Lettre Ouverte à Pierre Klees, Président de BIAC.

Monsieur le Président,

Selon un article paru dans le journal Le Soir, nous ne serions que « 10000 affectés dans notre confort et notre santé par les vols de nuit. Pas davantage. »

En n’ayant pas installé de sonomètres partout où BIAC nuit, en ne mesurant pas vos nuisances, comment pouvez-vous savoir ? et en ne consultant pas les populations à qui vous nuisez ? Et en n’étant pas contrôlé par une
autorité indépendante ?

Vous ne reculez pas devant le mensonge pour protéger vos intérêts.

Bien d’autres ont procédé de la même manière, tels les cigaretiers qui ont juré pendant des décennies que le tabac n’était pas nuisible à la santé alors qu’ils possédaient depuis longtemps dans leurs dossiers et leurs laboratoires les preuves de sa toxicité.

La communauté a fini par comprendre et généralise progressivement l’interdiction du tabac et de sa publicité.
Comme les fabricants de fibre-ciment, comme les pollueurs aux métaux lourds, à la dioxine ou aux CFC. Jusqu’à ce que la communauté comprenne grâce aux scientifiques et obligent les pollueurs à cesser leurs nuisances.

La communauté finira aussi par mettre une interdiction à vos nuisances : essentiellement le bruit et la pollution atmosphérique * Vous exercez le chantage à l’emploi en prétendant que 20000 emplois sont en jeu : pourquoi pas 200000 ? (ceux que le pays aimerait trouver et que les politiques seraient avides de nous offrir en ces temps pré-électoraux ?)

Là non plus vous n’innovez pas : d’autres ont exercé ce chantage avant vous jusqu’à ce que la communauté mesure pleinement le tort qu’ils occasionnaient en termes d’environnement et de santé publique et force par exemple la fermeture d’usines. Le monde a survécu à ces fermetures mais beaucoup de malheureux sont morts victimes de leurs nuisances.

Autre chantage : Bruxelles ne serait pas la capitale de l’Europe sans les vols de nuit !

Tiens donc et qu’était Bruxelles pendant les 30 ans qui ont précédé l’arrivée de DHL à Zaventem ?

Rassurez-vous, Bruxelles ne doit pas son statut à vos nuisances et survivra bien à la limitation des vols de nuit.

Enfin, plus offensant que tout, vous montrez un grand mépris en nous proposant des boules Quiès et en nous traitant d' »égoïstes inquiets ».

Même les industriels les moins avisés et les plus soumis à la pression environnementale ne montrent pas un tel mépris à l’égard de leurs riverains.

Inquiets, oui, nous le sommes mais égoïstes, non. Il faudra quelque temps encore avant que la communauté comprenne que la valeur ajoutée de vols de nuit sans contrôle est inférieure au dommage économique, environnemental et social qu’ils créent.

D’autres l’ont compris depuis longtemps : les Scandinaves mais aussi, plus près de nous, Cologne ou Strasbourg.

Nous vivons dans un monde moderne et nous acceptons notre lot de contraintes et de nuisances. Nous sommes conscients de ne pas habiter sur le Larzac ou dans le désert de Gobi. Nous ne sommes pas rétrogrades non plus.

Nous n’avons pas demandé la fermeture de l’aéroport de Bruxelles National (et les gens à Chièvres ne seraient pas si fous pour vous y accepter sans contraintes) : nous demandons que vous respectiez les riverains. Nous demandons que vous vous comportiez en industriel et en citoyen responsable, soucieux de l’environnement et de notre avenir.Et nous nous respecterons mutuellement.

Bien à vous,

Y.D.

1970 Wezembeek-Oppem