Atterrissage d’urgence et polémique

jeudi 31 août 2006, 20:15

Le retour en urgence d’un Airbus A330 sur les pistes de l’aéroport de Bruxelles-National en raison d’une panne de l’un de ses moteurs, ce jeudi vers midi, a provoqué l’émoi dans les communes voisines de l’aéroport. Ecolo veut interpeller le Fédéral et le CDH parle d’inertie irresponsable. Faut-il attendre l’accident?

La ministre bruxelloise de l’Environnement, Evelyne Huytebroeck (Ecolo), veut interpeller le Fédéral au sujet de l’atterrissage d’urgence, ce jeudi à l’aéroport de Bruxelles-national, d’un Airbus qui a survolé les communes voisines à basse altitude, a-t-elle déclaré.

Faut-il attendre que survienne un accident aérien pour aborder la politique de Bruxelles-national de manière rationnelle et non politicienne, s’interroge-t-elle.
Si la ministre bruxelloise refuse de se prononcer dans la précipitation sur les raisons de l’incident, elle estime qu’il suscite de nouvelles inquiétudes sur le risque d’un éventuel accident aérien grave sur des zones densément peuplées.

Pour elle, cet incident remet en lumière la problématique du Plan Anciaux, dont elle juge qu’il pose problème tant en matière de nuisances sonores que de sécurité, par sa trop grande dispersion des vols.

Carences graves et inertie irresponsable

Pour le CDH, l’atterrissage d’urgence d’un A330 met en lumière les carences graves et l’inertie irresponsable du gouvernement fédéral dans la gestion du dossier des nuisances aériennes. Le MR et le PS doivent exiger du gouvernement fédéral, compétent en cette matière, qu’il prenne ses responsabilités avant que les incidents deviennent accidents, réclame le CDH dans un communiqué.
Le CDH réclame d’urgence un plan qui tienne compte des mesures de réduction de bruit et de la densité de population, mais qui redéfinisse aussi la piste 02/20 comme subsidiaire, qui rétablisse des normes de vent conformes aux recommandations internationales et qui respecte les recommandations des experts internationaux indépendants en matière de sécurité.

(D’après Belga)

L’avion a finalement atterri vers 12h15, sans encombres, mais le vol a par la suite été annulé. Cet Airbus A330 de la compagnie SN Brussels Airlines (SNBA) a décollé à 11h35 de la piste 20 de l’aéroport, à destination de Kinshasa.
Rapidement, le pilote a signalé aux contrôleurs aériens de Belgocontrol un problème technique à l’un de ses deux moteurs. La décision de rentrer a été prise et une procédure d’urgence enclenchée. Cet avion a obtenu une priorité totale, l’espace aérien a été dégagé et tout trafic de départ ou d’arrivée a été arrêté sur Bruxelles et Charleroi, précise Belgocontrol.
L’avion a alors tourné plusieurs minutes à basse altitude pour brûler du carburant et s’alléger, avant d’effectuer vers 12h15 un atterrissage sur la piste 25 B, « sans problème » selon Belgocontrol.

A aucun moment, il n’y a eu un risque pour les passagers, pour l’avion ni pour l’environnement, assure-t-on chez SNBA. Une enquête a été ouverte à la Direction générale du transport aérien. Cet incident n’a pas manqué de susciter un vif émoi dans les communes voisines de l’aéroport, où les manoeuvres de l’appareil ont été vues par de nombreux témoins.

Les bourgmestres de Woluwe-Saint-Pierre et de Wezembeek-Oppem, Jacques Vandenhaute et François Van Hoobrouck, disent avoir été assaillis d’appels de riverains paniqués, qui ont vu l’appareil survoler les quartiers à moins de 200 mètres d’altitude.

Ils estiment que l’on est passé à deux doigts d’une chute d’avion sur le territoire de leur commune. Ils demandent de mettre fin à l’utilisation « dangereuse et intensive » de la piste 20 pour le décollage des gros porteurs.

Cette piste est plus courte de 991 mètres que la piste 25 et certains estiment que la panne de moteur a pu être provoquée par la nécessité pour l’avion de décoller à pleine puissance sur une piste trop courte.
La sécurité des populations survolées ne peut pas être mise en danger pour une bête question de dispersion des vols, comme le prévoit le Plan de Bert Anciaux, commentent les deux bourgmestres dans un communiqué.

BIAC, la société gestionnaire de l’aéroport, dément que la piste ait été trop courte pour l’A330. Toutes les pistes approuvées dans les plans sont suffisamment longues pour les décollages, a indiqué un porte-parole de la société, contacté par Belga.

Chez SNBA, on se refuse également à entrer dans la polémique. Une enquête est en cours, nous allons vérifier les données et cela va prendre du temps. Le reste est spéculation, a commenté un porte-parole de la compagnie aérienne.

(D’après Belga)