Lettre de Bruxelles Air Libre Brussel Ă  la Belgian Cockpit Association (BeCA)

À l’attention de M. Pierre-M.Ghyoot
Belgian Cockpit Association (BeCA)
Av. du Renouveau 25, bte 43
B-1140 Bruxelles

Bruxelles, le 9 septembre 2005.

Cher Monsieur,

En lisant la presse ce matin, nous nous rĂ©jouissions dĂ©jĂ  que les pilotes, qui sont tout de mĂȘme des acteurs incontournables du transport aĂ©rien et des gens on ne peut plus compĂ©tents en matiĂšre aĂ©ronautique, sortent du bois sur la question du plan de dispersion et l’utilisation actuelle des pistes Ă  l’aĂ©roport de Zaventem.

Vous avez déclaré, entre autres choses :

– Que le plan de dispersion, et plus particuliĂšrement l’utilisation de la piste 02/20, sont dangereux (en plus d’ĂȘtre extrĂȘmement pĂ©nibles Ă  vivre pour les personnes survolĂ©es). Ce avec quoi nous sommes bien d’accord.
– Que, pour des raisons de sĂ©curitĂ©, ce sont les conditions mĂ©tĂ©orologiques et notamment les composantes de vent qui doivent dicter l’utilisation des pistes, et non pas des dĂ©cisions politiques arbitraires. Ce qui nous paraĂźt Ă©vident.
– Que, si on veut pousser la logique de la dispersion et ĂȘtre vraiment « Ă©quitable » jusqu’au bout, il faudrait que Zaventem-Village soit Ă©galement survolĂ©. VoilĂ  qui ne fera pas plaisir Ă  certains, mais nous avons toujours pensĂ© qu’il Ă©tait honteux que certains prĂŽnent la dispersion tout en s’en prĂ©munissant.

Mais nous avons dĂ» dĂ©chanter quand nous avons constatĂ© aussi que vous proposez d’Ă©quiper en ILS la piste 07 et de l’utiliser plus souvent pour des atterrissages au-dessus de Bruxelles, et lĂ  s’arrĂȘte notre convergence de vues ! Ca revient Ă  remplacer le risque que vous dĂ©noncez pour la piste 02 par un autre, Ă  peine moindre, et des nuisances sonores par d’autres, Ă  peine moindres aussi ! Atterrir en 07, cela signifie amorcer la procĂ©dure d’alignement et de descente Ă  hauteur du Ring Ouest et traverser toute la ville Ă  basse altitude pour finir en rase-mottes Ă  Schaerbeek* et Evere. Les Bruxellois connaissent cette procĂ©dure pour l’avoir vĂ©cue de temps Ă  autre, et pas plus tard encore qu’au mois d’aoĂ»t dernier.

Ce n’est pas Ă  un pilote expĂ©rimentĂ© comme vous que nous devons rappeler que c’est au dĂ©collage et Ă  l’atterrissage que les risques d’accident sont statistiquement les plus grands. Les accidents aĂ©riens qui se sont produits cet Ă©tĂ© dĂ©montrent Ă  suffisance que, si le transport aĂ©rien reste un des plus sĂ»rs qui soient, des accidents peuvent encore arriver de temps Ă  autre. Sans compter que les communes survolĂ©es par les atterrissages en 07 sont dĂ©jĂ  abondamment servies en dĂ©collages au dĂ©part de la 25R (virages Ă  droite, virages Ă  gauche, route « Chabert », route « Onkelinx », route « du Palais », et tutti quanti) qui depuis quelques annĂ©es pĂ©nĂštrent de plus en plus loin sur le territoire de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale, avec des gradients de montĂ©e qui semblent varier grandement d’un aĂ©ronef Ă  l’autre et d’une compagnie Ă  l’autre.

Nous vous savons grĂ© de votre franchise sur la question du plan de dispersion, mais en tant qu’association reprĂ©sentant les citoyens bruxellois survolĂ©s, permettez-nous de pousser le discours un peu plus loin et vous dire clairement ce que beaucoup de gens savent dĂ©jĂ  mais que d’aucuns se refusent encore Ă  admettre, Ă  savoir :

– que l’aĂ©roport de Zaventem ne se prĂȘte pas Ă  des activitĂ©s telles que le fret et les vols de nuit, parce qu’il est : 1) mal implantĂ© par rapport aux vents dominants, 2) trop prĂšs de la ville, 3) enclavĂ© en milieu urbain du fait que les pouvoirs publics ont laissĂ© bĂątir des terrains qui n’auraient jamais dĂ» ĂȘtre lotis ;
– qu’on n’aurait jamais dĂ» l’agrandir et le moderniser ;
– qu’il aurait fallu depuis longtemps dĂ©localiser – Ă  l’instar des autres grandes villes europĂ©ennes – les activitĂ©s les plus problĂ©matiques du point de vue des nuisances sonores ;
– qu’il ne peut pas donc ĂȘtre une grande plate-forme internationale ni un hub, mais tout au plus un « city airport » spĂ©cialisĂ© dans le transport de passagers, comme Ă  Londres ou Ă  Washington DC ;
– qu’il faut arrĂȘter de faire payer aux citoyens les errements des gouvernements successifs dans la gestion de cet aĂ©roport .

En vous remerciant d’avance pour l’attention que vous aurez accordĂ©e au prĂ©sent courrier, recevez, cher Monsieur, nos salutations distinguĂ©es.

VĂ©ronique de Potter
Porte-parole FR

Anne Marchand
Présidente

——

A l’attention de Madame Marchand,

Madame la Présidente,

Nous accusons rĂ©ception de votre courrier prĂ©citĂ© qui a retenu toute l’attention qu’il impose.

La BeCA se réjouit de constater que le mouvement citoyen et la démocratie ne sont pas des vaines expressions en Belgique.

Nous tenons à rappeler que la vocation de notre Union Professionnelle est de promouvoir la sécurité aérienne pour défendre notre profession.

En tant qu’Union Professionnelle, nous n’intervenons pas dans le dĂ©bat politique, et le choix du comment le bruit gĂ©nĂ©rĂ© par le transport aĂ©rien est distribuĂ© fait partie du dĂ©bat politique.

Notre obligation est d’assurer au citoyen ainsi qu’aux pilotes de ligne – belges ou Ă©trangers – que les procĂ©dures opĂ©rationnelles adoptĂ©es pour rĂ©partir les vols sur la plate-forme de Bruxelles-National sont conformes aux SARP (Standards and Recommendations Practices) de l’OACI.

Nous veillons Ă  cette conformitĂ©. Le cas Ă©chĂ©ant, nous disposons des pouvoirs pour faire obtenir les mesures correctrices – soit au niveau national, soit Ă©ventuellement au niveau mondial.

Fort civilement,

the Belgian Cockpit Association
_______________________________________________________
Pierre-M. Ghyoot, secretary general