lpost.be 28 février 2023
La ministre flamande de lâEnvironnement, Zuhal Demir (N-VA) a annoncĂ© la dĂ©cision du Gouvernement flamand de se joindre au recours introduit par 12 communes flamandes et nĂ©erlandaises au conseil dâEtat contre le nouveau permis unique de LiĂšge Airport. Dans le mĂȘme temps, elle estime que les communes bruxelloises nâont pas voix au chapitre en ce qui concerne les plans de dĂ©veloppement de Brussels Airport. Toute la procĂ©dure relative Ă la demande de renouvellement du permis de lâaĂ©roport introduite par Brussels Airport Company, gestionnaire du site, est pilotĂ©e par lâexĂ©cutif flamand, sans consultation des communes bruxelloises et de leurs habitants. La participation Ă lâenquĂȘte publique leur est refusĂ©e et aucun document liĂ© Ă la procĂ©dure nâest disponible en français. Or, les communes bruxelloises et leurs habitants sont victimes des nuisances sonores gĂ©nĂ©rĂ©es par lâactivitĂ© de Brussels Airport. Vous avez dit double discours ou bienvenue au pays du surrĂ©alismeâŠ
Brussels Airport Company, la sociĂ©tĂ© gestionnaire de lâaĂ©roport de Bruxelles-National (situĂ© sur le territoire de la commune de Zaventem) doit renouveler avant le 8 juillet 2024 son permis dâenvironnement et dâexploitation. Un an et demi Ă lâavance, elle a entamĂ© un lobbying agressif pour sensibiliser les principaux acteurs flamands sur ce rendez-vous important pour la poursuite des activitĂ©s de lâaĂ©roport national. Mais les communes bruxelloises et leurs mandataires politiques sont ignorĂ©s. En novembre dernier, lors de la discussion de la note de politique gĂ©nĂ©rale 2023 du ministre fĂ©dĂ©ral de la MobilitĂ©, Georges Gilkinet (Ecolo), seuls les parlementaires flamands sont montĂ©s au front contre cette note et contre toute mesure visant Ă mieux maĂźtriser le bruit et la pollution du trafic aĂ©rien depuis Zaventem.
Ces dĂ©putĂ©s flamands disposaient tous dâune note de Brussels Airport Company et des compagnies aĂ©riennes, rĂ©digĂ©e exclusivement en nĂ©erlandais. Ils semblaient rĂ©citer, mot pour mot, lâargumentaire de la sociĂ©tĂ© de gestion de lâaĂ©roport national plaidant pour son dĂ©veloppement : nous sommes le second pĂŽle Ă©conomique de la Flandre, les Ecolos vont tuer lâaviation, lâaĂ©roport a fait des efforts considĂ©rables, les compagnies aĂ©riennes ont besoin de temps pour changer leurs avions, les normes de bruit bruxelloises tuent lâaĂ©roport lentement. Pas le moindre document rĂ©digĂ© en français, aucun parlementaire francophone nâa Ă©tĂ© contactĂ©. Brussels Airport Company semble avoir pris langue avec les politiques flamands, principalement la N-VA, pour agir ensemble contre toute Ă©ventuelle vague de protestation.
La Flandre doit ĂȘtre consultĂ©e pour LiĂšge AirportâŠ
Aujourdâhui, on assiste ouvertement au double discours de la ministre flamande de lâEnvironnement, Zuhal Demir (N-VA). Pour elle, la dĂ©livrance du permis dâenvironnement Ă©tant une compĂ©tence exclusive du pouvoir rĂ©gional flamand, par consĂ©quent, pas question consulter les Bruxellois dans le cadre de la procĂ©dure de renouvellement du permis de Bruxelles-National. Dans le mĂȘme temps, elle se joint aux recours introduit par 12 communes flamandes et nĂ©erlandaises au Conseil dâEtat contre le permis dâenvironnement dĂ©livrĂ© par les autoritĂ©s wallonnes Ă LiĂšge Airport. Elle estime que les impacts environnementaux de lâactivitĂ© de lâaĂ©roport wallon sur la Flandre nâont pas Ă©tĂ© assez Ă©tudiĂ©s.
Dans ce dossier, Zuhal Demir fait preuve dâignorance : elle soutient au Parlement flamand quâil y a une loi sur les procĂ©dures sur le tarmac bruxellois quâil faut modifier. Or, aucune loi de ce type nâexiste. Selon des observateurs avertis, elle confond les normes et les niveaux de bruit. La ministre flamande dit vouloir maĂźtriser le bruit au sol autour de Zaventem, mais refuse dâimposer la construction dâun mur anti-bruit.
DĂ©FI Ă lâattaque sur le dossier de Brussels Airport
Benoßt Cerexhe (Les Engagés), bourgmestre de  de Woluwe-Saint-Pierre, a tiré le premier pour exiger la consultation des communes bruxelloises et des Bruxellois sur les plans de croissance du trafic aérien à Zaventem.
A lâinitiative de lâĂ©lu communal, Charles Six (DĂ©FI), le Conseil communal de Woluwe-Saint-Lambert a adoptĂ©, Ă lâunanimitĂ© en sĂ©ance du 20 mars 2023, une motion visant Ă exiger la prise en compte de lâavis de la RĂ©gion bruxelloise, des communes bruxelloises et de leurs habitants dans le cadre de la procĂ©dure de renouvellement du permis dâenvironnement de lâaĂ©roport de Bruxelles-National par les autoritĂ©s rĂ©gionales flamandes. Pour rappel, Brussels Airport company (BAC) doit introduire avant le 8 juillet 2023 une demande de renouvellement du permis dâenvironnement de lâaĂ©roport, accompagnĂ©e dâune Ă©tude dâincidences environnementales, auprĂšs des autoritĂ©s rĂ©gionales flamandes Ă©tant donnĂ© que son permis actuel arrivera Ă Ă©chĂ©ance en juillet 2024.
Ce sont les autoritĂ©s rĂ©gionales flamandes qui sont compĂ©tentes pour lâinstruction de la demande. Elles ont en lâoccurrence prĂ©vu dâorganiser une enquĂȘte publique et des sessions dâinformation uniquement pour les habitants des deux communes sur lesquelles est implantĂ© lâaĂ©roport (Zaventem, Kortenberg) et ceux des deux autres communes jouxtant lâaĂ©roport (Steenokkerzeel, Machelen).Les Bruxellois, victimes du bruit des avions de Zaventem
Si les infrastructures de lâaĂ©roport sont situĂ©es sur le territoire de la rĂ©gion flamande, lâexploitation de lâaĂ©roport, notamment lâusage de ses pistes dâatterrissage et de dĂ©collage, engendre des nuisances pour les riverains de lâaĂ©roport domiciliĂ©s dans dâautres communes que celles mentionnĂ©es ci-avant, mĂȘme si ces communes ne sont pas en RĂ©gion flamande. Les habitants dâune commune comme Woluwe-Saint-Lambert sont survolĂ©s par prĂšs de 50 % des avions au dĂ©collage. DâaprĂšs le rapport du service de mĂ©diation du Gouvernement fĂ©dĂ©ral, 30.000 avions ont survolĂ© cette commune en 2022 et ces chiffres risquent encore dâaugmenter en 2023 pour se rapprocher de ceux dâavant la pandĂ©mie Covid. Les communes bruxelloises et leurs habitants sont donc pleinement concernĂ©s par les activitĂ©s de Brussels Airport et sont en droit de communiquer leurs points de vue, observations et objections conformĂ©ment Ă la lĂ©gislation en la matiĂšre, notamment en application dâune directive du Parlement europĂ©en et du Conseil.La sortie de la ministre flamande Zuhal Demir de ce mercredi 22 mars est donc pradoxale : elle ne peut refuser de consulter les communes bruxelloises sur le dĂ©veloppement de Brussels Airport et, en mĂȘme temps, introduire en recours contre LiĂšge Airport sous prĂ©texte quâelle nâa pas Ă©tĂ© consultĂ©e.