Pourquoi la Belgique risque de voir affluer les Néerlandais dans ses aéroports ?

lalibre.be
28 décembre 2022

Le triplement de la taxe aérienne aux Pays-Bas et la limitation des mouvements à Schiphol pourraient pousser de nombreux voyageurs Néerlandais à prendre l’avion depuis la Belgique.

Les images de chaos et d’énormes files à l’aéroport amstellodamois cet été avaient déjà marqué les esprits. Et poussé certains dirigeants à prendre des décisions radicales. Le géant turc des vacances Corendon a ainsi choisi de “troquer” Schiphol pour Zaventem la saison prochaine, en doublant sa capacité à l’aéroport de Bruxelles (260 000 sièges), tandis que celle d’Amsterdam diminuera fortement.“À Bruxelles, nous pouvons offrir aux gens des vacances sûres”, annonçait récemment le patron de Corendon, Atilay Uslu, dans la presse néerlandaise.

Zaventem possède la capacité que Schiphol n’a plus

Contacté par La Libre, Tui, autre mastodonte du tourisme européen, explique avoir également déplacé certains vols depuis les Pays-Bas vers Liège et Bruxelles l’été et l’automne derniers. “Cela a été rendu nécessaire par la restriction des vols imposée par Schiphol, développe Petra Kok, la porte-parole pour Tui Nederland. Nous ne voulions absolument pas devoir annuler les vacances de nos voyageurs. Mais notre base reste Schiphol et les aéroports régionaux de Rotterdam, Eindhoven et Groningen. Les clients qui souhaitent prendre l’avion à partir d’un aéroport belge seront très bien servis par TUI Belgium.”

Ce serait ce même problème de saturation aux Pays-Bas qui aurait poussé une autre compagnie néerlandaise, Transavia, la filiale low cost de KLM, à venir s’installer cet été à Zaventem. Une arrivée saluée à l’époque par Arnaud Feist, le patron de Brussels Airport.“Nous avons toute la capacité qu’on veut pour baser de nouveaux avions ici”, expliquait ce dernier. “Même en 2019, année record pour Brussels Airport avec 26,4 millions de voyageurs en un an, nous étions à moins de la moitié de notre capacité”.

Des milliers d’emplois perdus ?

Du côté belge, on estime que cette limitation de capacité est la principale raison de ces transferts néerlandais vers notre pays. L’augmentation de la taxe d’aviation chez nos voisins (qui passera de 7,95 euros à 26,43 euros pour tout passager au départ d’un aéroport néerlandais, NdlR) ne devrait avoir que de faibles répercussions sur les opérations de Brussels Airport, explique l’aéroport. Le ton est plus alarmiste du côté de l’Iata, l’association du transport aérien international, selon laquelle “la taxe proposée”pourrait coûter “environ 5 milliards de dollars de PIB et 62 000 emplois” aux Pays-Bas. “Cela nuira au dynamisme de l’économie néerlandaise et à son influence internationale, qui dépendent largement de la connectivité aérienne mondiale des Pays-Bas.” D’après l’association, le montant de cette taxe (26,43 euros) correspond à 25 % du prix moyen d’un ticket d’avion en Europe et aurait donc de quoi refroidir plus d’un passager.

Les aéroports remis en question en Belgique aussi

À l’aéroport de Charleroi, où un peu moins d’un passager sur dix est actuellement Néerlandais, on s’attend aussi à voir cette proportion augmenter dans les prochains mois. Notons toutefois qu’une taxe environnementale a aussi été introduite en Belgique depuis avril dernier et que le débat reste très vif sur les développements et les nuisances sonores des aéroports belges, spécialement ceux de Liège et Bruxelles. Ce dernier va d’ailleurs revoir totalement son système de redevances aéroportuaires en avril prochain, avec pour objectif de faire payer davantage les avions les plus polluants et les plus bruyants. De quoi redorer quelque peu son image auprès des riverains ?