Landuyt balise le survol

Un texte en huit points explore les pistes de survol de Bruxelles et sa périphérie. Bruxelles parle de provocation. La Flandre ne serait guÚre plus ravie.

Un plan dĂ©cevant et imbuvable. En « off », c’est avec un « effarement » – officiellement, avec « perplexitĂ© »… – que l’on a dĂ©couvert, du cĂŽtĂ© du gouvernement bruxellois, la note du ministre de la MobilitĂ© Renaat Landuyt (SP.A), consacrĂ©e au nouveau plan de dispersion des vols au-dessus de la capitale et de la pĂ©riphĂ©rie.

Ce mercredi aprĂšs-midi, le ministre fĂ©dĂ©ral a remis cette note aux principaux protagonistes politiques du dossier : les ministres-prĂ©sidents des RĂ©gions flamande et bruxelloise, ainsi que les deux ministres de l’Environnement. Le document entend jalonner la nĂ©gociation politique qui va s’ouvrir entre le fĂ©dĂ©ral et les RĂ©gions, afin d’envisager l’avenir de Bruxelles-National aprĂšs 2008.

Rien de concret toutefois par rapport Ă  l’Ă©chĂ©ance du 15 octobre, date Ă  laquelle l’État sera passible de lourdes astreintes en cas de poursuite des infractions aux normes de bruit bruxelloises… Comme le dĂ©plorent le ministre-prĂ©sident bruxellois Charles PicquĂ© (PS) et la ministre de l’Environnement Evelyne Huytebroeck (Écolo) dans un communiquĂ© conjoint, les orientations proposĂ©es par le ministre Landuyt ont uniquement trait Ă  la pĂ©riode postĂ©rieure Ă  2008. Aucune indication n’est donnĂ©e au sujet des procĂ©dures en vigueur pendant la pĂ©riode dite de transition.

Sur le fond, la note Landuyt prĂ©voit moins de vols au-dessus du Noordrand (pĂ©riphĂ©rie nord), elle dĂ©charge quelque peu l’Oostrand (pĂ©riphĂ©rie est) et intensifie le trafic sur Bruxelles, et ceci de jour comme de nuit. Une provocation pure, estime cet expert.

Pratiquement, il serait question de moderniser et d’utiliser prĂ©fĂ©rentiellement la piste « 25 gauche » (plus de piste « 02 » et moins de « 20 »). ConsĂ©quence : Bruxelles et les communes de Zaventem et Diegem seraient davantage survolĂ©es. Cette augmentation ne rĂ©pond Ă  aucune demande ni de la RĂ©gion bruxelloise ni de la RĂ©gion flamande et nĂ©cessite par ailleurs des travaux d’amĂ©nagement lourds pour lesquels aucune prĂ©cision n’est fournie, font remarquer les ministres bruxellois.

Cette Ă©bauche de plan de vols Ă©voque aussi la diminution globale de prĂšs de 30 % des vols de nuit en 2008, Ă©chĂ©ance au-delĂ  de laquelle la sociĂ©tĂ© DHL diminuera son activitĂ© aĂ©roportuaire Ă  Bruxelles. Un point qui serait positif pour les riverains de l’aĂ©roport, oĂč qu’ils rĂ©sident. Idem pour certaines restrictions d’exploitation de l’aĂ©roport, notamment en ce qui concerne l’abaissement des seuils de nuisances nocturnes et l’extension de leur application jusqu’Ă  7 h du matin (au lieu de 6 h aujourd’hui). Cependant, les dĂ©rogations prĂ©vues Ă  ces limitations empĂȘchent, Ă  ce stade, d’en mesurer l’impact rĂ©el.

Enfin, l’Ă©tendue des missions du futur Institut de contrĂŽle envisagĂ© par le ministre Landuyt (« Le Soir » du 9 septembre) ne semble pas compatible avec la volontĂ© de la RĂ©gion bruxelloise d’exercer ses propres compĂ©tences pour protĂ©ger sa population contre les nuisances sonores.

On a du mal Ă  rĂ©aliser quel est le but poursuivi par cette note, relĂšve cet observateur. Le ministre Landuyt a renoncĂ© Ă  faire usage d’une sĂ©rie de pistes porteuses. Et au bout du compte, cela ne satisfait personne cĂŽtĂ© francophone et nĂ©erlandophone. Ce texte ne sert personne, sauf les intĂ©rĂȘts de Biac, l’exploitant de Bruxelles-National.

Une autre source proche du dossier glisse que l’idĂ©e de Rennaat Landuyt est peut-ĂȘtre, dans un deuxiĂšme temps, de nĂ©gocier un allĂ©gement des survols de la capitale avec le gouvernement PicquĂ© contre un allĂ©gement des normes de bruit rĂ©gionales bruxelloises… Signalons toutefois que, bien qu’il ait tenu le conseil des ministres restreint (kern) au courant de ses intentions, le ministre de la MobilitĂ© n’est pas « couvert » par le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  ce stade.

La discussion sur le contenu de sa note débutera la semaine prochaine.