Le crash du plan Landuyt

Le Conseil d’Etat a suspendu les modifications du plan de dispersion des avions dĂ©collant de et atterrissant Ă  l’aĂ©roport de Bruxelles-National. Ces modifications avaient Ă©tĂ© fixĂ©es par le gouvernement pour tenter de se conformer Ă  l’arrĂȘt de la Cour d’appel du mois de mars dernier.

Pour rappel, l’ arrĂȘt de la Cour d’appel avait notamment jugĂ© illicite et dangereuse, l’utilisation prĂ©fĂ©rentielle de la courte piste 02 pour les atterrissages. L’information a aussitĂŽt Ă©tĂ© confirmĂ©e par l’Union Belge Contre les Nuisances des Avions (UBCNA, une des associations les plus reprĂ©sentatives de riverains de la pĂ©riphĂ©rie est). Le Conseil d’Etat avait Ă©tĂ© saisi en extrĂȘme urgence d’un recours introduit par divers riverains des communes de Woluwe-Saint-Pierre, de Crainhem et de Wezembeek-Oppem.

Selon l’UBCNA, le Conseil d’Etat a suspendu avec effet immĂ©diat, dans un arrĂȘt rendu mercredi, l’exĂ©cution de la dĂ©cision du Conseil des ministres du 18 avril de modifier le systĂšme d’utilisation prĂ©fĂ©rentielle des pistes Ă  l’aĂ©roport de Bruxelles-National.

Les changements intervenus avaient essentiellement trait au remplacement des atterrissages prĂ©fĂ©rentiels par la courte piste 02 par des dĂ©collages sur la mĂȘme piste, mais dans l’autre sens, chaque samedi de 14 Ă  23 heures ainsi que chaque dimanche de 6 Ă  17 heures. Selon l’UBCNA, le Conseil d’Etat a mis en exergue le fait qu’utiliser la piste 02/20 lorsque les autres pistes sont Ă©galement disponibles rĂ©duit inutilement les marges de sĂ©curitĂ©, et que le vent arriĂšre admissible sur la piste 02/20 devait ĂȘtre limitĂ© Ă  0 noeud en atterrissage et en dĂ©collage, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Le Conseil d’Etat, citĂ© par l’UBCNA, considĂšre aussi que la modification du Plan de dispersion dĂ©cidĂ©e le 18 avril dernier par une utilisation intensive de la piste 20 ne repose pas sur des « motifs matĂ©riellement exacts, pertinents et lĂ©galement admissibles en violation du principe gĂ©nĂ©ral de proportionnalité ».

La dĂ©cision suspendue a Ă©tabli un dĂ©placement important des dĂ©collages vers la piste 20 et a pour consĂ©quence une augmentation considĂ©rable des nuisances aĂ©riennes sans prĂ©voir aucune mesure d’accompagnement (expropriation ou isolation acoustique), a encore jugĂ© la haute juridiction.

D’aprĂšs le Conseil d’Etat, la dĂ©cision du ministre de la MobilitĂ© avalisĂ©es par le gouvernement conduit Ă  une nouvelle concentration des vols sur la zone Est de la rĂ©gion bruxelloise pendant les week-ends et doit ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme « totalement disproportionnĂ©e avec l’objectif poursuivi de rĂ©partition des nuisances ».

Pour respecter l’arrĂȘt de la Cour d’Appel de Bruxelles, l’Etat belge pouvait simplement revenir Ă  la situation antĂ©rieure au Plan de dispersion d’autant que d’autres scĂ©narios proposĂ©s et permettant d’aboutir Ă  une dispersion Ă©quitable des nuisances sonores n’ont pas Ă©tĂ© examinĂ©s avec l’objectivitĂ© et le sĂ©rieux requis, est-il encore prĂ©cisĂ© dans l’arrĂȘt.

Pour le Conseil d’Etat, l’utilisation de la piste 20 doit rester « subsidiaire » pour des raisons environnementales et de sĂ©curitĂ©. Il insiste sur le fait que lorsque la piste 20 est utilisĂ©e pour les dĂ©collages, ce sont les pistes 25 (ndlr: qui croisent la 02/20) qui sont utilisĂ©es pour les atterrissages, soit la configuration la plus dangereuse avec des atterrissages qui coupent les dĂ©collages.

(D’aprĂšs Belga)