Lettre ouverte d’un ancien commandant de bord de la Sabena
aux responsables politiques

Bruxelles, le 27 juin, 2004.

Messieurs les Responsables,

Fortuitement j’ai assisté avec plusieurs de mes collègues,anciens Commandants SABENA ,à un spectacle étonnant qui nous a interpellé car, jamais ,nous n’avions à exécuter délibérément des manoeuvres dangereuses au cours de nos 20 – 25 000 heures de vol. Pas en Europe.

Nous avons assisté au décollage d’un gros-porteur d’une compagnie africaine, dont le Commandant, s’il savait ce qu’il faisait, n’a pas eu le courage ou l’autorité de refuser de décoller de la piste 20.

Il avait sans doute raison puisque lui et quelques centaines de Bruxellois sont vivants.

Nous avons devisé, « vielles tiges », des jours heureux où des inepsies pareilles eussent été impossibles. La Corporation des pilotes belges y veillait et donc la SABENA et donc le Politique.

A chacun ses compétences et nous étions là pour y veiller. Jamais nous n’aurions accepté de compromettre la sécurité. Le choix de la piste appartient au Commandant de bord qui respecte, si faisable bien sûr,les recommandations du contrôle aérien. Sans devoir se justifier verbalement ou par écrit à qui que ce soit.

La compétence universelle n’existe pas. Ou n’existe plus. A chacun son boulot et le vôtre ,Messieurs, n’est sûrement pas de régler le traffic aérien. On nous dit que vous vous occupez de beaucoup de choses sans être compétents ! C’est vrai, mais cela mène, en Belgique, rarement à un carnage tel que la chute d’un gros porteur chargé de 150 000 ltrs de kérosène à Woluwé ST. Pierre-Krainem provoquerait. Ce sera chose faite si vous persistez !

N’est-il pas curieux de voir que certains d’entre vous,en promouvant ou en empèchant la chute de la SABENA, n’aient en même temps éliminé le seul « contre-pouvoir  » qui aurait empèché vos agissements?

Nous sommes tombés d’accord ce matin pour plaindre le pauvre pilote qui, dans son pays, est à la merci des dirigeants qui ne lui permettraient certainement pas de vouloir faire le « malin » à Bruxelles où, pour l’Africain du moins, le contrôle aérien est à prendre au sérieux. Là,nous en avons fait l’expérience ces 50 dernières années, le contrôle appartient à la tribu dominante.

Y aurait-il un parallèle ?….. Depuis peu ?

Dans l’éventualité de ce désastre annonçé, ou même d’un incident grave, nous sommes d’accord, informellement pour l’instant, pour nous porter témoins et de vous accabler avec tout le poids de notre expérience, honteux que nos jeunes collègues aient à se plier à des inepsies manifestes.

P.P.

Cdt.de bord ex.SABENA er.