant le développement de l’activité aéroportuaire au détriment d’un transport marchandise ferrovière performant,
les différents gouvernements belges successifs ont délibérément avantagé un secteur économique au détriment d’un autre, en contradiction même avec toute norme de respect de la compétition entre acteurs économiques. Les autorités ont aussi favorisé la création d’emplois précaires et volatiles au détriment d’emplois non délocalisables et sans doute sabordé le secteur marchandise de la SNCB, qu’il soit bientôt privatisé ou non.

Les autorités publiques, responsables d’un drame social.
Il est évident que la cessation d’activités à Zaventem d’une compagnie telle que DHL ferait perdre quelques centaines d’emploi directs. Ce n’est évidemment pas souhaitable. Mais c’est justement le développement anarchique de l’aéroport qui met ces emplois en danger. Les autorités publiques ont manqué gravement de vision en ne voulant pas assumer que l’aéroport de Zaventem est un aéroport urbain, dont la piste principale est tournée
directement sur le centre de la capitale du deuxième pays le plus peuplé au kilomètre carré au monde. Des activités aérienne de courrier express nocturne, de hub ou de freight n’ont rien à faire à Zaventem Airport.

Bruxelles Air Libre Brussel
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