vu dans La Libre Belgique du 13.11.2007
Stimulées par une croissance exponentielle du trafic aérien au Moyen-Orient, les compagnies du Golfe tentent d’étancher leur soif d’avions en commandant à tour de bras, comme l’illustrent les annonces faites dimanche et lundi au Salon aéronautique de Dubaï.
Ainsi la compagnie du gouvernement de Dubaï, Emirates, qui a transporté 17,5 millions de passagers durant l’année budgétaire 2006/2007 (achevée fin septembre), a passé dimanche la plus grande commande dans l’histoire d’Airbus, avec 70 long-courriers A350 fermes et 50 en option et 11 gros porteurs A380 fermes, pour une valeur de 20,2 milliards de dollars. Ce contrat fait d’elle un client vital pour l’avionneur européen, d’autant plus qu’elle avait acheté auparavant 47 avions géants A380. Emirates s’est également engagée auprès du rival d’Airbus, Boeing, en commandant dimanche 12 long-courriers 777-300 d’une valeur de 3,2 milliards de dollars.
Expansion vertigineuse
Lundi, c’était au tour du loueur d’avions de Dubaï, DCA Capital, filiale de l’entreprise publique Dubai Aerospace Enterprise (DAE), d’annoncer des intentions d’achats de 200 avions également partagés entre Boeing et Airbus : 13,7 milliards de dollars pour le premier et 13,5 pour le second.
La compagnie aérienne du Qatar voisin, Qatar Airways, avait elle fait savoir dimanche qu’elle avait déboursé 6,1 milliards de dollars auprès de Boeing pour acquérir 35 appareils.
Les compagnies d’Arabie Saoudite n’étaient pas en reste : l’opérateur privé NAS, spécialisé dans les voyages d’affaires, a passé dimanche une commande ferme à Airbus de 20 moyen-courriers A320, pour plus de 2 milliards de dollars. Et la société publique Saudi Arabian Airlines a signé lundi une lettre d’intention avec Airbus pour l’acquisition d’un nombre quasi-similaire d’appareils du même modèle : 22 A320.
Enfin, la plus grande low-cost du Moyen-Orient, l’émiratie Air Arabia, a commandé lundi à Airbus 34 A320 et pris une option sur 15 autres pour un total de quelque 3,5 milliards de dollars.
Selon les dernières prévisions du constructeur aéronautique américain Boeing, le Moyen-Orient devrait investir 190 milliards de dollars pour 1 160 appareils ces 19 prochaines années. Sur la même période, il s’attend à une croissance annuelle de 5,7 pc en termes de passagers et de 7,1 pc sur le fret – des taux supérieurs à la moyenne mondiale prévue.
Au premier semestre 2007, le Moyen-Orient a même enregistré un bond du trafic passagers de 18,7 pc, taux le plus élevé du monde, selon l’Association internationale du transport aérien (IATA). Parties de rien il y a dix ans, ces compagnies connaissent une expansion vertigineuse, les gouvernements de la région cherchant à diversifier leurs revenus pour faire face à l’après-pétrole, en développant le transport aérien et le tourisme.