La vente du gestionnaire de Brussels Airport à Macquarie semble avoir été favorable au groupe australien.
Une plus-value d’environ 438 millions d’euros n’aurait pas été prise en compte.
Macquarie Bank a perçu 9,6 millions pour avoir assisté Biac.
Le fédéral a-t-il réalisé une bonne affaire en vendant 70 pc des parts de Brussels Airports (ex-Biac) à Macquarie Airports, filiale du groupe australien Macquarie ? Des éléments du dossier donnent à penser que la société gestionnaire de Bruxelles National aurait pu être mieux valorisée. En effet, même si Macquarie a déboursé environ 750 millions d’euros pour s’offrir Biac le 29 décembre 2004, l’acheteur s’est rapidement rattrapé par la suite, récupérant une bonne partie de sa mise de départ.
Tout d’abord, Biac n’a commencé à verser des dividendes que juste après l’arrivée de Macquarie en distribuant aux actionnaires un pactole de 50 millions d’euros. Macquarie empoche 35 millions d’euros, soit 70 pc des 50 millions. En 2005, l’assemblée générale vote la distribution des bénéfices de 2004, ceux reportés des années précédentes et des primes d’émissions (124,917 millions d’euros), soit un total de 175 millions d’euros aux actionnaires. L’opération permet à Macquarie de retoucher encore 122,5 millions d’euros.
Parallèlement, Macquarie Bank, filiale de Macquarie est rétribuée pour avoir apporté son assistance à Biac, la société que sa maison-mère achète, soit une enveloppe de quelque 9,65 millions d’euros. « Il est étonnant de voir que le conseil de Biac et indirectement de l’Etat belge est aussi lié à l’acheteur », dit Me Didier Putzeys, avocat, spécialiste du droit des affaires (lire interview ci-dessous).
Explosion de l’endettement
Malgré une baisse de régime en 2005, l’assemblée générale des actionnaires décide, malgré tout, en 2006, de liquider les réserves et de verser le solde des bénéfices reportés ainsi que le profit de l’exercice, soit un total de 119,07 millions d’euros. Macquarie est aux anges, car il touche 83,35 millions. Parallèlement aux décisions qui vident les caisses de Biac (devenue Brussels Airport), des opérations financières creusent son endettement. Les dettes passent de 362,322 millions d’euros en 2004 à 793,1 millions en 2005, et les charges d’intérêts de 19,32 millions à 35,84 millions dans le même temps. Moins de deux ans après son entrée dans le cockpit de l’ancienne entreprise publique, Macquarie a récupéré plus de 30 pc de sa mise, en déduisant tout ce qu’il a retouché par la suite, il n’aurait payé que 499,5 millions d’euros.
Actionnaire à 30 pc de Brussels Airport, l’Etat belge a aussi touché sa part. Mais Macquarie s’en sort mieux. Il a aussi bénéficié d’une plus-value importante sur des terrains que le fédéral a vendus à Biac. Le compromis de vente les concernant passé en 2001 indique 205,917 millions d’euros.
Mais quelques mois après la signature de l’acte authentique en juin 2004, Biac acte une plus-value de 437,803 millions d’euros sur les terrains, acquis préalablement à près de 206 millions d’euros. Celle-ci a été constatée par une expertise communiquée en mai 2005 à Biac, soit environ 5 mois après l’arrivée de Macquarie. Pour des observateurs, le fédéral ne pouvait pas l’ignorer. Cette plus-value sert aujourd’hui de garantie à Macquarie pour négocier de nouveaux emprunts. « Ecolo était au gouvernement fédéral lorsque le compromis de vente a été signé, on s’était battu pour que le prix soit relevé. Car on nous proposait un prix largement inférieur aux 205 millions, soi-disant que c’étaient des terrains agricoles. Le dossier a souffert d’un manque de transparence et on peut se demander pourquoi. On ne sait rien de l’engagement que le fédéral a pris à l’égard de Macquarie, ni des garanties qu’on a données au groupe sur le développement du site. Quand on ne veut pas jouer la transparence, c’est qu’on a quelque chose à cacher », dit la sénatrice Isabelle Durant (Ecolo), ex-ministre fédéral des Transports.