Le service de médiation a traité près de 41000 dossiers en 2004 contre 2281 en 2003.Les médiateurs disent avoir du mal à respecter le délai de 15 jours pour répondre.
En cause, les dérogations au plan Anciaux et les données qui arrivent avec retard.
Ph.Law.
Installé depuis un peu plus de 2 ans, le service de médiation pour l’aéroport de Bruxelles-National croule aujourd’hui sous les plaintes. Ce qui plaide une nouvelle fois pour une révision des procédures et une meilleure gestion du bruit autour du site pour soulager les riverains (le point est d’ailleurs à l’ordre du jour du conseil des ministres extraordinaire qui a été entamé jeudi soir). Le rapport annuel 2004 des médiateurs, envoyé le 21 février 2005 au ministre Landuyt et dont nous avons eu connaissance, traduit une augmentation exponentielle des dossiers traités par le service. L’an dernier, le service a traité 40973 dossiers contre 2281 en 2003 et 1336 en 2002. Sur deux mois cette année (janvier, février), les médiateurs ont déjà traité plus de 20000 plaintes.
En détail, environ 13000 dossiers sont des plaintes personnalisées (principalement envoyées par courrier électronique) et le reste sont des doléances automatisées lancées à partir des relevés de sonomètres installés à Wezembeek-Oppem et à Crainhem. La répartition linguistique des dossiers montre que la plupart des plaintes proviennent des riverains francophones. En 2004, 14,99pc des plaintes proviennent de néerlandophones et sur les 20159 plaintes des deux premiers mois de 2005, 11,07pc sont néerlandophones. L’an dernier, les mois de juillet, de septembre et d’octobre ont été les plus durs pour les riverains avec respectivement l’enregistrement de 5033, 5731 et 7030 plaintes.
Les récriminations proviennent principalement de l’Oostrand, des habitants des communes de Diegem, Haren, de Neder-Over-Heembeek, de Laeken et du Noordrand (nord de Bruxelles) ainsi que ceux de la région de Bruxelles et du Brabant wallon. Les médiateurs se sont gardés de faire une répartition en pourcentage des origines des plaintes pour éviter toute polémique.
Plaintes le jour et la nuit
Les principales causes des plaintes concernent autant les décollages que les atterrissages sur toutes les pistes. Par ailleurs, les dossiers concernent autant les mouvements de jour que ceux opérés la nuit. «Chaque plainte revêt de l’importance qu’elle concerne le jour ou la nuit et prouve qu’il y a un problème» écrivent les médiateurs dans leur analyse. Mais le médiateur francophone, Philippe Touwaide précise qu’il y a plus de plaintes à propos des vols de jour que pour les mouvements nocturnes, car explique-t-il «il y a moins de trafic la nuit et les trajectoires sont plus dispersées». Les médiateurs parviennent à répondre dans les délais imposés (15 jours) pour les questions d’ordre général. Mais en ce qui concerne les questions de détails (identification des vols, trajectoires,…), ils avouent accuser des retards notamment pour divers motifs: les données météo leur sont communiquées avec un délai minimum de 8 jours, les données de vols arrivent avec 4 jours de délai et les causes de dérogations au plan de dispersion leur parviennent 8 jours après leur demande de renseignements.
Gros porteurs
Le service souligne que l’utilisation intensive de la piste 02, la plus courte entraîne une explosion des plaintes, «ce qui prouve que cette procédure est particulièrement nuisible et dérangeante. Les plaintes concernant la piste 20 (décollage sur la piste 02 en sens inverse) sont surtout relatives soit à des vols bruyants la nuit, soit au décollage d’avions gros porteurs le dimanche tels des Boeing 747 et des MD-11», notent les médiateurs. L’utilisation de la route Chabert (qui traverse Bruxelles de part en part) ainsi que celle de la route du Ring occasionnent également un nombre important de plaintes.
Les modifications des normes de vent, l’inversion des pistes 02/20, les altitudes de virages au décollage de la piste 25R vers la droite ou la gauche et l’altitude de virage au décollage de la 20 vers la droite le dimanche sont autant de procédures aériennes qui posent problème d’après le service de médiation de l’aéroport. Le service a d’ailleurs élaboré une série de propositions pour améliorer le plan de dispersion. La liste des suggestions a également été envoyée au ministre de la Mobilité, M. Landuyt.
© La Libre Belgique 2005