Zaventem: deux ténors et des avions

Francis Vermeiren (VLD) est bourgmestre de Zaventem depuis 1976. Face à lui, un autre homme politique flamand connu qui se verrait bien bourgmestre, Eric Van Rompuy (CD&V). Et par-dessus tout, beaucoup, beaucoup d’avions.

Pierre Gilissen

Le village même de Zaventem s’apparente plus à Machelen ou à Vilvorde qu’aux riches communes de la périphérie: les industries anciennes, pour la plupart disparues ont laissé quelques cités ouvrières, aux rues étroites parfois sans trottoirs, bordées de petites maisons. Mais le reste de l’entité est tout en contrastes. A Sterrebeek, les villas sont en majorité et les francophones nombreux. Nossegem est encore très rurale. Enfin, en deçà de l’avenue de la Woluwe, Woluwe-St-Etienne (St-Stevens-Woluwe) est plus cosmopolite et tournée vers Bruxelles. Au total, la commune affiche un taux d’emplois exceptionnellement élevé par rapport à la population.

Politiquement, la somme de ces parties disparates est peu bigarrée: les libéraux règnent ici en maître. Le bourgmestre Francis Vermeiren, qui fut également chef de groupe VLD au Parlement flamand, sollicitera en octobre son… cinquième mandat. Dans l’opposition, le CD&V fait en comparaison pâle figure. Le leader local des chrétiens-démocrates n’est pourtant pas un inconnu: c’est Eric Van Rompuy, l’ex-enfant terrible du parti, qui fut ministre flamand (de l’Economie) sous Luc Van den Brande. Malgré la différence de poids de leurs factions politiques respectives, la rivalité entre ces deux poids lourds de la politique flamande est un facteur qui marque la vie communale.

En 2000, le paysage politique avait peu changé ici. Dans un mouvement contraire à la tendance générale, le VLD avait perdu un siège, passant de 14 à 13 (sur 29). L’alliance avec les socialistes du SP (2 sièges, statu quo) avait été maintenue, produisant une bien courte majorité. Dans l’opposition la liste francophone UF (5) avait récolté un siège supplémentaire. Le CVP (aujourd’hui: CD&V), était, lui, resté à 4.

Encombrant aéroport

Zaventem, c’est avant tout la commune de l’aéroport, même si la plus grande partie des pistes se trouvent sur les communes voisines de Machelen et Steenokkerzeel. La Sabena, DHL, le plan de dispersion des vols ou encore Biac n’ont pas arrêté de défrayer la chronique depuis six ans, et ces dossiers, même s’ils ne concernent généralement pas directement la municipalité, n’ont pas manqué de déborder sur l’agenda du conseil communal.

Ainsi, en 2004, du renouvellement du permis d’environnement de Biac, société gestionnaire de l’aéroport. Biac, privatisée en mai 2004, avant d’être rachetée quelques mois plus tard, souhaitait un permis qui lui permette d’exploiter l’aéroport pendant 20 ans. Au départ plutôt d’accord, alors que le conseil consultatif de l’environnement était contre, le collège avait fini par se rallier à ceux qui estimaient excessive la durée de la concession. Il y avait eu plusieurs recours, dont un du Bond Beter Leefmilieu et un de… la Région bruxelloise.

Mais finalement, c’est Biac qui l’a emporté, avec l’appui de la province, décision confirmée en novembre dernier par le Conseil d’Etat.

Sur le plan de dispersion, le collège plaide contre toute forme de concentration, que ce soit dans l’espace ou dans le temps. Zaventem occupe une position paradoxale, puisque tout en étant un pôle d’emplois (comme les communes du Noordrand), elle fait bel et bien partie de l’Oostrand, à dominante résidentielle. Les deux dernières motions en date sur le sujet, à l’automne et au printemps derniers, ont été votées à l’unanimité du conseil communal, et donc notamment par les francophones, «parce qu’elles disaient ouvertement que le plan Anciaux est mauvais», selon le conseiller communal UF Patrick Van Cauwenberghe.

© La Libre Belgique 2006