Un plan de dispersion contraire à l’orthodoxie aéronautique : en mars 2004, l’union professionnelle des pilotes de ligne belges (Beca) dénonçait sévèrement certaines dispositions du « plan Anciaux. » Un an et demi plus tard, les commandants de bord ne sont pas calmés. Que du contraire : leurs doléances sont reprises et amplifiées par leurs collègues internationaux.
Un bon vent a fait atterrir au « Soir » un rapport rédigé en anglais, émis au niveau mondial par la Beca et l’Ifalpa (l’International federation of air line pilots associations). Pour les pilotes, le plan Anciaux est dangereux. Et ceci à plusieurs titres.
De manière générale, les pilotes regrettent que l’utilisation des pistes de Bruxelles-National se fasse non en fonction des vents dominants (la règle de base exige que les décollages s’effectuent face aux vents), mais d’abord selon un horaire répétitif : c’est le principe de dispersion « équitable » des nuisances.
Ils soulignent ensuite que les innombrables décisions politiques, souvent contradictoires, qui ont émaillé le dossier, ont entraîné des modifications trop fréquentes des procédures de vol : les valeurs des normes de vent, qui guident le choix d’une piste, ont ainsi été changées à plus de dix reprises en moins d’un an.
Suit une longue liste de critiques qui concernent pour la plupart la fameuse piste « 02-20 » (voir l’infographie). Les pilotes observent notamment que la « 02-20 », qui peut être prise dans les deux sens, plus courte et moins bien équipée, est utilisée d’office à certains jours et durant certaines nuits, alors que d’autres pistes sont ouvertes et disponibles.
Le plan Anciaux impose par ailleurs d’utiliser la « 02 » et la « 20 » à certains moments même avec du vent arrière important, ce qui représenterait un risque. La « 02 » est également utilisée par vent d’est. Or, selon les pilotes, elle ne devrait être utilisée que par vent de nord.
Autre critique des commandements de bord à l’encontre du plan Anciaux : l’utilisation de pistes qui se croisent au sol certains jours, ainsi que certaines nuits.
Pour les pilotes, c’est clair : les pistes 02 et 20 doivent être mises en service comme une piste secondaire de dépannage (comme c’était le cas naguère) et ne peuvent pas être reprises dans un schéma de dispersion à but environnemental et politique.
De manière générale, les commandants de bord affirment que ce sont les règles aéronautiques internationales de l’Icao (International civil aviation organization) qui doivent déterminer l’exploitation d’un aéroport et non des décisions politiques.
WILLIAM BOURTON – vendredi 09.09.2005