Survol de Bruxelles: Fonck torpillée par l’administration

 lesoir.be
18 août 2014

La secrétaire d’Etat a-t-elle tout faux en « chargeant » les routes Ikea et Ring ? C’est l’avis du président du SPF Mobilité, qui l’a écrit au Premier ministre.

La secrétaire d’Etat à la Mobilité, Catherine Fonck, et avec elle son parti, le CDH, tentent-ils de gagner du temps ? De refiler le dossier des avions au futur gouvernement fédéral et de faire, du coup, porter la responsabilité des décisions au MR, seul parti francophone annoncé pour monter dans l’attelage avec la N-VA, le CD&V et le VLD ? Voire d’éviter que la commune du bourgmestre CDH Benoît Cerexhe, Woluwe-Saint-Pierre, soit de nouveau largement survolée ?

C’est l’analyse que d’aucuns pourraient formuler à la lecture du courrier envoyé le 13 août dernier par le président du SPF (Service public fédéral) Mobilité, Laurent Ledoux, au kern (conseil des ministres restreint), et dont nous avons pris connaissance. Cette lettre vise à « éclairer » le Premier ministre en affaires courantes et ses vice-Premiers sur l’attitude de la secrétaire d’Etat, qui laisserait « planer le doute sur les options envisageables pour exécuter l’ordonnance du tribunal de première instance » et, du coup, « des centaines de milliers de personnes craignent un report sur les routes du Ring et Ikea ».

Le courrier du SPF Mobilité est accompagné de la note technique de la DGTA (Direction générale transport aérien) transmise au cabinet Fonck le 6 août.

Pour rappel, le 31 juillet dernier, l’ordonnance rendue dans le cadre de l’action en cessation de la Région bruxelloise à l’encontre des routes aériennes mises en place le 6 février (le « plan Wathelet »), ordonnait à l’Etat belge de faire cesser l’utilisation de la route du canal et du sous-ensemble des virages à gauche, dans les 3 mois, sous peine d’une astreinte de 50.000 euros par jour. Dans son courrier, Laurent Ledoux dit avoir fait savoir au cabinet de la secrétaire d’Etat, le jour même où l’ordonnance a été rendue, que « le report sur les routes du Ring et Ikea ne semblait pas faisable » – ce que préconisait pourtant Catherine Fonck dans nos colonnes le surlendemain. Interrogée par la RTBF, Catherine Fonck avait aussi estimé que « pour pouvoir répondre dans les trois mois à la décision de justice, on doit le faire uniquement avec des routes existantes ».

Route Ikea et route du Ring versus virage serré à gauche

La note écrite par la Direction générale transport aérien, envoyée au cabinet Fonck le 6 août et à laquelle Laurent Ledoux s’inquiète de n’avoir toujours pas reçu de réponse, dit cependant l’inverse. Selon lui, ces conclusions sont univoques et convergeraient d’ailleurs avec les analyses de Belgocontrol, à savoir qu’ « aucune solution technique autre que la réactivation de l’ancien virage à gauche HUL (la route du virage serré qui survole Evere, Woluwe-St-Lambert et Woluwe-St-Pierre) n’est possible à court terme, tant pour des raisons de capacité de l’aéroport que pour des raisons de sécurité aérienne et de délais de mise en œuvre ». Le président du SPF Mobilité reproche également au cabinet de la secrétaire d’Etat d’avoir « refusé toute réunion conjointe avec le SPF et Belgocontrol pour discuter des options » .

Et, contrairement à ce que Catherine Fonck a prétendu, le report sur la route Ikea et la route du Ring ne serait pas pertinent.

La route du Ring ? Le report massif sur cette route « nécessiterait une analyse préalable approfondie, équivalent à la création d’une nouvelle route » , dès lors que cette utilisation intensive impliquerait notamment un impact sur l’espace aérien de l’aéroport de Charleroi. Ce report pourrait, dès lors, entraîner une réduction de capacité de l’aéroport bruxellois de 50 %.

La route Ikea ? Le report sur cette route poserait « non seulement des problèmes de sécurité mais aussi de capacité » .

La solution passerait donc par la « recréation » de la route du virage serré à gauche et donc à un retour à la situation d’avant le 6 février. En coulisses, on glisse que la « thèse » du président du SPF est aussi celle des négociateurs MR. Et que le fait que les communes survolées (Evere et les deux Woluwe) soient des fiefs PS, CDH et FDF joue dans la balance. Ça alors !

Nuisances sonores: la secrétaire d’Etat à la Mobilité remet son rapport

BELGA Publié le lundi 18 août 2014

La secrétaire d’Etat sortante à la Mobilité, Catherine Fonck, a envoyé lundi au Premier ministre, aux vice-premiers ministres et aux co-formateurs, un « rapport final » de 12 pages d' »analyse juridique » et « technique » ainsi que de « propositions » en réponse à la décision du tribunal de première instance de Bruxelles visant à supprimer les routes aériennes survolant intensivement la capitale, au-dessus du canal et dans l’est de la Région bruxelloise. Le journal Le Soir indiquait lundi que le président du SPF Mobilité, Laurent Ledoux, avait écrit au gouvernement pour dénoncer l’immobilisme de la secrétaire d’Etat et pour appeler à la réintroduction des routes aériennes antérieures au plan Wathelet de février, à savoir un virage à gauche plus serré survolant les communes de Woluwe-St-Lambert et Woluwe-St-Pierre préférable selon lui au survol du ring et de la « route Ikea » jugé non sécurisé.

Alors qu’elle avait plaidé en faveur de cette dernière hypothèse au lendemain de la décision de justice, Mme Fonck (cdH) a une nouvelle fois tenu lundi à dénoncer dans un communiquer « les accusations d’immobilisme » lancées contre elles. Mme Fonck a rappelé le « travail intensif » entreprise depuis le 31 juillet entre son cabinet, les experts de Belgocontrol et de la Direction générale des Transports aériens.

La secrétaire d’Etat a en outre répété que la suggestion émise par M. Ledoux – le virage gauche en direction de la « balise Huldenberg » – était impossible à réaliser dans le délai de trois mois imposé par la Justice, comme l’attestent les experts de Belgocontrol.

« Catherine Fonck se refuse donc à brader la sécurité comme voudrait le faire Monsieur Ledoux. Au contraire, il faut travailler sur la base de données objectives », a-t-elle conclu dans le communiqué.

La balle est à présent dans le camp du gouvernement