Avions : Bruxelles sous pression Mathieu Colleyn LLB Mis en ligne le 23/03/2012
Mi-mars, le gouvernement bruxellois donnait son feu vert Ă la rĂ©clamation effective des amendes infligĂ©es Ă certaines compagnies aĂ©riennes actives Ă lâaĂ©roport de Bruxelles-National pour dĂ©passement des normes de bruit. 24 premiers dossiers seraient ainsi « lancĂ©s ». Hier, le mĂȘme conseil des ministres mettait comme un bĂ©mol Ă cette premiĂšre dĂ©cision en ajoutant une nĂ©cessaire concertation avec le gouvernement fĂ©dĂ©ral dans ce dossier. Celui-ci, dĂ©jĂ long de plusieurs annĂ©es, peine visiblement Ă trouver son Ă©pilogue. Officiellement, ce « dialogue » est destinĂ© Ă poursuivre les efforts communs dâharmonisation dans le domaine des normes de bruit ainsi quâĂ veiller au dĂ©veloppement Ă©conomique de lâaĂ©roport comme au bien-ĂȘtre des riverains. Câest, en substance, la petite phrase ajoutĂ©e ce jeudi Ă la dĂ©cision de la semaine derniĂšre.
Pourquoi ? Apparemment, le gouvernement fĂ©dĂ©ral craint pour lâactivitĂ© Ă©conomique Ă lâaĂ©roport de Zaventem. En dâautres termes, que les compagnies aĂ©riennes soient tentĂ©es de voler vers dâautres cieux Ă cause de ces amendes qui, accumulĂ©es au fil du temps, avoisinent un montant total de 11 millions dâeuros. Selon plusieurs sources, la pression du gouvernement fĂ©dĂ©ral sur la RĂ©gion bruxelloise – dont la compĂ©tence pour infliger de telles sanctions est pourtant Ă©tablie – se ferait trĂšs forte par lâintermĂ©diaire de Steven Vanackere (CD&V), vice-Premier ministre et ministre des Finances et de Brigitte Grouwels (CD&V Ă©galement), ministre en charge de la MobilitĂ© au sein du gouvernement bruxellois. Dans lâentourage de lâexĂ©cutif rĂ©gional, on confirme que le gouvernement fĂ©dĂ©ral a commencĂ© à « sâagiter » dans ce dossier la semaine derniĂšre alors que sâĂ©talaient les problĂšmes financiers de Brussels Airlines dans un contexte de concurrence accrue entre le site de Zaventem et les aĂ©roports rĂ©gionaux tels que celui de Charleroi. Le cabinet du ministre-prĂ©sident Charles PicquĂ© dĂ©ment toute pression, prĂ©fĂ©rant parler « dâinterrogations » du fĂ©dĂ©ral et se disant ouvert au dialogue.
La petite modification apportĂ©e hier est lĂ , mĂȘme si elle « ne change rien sur le fond », assure-t-on cĂŽtĂ© bruxellois oĂč lâon rappelle que la Cour constitutionnelle a validĂ© formellement le droit de la RĂ©gion de rĂ©clamer et de percevoir ces amendes. Ce fut dâailleurs au terme dâune incertitude juridique longue de plusieurs annĂ©es et qui lâavait poussĂ© Ă renoncer temporairement Ă rĂ©clamer les montants dus. Depuis lâarrĂȘtĂ© « Gosuin » de 1999 qui fixe les normes de bruits Ă ne pas dĂ©passer lors des atterrissages et de dĂ©collages, et dâaprĂšs un rapport dont les conclusions chiffrĂ©es se clĂŽturent en juin 2011 : « 374 dĂ©cisions de Bruxelles-environnement/I.B.G.E. sanctionnant une compagnie aĂ©rienne dâune amende administrative ne peuvent plus ĂȘtre annulĂ©es ou rĂ©formĂ©es (dĂ©lai de recours dĂ©passĂ©, tous les recours sont Ă©puisĂ©s). Un tiers de ces dĂ©cisions ont Ă©tĂ© payĂ©es pour un montant global de 574 293 euros. Le solde impayĂ© sâĂ©lĂšve Ă un peu plus de 4 000 000 ⏠mais certaines dĂ©cisions sont relativement anciennes ». Cette derniĂšre remarque mettant le doigt sur une Ă©ventuelle prescription des faits dĂ©lictueux. Toujours selon ce mĂȘme rapport, 155 autres dĂ©cisions de Bruxelles Environnement, lâadministration rĂ©gionale qui constate les infractions, peuvent encore faire lâobjet dâun recours devant le collĂšge de lâenvironnement ou le Conseil dâEtat. Montant : quelque 7 millions dâeuros.
Hier, dâautres chiffres circulaient. Suite Ă la rĂ©union du gouvernement bruxellois de la semaine derniĂšre, lâagence Belga Ă©voquait un total de 400 dossiers reprĂ©sentant quelque 11 millions dus par une centaine de compagnies aĂ©riennes, alors que les premiers dossiers ne rapporteraient que 600000 euros ou encore 1,6 million, selon les interlocuteurs. En tout Ă©tat de cause, la RĂ©gion bruxelloise tient Ă cet argent.