Lesoir.be 03 février 2023
C’est, théoriquement, la protection d’un bois classé en réserve naturelle protégée qui pourrait menacer le renouvellement du permis d’environnement de l’aéroport national. Ou le jeu d’équilibre entre partis politiques flamands.Depuis mercredi dernier et une émission sur VTM à laquelle participait la ministre flamande de l’Environnement,Zuhal Demir (N-VA), l’aéroport national sait que le renouvellement de ses conditions de fonctionner pour les vingt prochaines années est théoriquement lié à la préservation du Floordambos, un espace naturel préservé de 7 hectares qui démontre à qui veut s’y promener que Melsbroek peut être autre chose qu’une base aérienne militaire : un lieu populaire car son contour fait partie d’une route cycliste (Witloofroute) assez connue et une zone humide, marécageuse et composée de feuillus qui abrite une biodiversité assez intéressante et riche, tant pour la faune que la flore, malgré sa proximité avec le milieu urbain. Le Floordambos fait aussi partiede la Groene Vallei (vallée verte), une zone verte plus large qui relie Bruxelles,Louvain et Malines. Quel rapport avec l’aéroport voisin ?Depuis un an, la Flandre se dispute à propos d’un plan « azote » qui fait suiteà un rapport européen démontrant qu’elle est un très mauvais élève en la matière. Un plan visant à réduire la production d’azote est en discussion depuis février 2022. Il comprend la fermeture d’exploitations agricoles puisque le lisier est une source importante d’oxydes d’azote (NOx).Une exception pour l’aéroport ?A plus petite échelle, les moteurs d’avion sont aussi des producteurs de ces oxydes d’azote issus de la combustion dans les réacteurs, à l’atterrissage, au décollage (le plus important) mais aussi dans les déplacements sur le tarmac. « Les avions émettent des oxydes d’azote qui finissent toujours par retomber, sur le sol ou sur la mer quand ilssont émis en haute altitude, mais plus près de la zone d’émission quand ils sont émis à proximité », résume Frans Fierens de la cellule interrégionale de l’environnement (Celine). Comme l’Europe impose la protection des zones naturelles des différentes sources de pollution dont les oxydes d’azote, le bois situéà proximité de l’aéroport est une cible à surveiller.« Le danger, ce n’est pas uniquement les polluants émis par les avions, c’est le cumul et la combinaison de toutes les sources d’azote réactif qui mettent la nature en danger », explique Wouter Lefebvre, spécialiste de la qualité de l’airau Vito (l’Institut flamand de conseils et d’études en développement durable). S’y ajoutent donc les émissions, plus importantes encore, des nombreuses voitures qui passent sur la E19 voisine du bois et de l’aéroport. « Mais l’autoroute ne doit pas renouveler son permis, elle. Les émissions polluantes du trafic routier sont en diminution et sont prises en charge avec les mesures génériques sur l’azote. L’aéroport, comme tout autre joueur qui a besoin d’un permis doit respecter les règles européennes et démontrer que son permis ne causera pas de dégâts à la nature environnante. »Les discussions politiques qui en- tourent ce dossier portent sur la possibilité de la Flandre d’accorder une exception à l’aéroport qui imposerait alors des compensations en termes de zones protégées ou encore de l’utilité de contraindre les agriculteurs à des efforts si l’aéroport ne doit pas en faire. Depuis un an maintenant, le gouvernement flamand n’arrive pas à se mettre d’accord. La sortie/menace de la ministre N-VAde l’Environnement d’accorder le nou veau permis à l’aéroport est perçuecomme une pression supplémentaire.Pendant ce temps-là, avant d’entamerréellement la procédure de renouvellement de son permis, l’aéroport de Bruxelles réclame de pouvoir la baser sur une législation « azote » claire. Un souhait que le Premier ministre De Croo et le ministre fédéral de la Mobili- té Gilkinet ont répété ce jeudi à la Chambre.