lesoir.be 10 mai 2014
En affirmant quâil nâavait fait quâappliquer les accords de gouvernement pour son plan de survol de Bruxelles, le secrĂ©taire dâEtat CDH nâa pas dit la vĂ©ritĂ©. Câest ce quâĂ©tablit une Ă©tude commandĂ©e Ă lâULB Ă la mi-avril 2014.
Depuis le 6 fĂ©vrier dernier, date de la mise en Ćuvre de la derniĂšre phase du plan de survol de Bruxelles au dĂ©part et Ă lâarrivĂ©e de lâaĂ©roport de Zaventem par le secrĂ©taire dâEtat Ă la MobilitĂ© Melchior Wathelet (CDH), celui-ci nâa eu de cesse, face aux multiples protestations de Bruxellois en colĂšre, de rĂ©pĂ©ter quâil nâavait fait quâexĂ©cuter les accords de gouvernement de 2008 et 2010, repris dans lâaccord de gouvernement de dĂ©cembre 2011.
Curieusement, câest une Ă©tude commandĂ©e par ses propres services Ă la mi-avril dernier Ă lâUniversitĂ© libre de Bruxelles (ULB), et qui vient de lui ĂȘtre livrĂ©e, qui dĂ©montre le contraire. Cette Ă©tude, quâun vent favorable a dĂ©posĂ©e Ă notre rĂ©daction â et dont lâintitulĂ© prĂ©cis est Analyse ex post des nouvelles procĂ©dures aĂ©riennes mises en service le 6 fĂ©vrier 2014 dans la rĂ©gion mĂ©tropolitaine bruxelloise â rappelle en effet que lors du conseil des ministres de fĂ©vrier 2010, et encore dans une instruction ministĂ©rielle du 15 mars 2012, il avait Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© dâadopter une mĂ©thode de travail « qui visait Ă Ă©tudier de nouvelles routes selon diffĂ©rents critĂšres parmi lesquels on peut noter que «la concentration des vols au-dessus de zones fortement habitĂ©es sera limitĂ©e autant que possible»  ».
Sur la base de cette proposition, le mĂȘme conseil des ministres avait mandatĂ© le secrĂ©taire dâEtat Ă la MobilitĂ© pour « procĂ©der aux modifications de procĂ©dures de vol en suivant la procĂ©dure fixĂ©e dans lâavant-projet de loi sur le cadre dâexploitation de lâaĂ©roport (âŠ) ». Le gouvernement Leterme II nâest pas allĂ© plus loin : il a dĂ©missionnĂ© le 26 avril 2010. Mais lâaccord de gouvernement Di Rupo du 1er dĂ©cembre 2011 stipule : « Les dĂ©cisions des conseils des ministres des 19 dĂ©cembre 2008 et 26 fĂ©vrier 2010 dans le cadre de la gestion des nuisances sonores Ă lâaĂ©roport de Bruxelles-National seront entiĂšrement exĂ©cutĂ©es. »
Et câest ici que cela se corse. Car cet avant-projet de loi dĂ©finit une procĂ©dure prĂ©cise. Elle prĂ©voit dâabord quâ« un rapport sur les incidences environnementales est requis lorsque la proposition de procĂ©dure de vol ou de modification de procĂ©dure de vol est susceptible dâavoir des incidences notables sur lâenvironnement ». Ce rapport nâa pas Ă©tĂ© Ă©tabli.
Elle prĂ©voit aussi que « le ministre Ă©labore un rapport sur les incidences environnementales » (âŠ) « et notamment, un examen de lâimpact sonore sur la santĂ© de la proposition de vol ou de modification de procĂ©dure de vol envisagĂ©es ». Melchior Wathelet ne lâa pas fait.
Consultation du public
Elle prĂ©voit en outre que « le ministre soumet Ă©galement pour avis la proposition de procĂ©dure de vol et le rapport sur les incidences environnementales au Conseil fĂ©dĂ©ral du dĂ©veloppement durable, aux gouvernements des RĂ©gions, ainsi quâĂ toute instance quâil juge utile ». Melchior Wathelet ne lâa pas fait, forcĂ©ment.
Elle prĂ©voit enfin que « le ministre soumet Ă la consultation du public la proposition de procĂ©dure de vol ou de modification de procĂ©dure de vol, accompagnĂ©e du rapport sur les incidences environnementales lorsque celui-ci est requis (âŠ). La consultation du public dure soixante jours (âŠ). Lâavis au Moniteur belge prĂ©cise les dates de dĂ©but et de la fin de la consultation publique ainsi que les modalitĂ©s pratiques (âŠ). » Melchior Wathelet ne lâa pas fait.
Ainsi donc « les nouvelles procĂ©dures aĂ©riennes auraient donc dĂ» ĂȘtre Ă©tudiĂ©es et Ă©ventuellement adoptĂ©es selon un long processus impliquant une Ă©tude dâimpacts en bonne et due forme et un important processus de concertation et dâinformation, souligne lâĂ©tude de FrĂ©dĂ©ric Dobruszkes, Jean-Michel Decroly et Alix Sotiaux. Faut-il rappeler que câest le 6 fĂ©vrier 2014 que la population a dĂ©couvert les nouvelles procĂ©dures ? ».
Les auteurs, chercheurs Ă lâInstitut de gestion de lâenvironnement et dâamĂ©nagement du territoire (Igeat) de lâULB, nâont pas souhaitĂ© rĂ©pondre Ă notre demande dâinterview.