Le sort de l’aéroport national est une affaire flamando-flamande. Pour l’instant, les francophones ne sont pas consultés.

lalibre.be
01 février 2022

Le sort de l’aéroport national est une affaire flamando-flamande. Faut-il limiter le nombre de vols à Zaventem ou y interdire les avions les plus polluants ? La Flandre choisira. Pour l’instant, les francophones ne sont pas consultés.

Brussels Airport a jusqu’au 8 juillet prochain pour introduire un nouveau permis d’environnement, sous peine de ne plus pouvoir opérer.

On risque de parler beaucoup de l’aéroport de Bruxelles dans les prochains mois. La direction de Brussels Airport doit ainsi introduire un nouveau permis d’environnement avant le 8 juillet prochain, soit un an avant la fin de la validité son permis actuel. Sans ce précieux sésame, qui sera valable vingt ans, plus aucun avion ne peut atterrir ou décoller à Zaventem. On l’a vu très récemment avec l’aéroport de Liège, ce type de permis est loin d’être acquis. Entre enjeux environnementaux et économiques, le débat est vif. Il le sera d’autant plus à Zaventem vu la situation particulière de l’aéroport, national : l’État Fédéral y est actionnaire à hauteur de 25 % mais les infrastructures sont situées sur le territoire flamand, et les plaintes pour nuisances sonores viennent des trois Régions (et les amendes de Bruxelles). Bref, tous les ingrédients sont réunis pour une énième saga politique dont notre pays a le secret.

Pour l’heure, c’est la Flandre qui a la main. Le gouvernement flamand, et plus particulièrement la ministre de l’Environnement Zuhal Demir (N-VA), a ainsi la compétence d’octroyer le permis indispensable à l’aéroport. Comme à Liège, le document pourrait mettre un frein à la croissance de Zaventem, en déterminant un nombre limite de vols autorisés par an, ou en interdisant les avions les plus polluants, par exemple.

Un problème d’émission d’azote et un flou en Flandre

Du côté de Brussels Airport, la pression monte. La direction met sa touche finale à sa demande. “Nous nous préparons depuis des années à cette échéance, explique la porte-parole Nathalie Pierrard. Sans doute que nous rentrerons notre dossier ce printemps, soit avant la date limite”. L’aéroport se dit conscient des enjeux environnementaux. “Mais nous sommes un aéroport et oui, notre but est d’accueillir davantage de passagers et de compagnies à l’avenir. C’est crucial pour l’économie et l’emploi en Belgique. Cette croissance doit pouvoir se faire en limitant au maximum l’impact sur l’environnement. La situation n’est plus la même qu’en 2004, lors de l’octroi de notre permis actuel Nous en tenons compte”.

L’aéroport veut devancer les critiques (”les recours seront inévitables”) en présentant, en même temps que sa demande de permis, une étude d’incidence environnementale par rapport à ses projets de croissance. Une étude…. dont les premiers résultats ont déjà fuité dans la presse flamande ce mercredi. L’étude pointe ainsi des émissions d’azote élevées dans certaines zones naturelles en cas de développement de l’aéroport. Mais l’exécutif flamand semble être dans le flou sur ce sujet. “Comme tout secteur, nous avons besoin d’un cadre réglementaire en ce qui concerne l’azote. C’est pourquoi il est important qu’un décret juridiquement sûr soit voté à court terme au niveau flamand”, indique, de son côté, l’aéroport.

Bruxelles et la Wallonie hors des enquêtes publiques

Pour l’instant, le sort de l’aéroport national est donc une affaire flamando-flamande. Juste après la demande de permis de Brussels Airport, une enquête publique et des sessions d’informations auront lieu dans les quatre communes jouxtant l’aéroport à savoir (Steenokkerzeel, Kortenberg, Zaventem et Machelen). Des recours pourront être alors introduits auprès du gouvernement flamand. Il n’est pas encore clair, à ce stade, si la ministre Demir étendra ce type d’enquêtes à d’autres riverains touchés par les nuisances sonores, dont ceux habitant les communes bruxelloises et des Brabants flamand et wallon. La ministre veut aller vite. Elle s’est donnée jusqu’à la fin de l’année pour trouver un compromis sur ce dossier explosif. Les onze prochains mois s’annoncent agités du côté de Zaventem.