Lecho.be 25/11/2019
Une plus grande partie des coûts du contrÎle aérien sera répercutée dans les redevances « en route » à partir du 1er janvier. Les tarifs pour atterrir et décoller dans les aéroports belges vont donc diminuer. La mesure va notamment impacter Ryanair, le plus gros « client » de skeyes en Belgique.
DĂšs le 1er janvier prochain, les prix du contrĂŽle aĂ©rien vont significativement Ă©voluer en Belgique, a appris LâEcho. LâidĂ©e est de rendre plus compĂ©titifs les aĂ©roports belges en rendant les mouvements sur les aĂ©roports moins chers et en reportant une partie des coĂ»ts de lâ »approche » sur le contrĂŽle aĂ©rien des avions « en route » dans le ciel belge.
« Câest un transfert vers lâattractivitĂ© des rĂ©gions payĂ© par tous les avions qui passent en Belgique. Dans la nouvelle mĂ©thode, la partie de lâapproche sera intĂ©gralement intĂ©grĂ©e dans le tarif en route et seule la partie vraiment âterminalâ sera encore facturĂ©e par les tours de contrĂŽle. Cela veut dire que les tarifs pour dĂ©coller et atterrir seront plus bas et ceux pour transiter seront plus Ă©levĂ©s« , explique Johan Decuyper, CEO de skeyes (ex-Belgocontrol).
Seule la partie dans le pĂ©rimĂštre direct de lâaĂ©roport sera encore directement facturĂ©e pour les vols qui atterrissent et dĂ©collent des aĂ©roports belges.
Le contrĂŽle aĂ©rien est sĂ©parĂ© en trois phases. Une phase dans le giron direct des tours de contrĂŽle des aĂ©roports, une phase « en approche » et une derniĂšre phase « en route ». En fonction des aĂ©roports, cette phase dâapproche est gĂ©rĂ©e soit directement par les tours de contrĂŽle, comme Ă Charleroi ou LiĂšge, soit par des contrĂŽleurs dans des salles comme Ă Steenockerzeel. Peu de gens savent en effet quâĂ Zaventem le gros des troupes de contrĂŽleurs aĂ©riens ne se situe pas dans la tour de contrĂŽle adjacente Ă lâaĂ©roport national, mais dans le centre de contrĂŽle aĂ©rien, Canac 2.
Un avion qui réalise un Bruxelles-Madrid paiera ainsi 10% de moins dÚs le 1er janvier.
Favoriser les aéroports
Dans la nouvelle tarification, lâidĂ©e est de mettre lâensemble des coĂ»ts dâapproche dans les coĂ»ts « en route » et plus rien dans les coĂ»ts liĂ©s aux terminaux, quel que soit le contrĂŽleur qui sâoccupe des avions. Ce faisant, tous les vols qui empruntent le ciel belge vont se partager les coĂ»ts de cette portion du contrĂŽle aĂ©rien. Seule la partie dans le pĂ©rimĂštre direct de lâaĂ©roport sera encore directement facturĂ©e pour les vols qui atterrissent et dĂ©collent des aĂ©roports belges.
La proportion des redevances payĂ©es entre lâ »en route » et le terminal dĂ©pend beaucoup de la taille de lâespace aĂ©rien gĂ©rĂ© par les tours de contrĂŽle. Ă Zaventem, Ă peine 20% de la redevance est facturĂ©e par le terminal. Ă lâinverse, Ă lâaĂ©roport dâAnvers, 100% des coĂ»ts sont liĂ©s au terminal. Ă Charleroi, on parle de 77% pour le terminal et 23% pour lâ »en route » et Ă LiĂšge de 62% pour le terminal et 38% pour lâ »en route ».
Ă Zaventem, une partie de lâapproche Ă©tait dĂ©jĂ intĂ©grĂ©e aux tarifs « en route ». En intĂ©grant la partie restante de lâapproche dans lâ »en route », cela va se traduire directement par un gain de compĂ©titivitĂ©. Un avion qui rĂ©alise un Bruxelles-Madrid paiera ainsi 10% de moins dĂšs le 1er janvier.
Dans le cas des aĂ©roports wallons, la part du lion des gains se situe au niveau du contribuable. Pour un LiĂšge-Tel Aviv par exemple, le prix du contrĂŽle aĂ©rien coĂ»te plus de 1.000 euros en Belgique. Avec les nouveaux tarifs, il sera divisĂ© par deux. Sur un vol europĂ©en typique Ă Charleroi, le coĂ»t va passer de 354 euros Ă 186 euros. Il faudra donc avoir un dĂ©bat politique pour savoir qui va bĂ©nĂ©ficier de la diminution de coĂ»ts du contrĂŽle aĂ©rien en Belgique. Aujourdâhui, RĂ©gions et FĂ©dĂ©ral coupent environ la poire en deux dans les aĂ©roports wallons.
Nous sommes un des derniers pays Ă prendre cette mesure, ce qui permettra de jouer sur un pied dâĂ©galitĂ© avec les pays limitrophes.
En attendant l’avis des autoritĂ©s europĂ©ennes
Les nouveaux tarifs auront cours pour la pĂ©riode 2020-2024. « Dans le plan de performance europĂ©en, on doit rentrer nos coĂ»ts et nos prĂ©visions de trafic. On a donc changĂ© lâanalytique des coĂ»ts de la partie de lâapproche », dĂ©taille Geoffray Robert, en charge de la stratĂ©gie et de la performance chez skeyes.
Les nouveaux prix ont Ă©tĂ© proposĂ©s aux autoritĂ©s europĂ©ennes par la direction gĂ©nĂ©rale Transport aĂ©rien (DGTA) et son ministre de tutelle, François Bellot (MR). Les autoritĂ©s europĂ©ennes doivent se prononcer dĂšs fĂ©vrier, mais les tarifs seront dâapplication dĂšs janvier. Il y a peu de chance que les tarifs soient refusĂ©s dans la mesure oĂč cette façon de faire a dĂ©jĂ Ă©tĂ© actĂ©e par plusieurs pays limitrophes.
« Je suis arrivĂ© fin 2013 et les tarifs 2014-2019 Ă©taient dĂ©jĂ introduits et il nâĂ©tait plus possible de changer. Nous sommes un des derniers pays Ă prendre cette mesure, ce qui permettra de jouer sur un pied dâĂ©galitĂ© avec les pays limitrophes », dĂ©taille Decuyper.
L’impact sur Ryanair
Le plus gros « client » de skeyes, Ă savoir celui qui lui paie le plus dâargent pour le contrĂŽle aĂ©rien en Belgique, est Ryanair. La sociĂ©tĂ© ne paie pas de redevances Ă lâaĂ©roport de Charleroi, mais paie de grosses redevances pour tous ses vols qui passent dans le ciel belge et Ă©galement des redevances Ă lâaĂ©roport de Bruxelles-National. Avec ce changement tarifaire, Ryanair paiera donc davantage pour le contrĂŽle aĂ©rien de ces vols passant dans le ciel belge. Mais la mesure tarifaire de skeyes permet de rĂ©percuter les tarifs de lâapproche sur un nombre consĂ©quent de vols, y compris les long-courriers. Ce qui fait que lâaugmentation unitaire restera raisonnable.
Benjamin EVERAERT