Communiqué de presse de Bruxelles Air Libre Brussel du 26 avril 2019

Bruxelles Air Libre Brussel demande aux partis politiques de faire du survol de Bruxelles un point prioritaire lors des négociations de formation des futurs gouvernements

 L’appel de Bruxelles Air Libre Brussel aux partis politiques en janvier 2019

« Bruxelles Air Libre Brussel » avait lancĂ© en janvier dernier un Appel aux prĂ©sidents des partis politiques francophones et Flamands, comportant 7 propositions trĂšs concrĂštes. Dans son appel, l’asbl dĂ©nonçait les problĂšmes de santĂ© physique et mentale que l’exploitation de l’aĂ©roport de Bruxelles-National provoque depuis des dizaines d’annĂ©es Ă  des centaines de milliers de personnes survolĂ©es, en raison des nuisances sonores et des Ă©missions de particules ultrafines, sans parler des risques de crash. Des solutions pratiques existent, mais Ă©trangement et scandaleusement, ces solutions tardent depuis trop longtemps Ă  ĂȘtre mises en Ɠuvre.

Dans son appel, Bruxelles Air Libre Brussel demandait aux présidents de parti :

  • Le strict respect des normes de l’Organisation Mondiale de la santĂ© (OMS) relatives au bruit des avions, ainsi que de l’arrĂȘtĂ© « bruit » de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale (RBC), avec « tolĂ©rance zĂ©ro » et accĂ©lĂ©ration de la procĂ©dure de perception des amendes.
  • La suppression des vols de nuit, ou Ă  tout le moins la fixation des horaires de nuit de 23h Ă  7h et le strict respect du quota annuel actuel des vols de nuit.
  • La limitation Ă  250.000 mouvements de la capacitĂ© maximum de l’aĂ©roport, notamment en stimulant de meilleures synergies de BAC avec les aĂ©roports rĂ©gionaux (low-cost, fret
).
  • L’utilisation de routes aĂ©riennes qui Ă©vitent le survol des zones densĂ©ment peuplĂ©es (approche Ă©quilibrĂ©e), et en particulier de la RĂ©gion bruxelloise.
  • Le recul de 1800 mĂštres du seuil de la piste 25L, et son utilisation d’une maniĂšre optimale de sorte Ă  rĂ©duire le nombre d’habitants survolĂ©s.
  • La rĂ©alisation d’une Ă©tude sĂ©rieuse sur l’impact des particules ultrafines Ă©mises par le trafic aĂ©rien sur la santĂ© des populations survolĂ©es.
  • L’application au niveau fĂ©dĂ©ral d’une taxe de « transition Ă©cologique » Ă  tous les vols au dĂ©part de l’aĂ©roport, et le soutien au niveau europĂ©en Ă  la crĂ©ation d’une taxe sur le kĂ©rosĂšne.

7 partis ont répondu à Bruxelles Air Libre Brussel : voici la synthÚse !

6 partis francophones (MR, CDH, PS, DĂ©fi, Ecolo, Destexhe) ainsi 1 parti nĂ©erlandophone (le SP-A) ont rĂ©pondu. Leurs rĂ©ponses complĂštes sont disponibles sur notre site internet, et sont synthĂ©tisĂ©es ci-aprĂšs, suivant l’ordre des 7 points de notre Appel.

  1. Normes de l’OMS et normes de bruit de la RĂ©gion

MR, CDH, DĂ©fi, Ecolo, PS et SPA sont pour le strict respect des normes de bruit de la RBC. Destexhe n’en fait pas mention.

Chacune des 6 formations souhaite que les compagnies aériennes qui opÚrent à Bruxelles-National avec des avions bruyants soient sanctionnées financiÚrement. Défi, CDH et PS souhaitent que soit instaurée une limite de tonnage pour les avions autorisés à survoler le territoire bruxellois.

Seul Ecolo demande le respect des normes de bruit de l’OMS (plus sĂ©vĂšres que celle de l’arrĂȘtĂ© Bruit de la RBC).

Defi, PS et Destexhe demandent d’étendre et d’adapter le rĂ©seau des sonomĂštres bruxellois afin d’assurer un bon monitoring des nuisances sonores.

  1. Vols de nuit

MR, CDH et SPA sont pour une limitation des vols de nuit, c’est-Ă -dire l’autorisation de certains avions sur certaines routes sous conditions. Quant aux 4 autres partis, ils sont en faveur d’une suppression complĂšte des activitĂ©s nocturnes, de façon progressive pour le PS.

Pour tous, la nuit doit s’étendre de 22h Ă  7h du matin.

  1. Nombre de mouvements annuels

MR, Ecolo et Destexhe souhaitent une meilleure gestion pour plus de synergie entre tous les aéroports belges. Destexhe demande notamment de limiter le trafic à Bruxelles-National à des avions passagers de lignes réguliÚres.

A ce sujet, DĂ©fi va plus loin en se rĂ©fĂ©rant Ă  une proposition de loi dĂ©posĂ©e en septembre 2018 au parlement fĂ©dĂ©ral : DĂ©fi prĂ©conise le dĂ©veloppement d’une stratĂ©gie aĂ©roportuaire nationale globale pour faire face Ă  l’augmentation inĂ©vitable du trafic aĂ©rien et un survol de plus en plus intensif de la rĂ©gion bruxelloise. Cette nouvelle vision stratĂ©gique Ă  long terme doit ĂȘtre nĂ©gociĂ©e avec l’ensemble des aĂ©roports belges.

Il n’y a rien sur la limitation du nombre de mouvements dans les rĂ©ponses du PS, du CDH et du SPA.

  1. Approche équilibrée

Tous mentionnent l’application d’une approche Ă©quilibrĂ©e pour la rĂ©partition des vols, cĂ d rĂ©duire au maximum le nombre de personnes impactĂ©es en survolant les zones les moins densĂ©ment peuplĂ©es.

Le PS demande de dĂ©finir de nouvelles routes aĂ©riennes Ă  partir de critĂšres d’évitement des zones densĂ©ment peuplĂ©es et des procĂ©dures aĂ©ronautiques objectives et transparentes avec notamment l’obligation d’une Ă©tude de sĂ©curitĂ©, de capacitĂ© et d’impact environnemental. Quant Ă  Destexhe, il suggĂšre plusieurs amĂ©liorations de la situation actuelle au niveau des routes aĂ©riennes.

  1. Configuration des pistes

Le PS et Ecolo ne sont pas opposĂ©s Ă  une modification des infrastructures de Bruxelles-National (par exemple l’allongement ou le dĂ©placement de pistes) alors que 2 partis soutiennent l’allongement de la piste 25L de 1800 m (le CDH et DĂ©fi). Le SPA a pour projet de prolonger les pistes de l’aĂ©roport (sans prĂ©ciser lesquelles ?) pour diminuer les nuisances sonores.

Le MR et Destexhe n’envisagent pas de modifications de la configuration des pistes et, Ă  cet Ă©gard, Destexhe prĂ©conise l’utilisation des pistes prĂ©fĂ©rentielles le plus rĂ©guliĂšrement possible.

  1. Impact des particules fines

Le CDH en parle en prĂ©cisant qu’une Ă©tude a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  l’initiative de FrĂ©mault et qu’il en ressort que le survol de la RĂ©gion n’influence pas ou trĂšs peu le taux de particules fines de la RBC. DĂ©fi souhaite qu’une Ă©tude Ă©pidĂ©miologique soit lancĂ©e afin d’analyser l’impact rĂ©el du survol sur la santĂ© des habitants survolĂ©s. Idem pour Ecolo qui insiste sur la prise en compte des particules «ultrafines» dans cette Ă©tude.

Le MR propose l’interdiction des avions les plus polluants sans fournir de critĂšres prĂ©cis.

Il n’y a rien sur les particules fines dans les rĂ©ponses du PS, de Destexhe et du SPA.

  1. Taxation sur le kérosÚne

Seuls le PS et Ecolo parlent d’instaurer une taxe sur le kĂ©rosĂšne Ă  l’échelle internationale et d’interdire les vols de trĂšs courte distance tout en assurant un meilleur Ă©quilibre des tarifs entre l’offre aĂ©rienne et l’offre ferroviaire. A ce sujet, le SPA prĂŽne l’interdiction des vols pour une distance infĂ©rieure Ă  500 km.

  1. Autres éléments de réponses

Il y a un point important mentionnĂ© dans les rĂ©ponses des 6 partis francophones : ils proposent la crĂ©ation d’une autoritĂ© de contrĂŽle impartiale, neutre et indĂ©pendante qui devra s’assurer de la bonne application par tous les acteurs des procĂ©dures publiĂ©es, qui puissent sanctionner les infractions constatĂ©es en particulier vis-Ă -vis des normes de bruit et qui disposera de moyens techniques et humains pour assurer sa mission.

Le MR propose Ă©galement la mise en place d’un comitĂ© de concertation ou d’accompagnement comprenant tous les acteurs, y compris les associations  de  riverains ; dans le mĂȘme ordre d’idĂ©es, le CDH insiste sur la nĂ©cessitĂ© de garder unis tous les acteurs bruxellois du dossier et de gĂ©rer la problĂ©matique des nuisances en concertation Ă©troite avec les personnes survolĂ©es.

Ensuite, il est question dans les rĂ©ponses du MR, du CDH, de DĂ©fi et du SPA de la fameuse Ă©tude d’incidences imposĂ©e par la justice au gouvernement fĂ©dĂ©ral et dont les rĂ©sultats doivent ĂȘtre pris en compte et devraient permettre de rĂ©duire structurellement et significativement les nuisances sonores de l’aĂ©roport. Etonnamment, PS, Ecolo et Destexhe ne parlent pas de cette Ă©tude.

Enfin, un autre point important est abordĂ© par DĂ©fi et par Ecolo, c’est la mise en place d’un plan d’insonorisation des zones survolĂ©es et la crĂ©ation d’un fonds d’indemnisation en faveur des habitants qui serait alimentĂ© par les compagnies aĂ©riennes en fonction du bruit gĂ©nĂ©rĂ© par leurs appareils en vue de fournir des solutions d’isolation des logements. D’aprĂšs le CDH, un tel fonds existerait mais n’est pas activĂ©.

  1. Eléments supplémentaires propres à chaque parti

MR :

  • Clarification des normes de vent
  • ProcĂ©dure de dĂ©collage (CCO) et d’atterrissage (CDO)
  • Partenariat socio-Ă©conomique entre BAC et la RBC.

CDH :

  • Justification du bilan significatif de la Ministre FrĂ©mault dans le dossier du survol (notamment la multiplication des sonomĂštres et l’introduction de 4 actions en justice contre le FĂ©dĂ©ral pour le respect de l’arrĂȘtĂ© Bruit).
  • ProcĂ©dures de dĂ©collage et d’atterrissage imposant aux avions de monter et descendre plus vite et le dĂ©marrage en bout de piste.

Ecolo

  • RĂ©tablissement de normes de vent conformes aux recommandations internationales afin de garantir les meilleures conditions de sĂ©curitĂ© et de limitation des nuisances sans survoler la Capitale Ă  l’atterrissage.
  • Mise en place d’incitants financiers intĂ©grĂ©s aux redevances de dĂ©collage et d’atterrissage, et diminution progressive des subventions directes et indirectes accordĂ©es aux aĂ©roports et compagnies aĂ©riennes.
  • IntĂ©gration des vols intra-europĂ©ens dans le systĂšme europĂ©en d’échange de quotas d’émission de gaz Ă  effet de serre.
  • Obligation de recrutement du personnel des compagnies aĂ©riennes basĂ© en Belgique sur la base de contrats de droit belge.

DĂ©fi et Destexhe demandent la suppression du survol de la zone du canal.

 Commentaires de « Bruxelles Air Libre Brussel » : des promesses encourageantes et des silences inquiétants

L’asbl se rĂ©jouit que l’ensemble des partis semblent conscientisĂ©s par la problĂ©matique du survol de Bruxelles, et qu’ils insistent tous sur l’impĂ©rative nĂ©cessitĂ© d’éviter les zones les plus densĂ©ment peuplĂ©es (approche Ă©quilibrĂ©e) pour des raisons de nuisances sonores et pour des raisons de santĂ©. Ce point de vue -partagĂ© par l’ensemble- est d’autant plus important que le critĂšre de densitĂ© de population n’est toujours pas repris dans le choix des pistes contrairement Ă  ce qu’impose la lĂ©gislation europĂ©enne.

L’asbl se rĂ©jouit que les partis s’accordent pour maintenir et faire respecter l’ArrĂȘtĂ© Bruit de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale (RBC), ce qui signifie qu’ils reconnaissent la nĂ©cessitĂ© de cadrer l’exploitation de l’aĂ©roport. En fonction des partis, les moyens proposĂ©s diffĂ©rent lĂ©gĂšrement, certains insistent sur l’un ou l’autre des points suivants :

  • L’adaptation du rĂ©seau des sonomĂštres et l’application des sanctions financiĂšres
  • La limitation du tonnage et du Quota Count des avions
  • L’interdiction des avions les plus polluants
  • La limitation, voire la suppression des vols de nuit
  • L’allongement de la piste 25L (de 1800 m) pour Ă©viter le survol de la RĂ©gion de Bruxelles.
  • La constitution d’un fonds pour indemnisation des victimes.
  • ProcĂ©dure de dĂ©collage et d’atterrissage plus rapide et de dĂ©collage en bout de piste
  • Interdiction des « sauts de puce »

Bien que la plupart des partis prĂ©conisent le dĂ©veloppement d’une stratĂ©gie aĂ©roportuaire ‘nationale’ (et donc un dispatching des activitĂ©s), aucun des partis hĂ©las ne propose une limitation de nombre de mouvements annuels. Comme s’il allait de soi que le trafic aĂ©rien pourrait ĂȘtre autorisĂ© Ă  augmenter indĂ©finiment. Cette logique n’est pas questionnĂ©e du tout. Elle va pourtant Ă  l’encontre de l’urgence des dĂ©fis â€˜Ă©cologiques’ auxquels notre planĂšte est soumise. Dans cette logique, seuls le PS et Ecolo dĂ©fendent l’idĂ©e de taxer le kĂ©rosĂšne et d’encourager l’offre ferroviaire.

Seul Ecolo parle de mettre en place des incitants financiers dans le but de diminuer l’impact nĂ©gatif du transport aĂ©rien et d’intĂ©grer les vols intra-europĂ©ens dans le systĂšme europĂ©en d’échanges de quotas d’émission de gaz Ă  effet de serre. Ecolo propose aussi d’obliger les compagnies Ă  recruter leur personnel sur base de contrats de droit belge, incluant par lĂ  une dimension sociale Ă  son projet (nĂ©cessaire contribution Ă  la SĂ©curitĂ© sociale).

En termes de santĂ© des citoyens, bien que sensibilisĂ©s Ă  la question, les partis restent sur des positions mitigĂ©es : elles se situent entre la reconnaissance d’un faible impact du survol sur l’augmentation des particules fines, et la reconnaissance de la nĂ©cessitĂ© d’effectuer une Ă©tude Ă©pidĂ©miologique et de prendre en compte les particules ‘ultrafines’.

Vu l’extrĂȘme complexitĂ© de ce dossier, tous participent de l’idĂ©e de crĂ©er une autoritĂ© de contrĂŽle impartiale, indĂ©pendante et transparente, espĂ©rant ainsi probablement se dĂ©charger de prises de positions communautaires dĂ©licates. Etant donnĂ© les intĂ©rĂȘts divergents, certains prĂ©conisent aussi de crĂ©er un comitĂ© de concertation rĂ©unissant tous les acteurs.

Soulignons 2 prises de position intéressantes :

  • Celle du PS qui rappelle l’obligation d’éviter les zones densĂ©ment peuplĂ©es et d’obtenir une Ă©tude d’impact lors de la dĂ©finition de nouvelles procĂ©dures aĂ©riennes.
  • Celle d’Ecolo qui souligne que les normes de vent doivent ĂȘtre conformes aux recommandations internationales pour les atterrissages et dĂ©collages Ă  Bruxelles.

En conclusion

Bruxelles Air Libre Brussel espĂšre que ces prises de positions des diffĂ©rents partis vont se transformer en engagement ferme de les mettre en Ɠuvre ! L’asbl identifie trois moments-clĂ©s oĂč les partis pourront faire preuve de volontarisme pour respecter leurs engagements et dĂ©fendre les Bruxellois : primo, lors de la publication du rapport d’incidences que le consultant français doit remettre au gouvernement fĂ©dĂ©ral au plus tard dĂ©but juin, et qui devra inspirer les nĂ©gociateurs des futurs gouvernements rĂ©gional et fĂ©dĂ©ral ; secundo, lors de la rĂ©daction des programmes d’action politiques des nouveaux gouvernements ; tertio, lors du renouvellement de la licence d’exploitation de BAC qui doit survenir cet Ă©tĂ©.