Le dossier Zaventem s’embourbe

Pour les Bruxellois, les dernières pistes sur la table mènent à une impasse.

Elles concentrent le bruit sur la capitale et d’autres villes et ignorent la sécurité.

Ph. Law.

Après des mois de négociations, le dossier du bruit des avions de Zaventem fait du surplace. La rencontre de vendredi entre le fédéral ainsi que les exécutifs bruxellois et flamand n’a débouché sur aucun accord. «Depuis 4 mois, un groupe technique réunissant les représentants des gouvernements fédéral, bruxellois et flamand se réunit pour tenter de dégager un accord dans le délicat dossier des vols de nuit. Ces représentants ont été soutenus dans leur démarche par une commission d’experts qui a réalisé un travail en profondeur basé sur plusieurs études scientifiques destiné à objectiver le débat. Malheureusement, force est de constater qu’il ne reste pas grand-chose de cette méthode de travail positive initiée par le ministre de la Mobilité», déplorent le ministre-Président bruxellois Charles Picqué (PS) et la ministre de l’Environnement, Evelyne Huytebroeck (Ecolo). Pour eux, les dernières propositions sur la table «ne peuvent mener qu’à une impasse».

Pour des observateurs, le ministre fédéral de la Mobilité, Renaat Landuyt (SP.A), qui tentait de concilier les différentes propositions, épouse doucement les pistes flamandes. En témoignent ses dernières suggestions: tous les décollages sur la piste 25 gauche le samedi de 15h à 7h et le dimanche sur la courte piste 20 de 7h à 15h (contradiction avec l’arrêt du conseil d’Etat).

L’ensemble du schéma pour le week-end octroie 24 heures de repos au Noordrand (nord de Bruxelles) sans une heure de répit à la capitale, ni aux riverains de l’est de la capitale (Oostrand). Le ministre Landuyt qui aurait proposé dans un premier temps un allongement de la nuit (de 6h à 7h) ne le suggère maintenant que pour 4 nuits sur 7 (mardi, jeudi, samedi et dimanche). Pour l’exécutif bruxellois, l’usage intensif de la piste 25 gauche qu’exige la Flandre en journée le week-end est «totalement irréaliste». Il estime qu’il méconnaît la limitation de la capacité qu’il impose à l’aéroport national, l’augmentation du bruit pour certains quartiers de l’Oostrand et la commune de Zaventem ainsi que «la dégradation de la sécurité induite par le nécessaire raccourcissement de la piste». La Flandre réitère sa proposition visant à orienter (le week-end) les avions décollant de la piste 25 droite vers Chièvres soit sur la route du Ring (avions bruyants), soit sur la route du Canal (avions moins bruyants). Or elle peut entraîner des collisions au-dessus de Drogenbos. Le seul point d’accord entre les parties serait l’abandon de la route Chabert (qui traverse Bruxelles de part en part) qui doit être recalée sur la route du Canal. Sans élément neuf, Bruxelles menace d’activer les astreintes qu’il est en droit d’exiger depuis le 16 octobre. «S’il n’y a plus de climat de négociation positive, il faut réclamer les astreintes. Le fédéral doit prendre ses responsabilités et faire des propositions qui respectent les décisions judiciaires, car celles-ci ne visent pas la Région flamande, mais lui», estime Benoît Cerexhe, ministre bruxellois de l’Economie (CDH).

© La Libre Belgique 2005