Le cadastre du bruit divise les RĂ©gions

I l y a tout juste un an (c’Ă©tait le mercredi 3 dĂ©cembre 2003), le conseil des ministres restreint arrivait Ă  un accord sur le dossier du bruit des avions de l’aĂ©roport Bruxelles-National. Cet accord consistait Ă  multiplier
les procĂ©dures de dĂ©collage et d’atterrissage afin de disperser au maximum les nuisances sonores des avions. L’ExĂ©cutif rĂ©pondait de la sorte Ă  une injonction de la cour d’appel de Bruxelles (annulĂ©e depuis). Cet accord
entrera dans l’histoire sous l’appellation de « plan Anciaux », du nom du ministre de la MobilitĂ© de l’Ă©poque.

En vĂ©ritĂ©, ce plan n’a donnĂ© ses premiers effets concrets que dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 mars 2004, provoquant aussitĂŽt un flot (ininterrompu Ă  ce jour) de protestations dans l’Oostrand (pĂ©riphĂ©rie est) et dans les
communes bruxelloises limitrophes. Les associations de riverains ont retenu la date anniversaire de la dĂ©cision politique pour rappeler au gouvernement leur hostilitĂ© totale au plan de dispersion. Ainsi, l’Union belge contre les nuisances des avions dĂ©nonce le caractĂšre facĂ©tieux de cette absurditĂ© qui a pour nom plan Anciaux…

Au moment de la mise en service du plan, il avait Ă©tĂ© dit que le gouvernement procĂ©derait Ă  une Ă©valuation six mois plus tard, soit en septembre 2004. Mais, Ă  cette Ă©chĂ©ance, le successeur d’Anciaux, le ministre de la MobilitĂ© Renaat Landuyt (SP.A), expliqua que la demande d’extension
des activitĂ©s nocturnes de DHL risquait de modifier considĂ©rablement la donne Ă  Bruxelles-National. On rĂ©Ă©valuerait donc le plan Anciaux plus tard…

Dans nos Ă©ditions du 15 novembre dernier – alors que le dossier DHL s’Ă©tait soldĂ© par l’Ă©chec que l’on sait -, Renaat Landuyt expliquait que le processus d’Ă©valuation Ă©tait en cours. À ce stade, cadastre du bruit en main
(un exercice rĂ©alisĂ© entre le 15 avril et le 15 juillet), il constatait que, grosso modo, le bruit ressenti au sol Ă©tait conforme aux donnĂ©es du cadastre thĂ©orique rĂ©alisĂ© par la KUL, sur lequel le gouvernement s’Ă©tait reposĂ© pour
réaliser le plan de dispersion.

Ce cadastre met tout de mĂȘme bien en lumiĂšre certains problĂšmes spĂ©cifiques de survols intensifs, nous explique la vice-PremiĂšre socialiste (et ex-ministre de la MobilitĂ© sous l’arc-en-ciel). Le problĂšme, c’est que la Flandre et Bruxelles ne sont pas d’accord entre elles sur la validitĂ© de ce cadastre… Et, en l’absence d’accord sur cette base de travail, on ne peut pas se lancer dans une rĂ©Ă©valuation.

Une divergence de vues constatĂ©e mercredi, lors d’une rĂ©union entre reprĂ©sentants des gouvernements fĂ©dĂ©ral, bruxellois et flamand autour du ministre Landuyt. Si la Flandre semble encline Ă  valider le cadastre, Bruxelles en conteste la mĂ©thodologie. Landuyt n’est pas hostile Ă  la
rĂ©alisation d’un cadastre plus fouillĂ©, sur base de relevĂ©s sonomĂ©triques au sol… mais la pose de sonomĂštres est de compĂ©tence rĂ©gionale. Et les rĂ©gions s’opposent sur le sujet. Bref, le serpent se mord la queue.

Rappelons que, in fine, un accord de coopĂ©ration doit ĂȘtre signĂ© entre le fĂ©dĂ©ral, Bruxelles et la Flandre sur la rĂ©partition (dĂ©finitive) des nuisances entre le fĂ©dĂ©ral, Bruxelles et la Flandre

WILLIAM BOURTON – 03.12.2004, 06:00