On allait voir ce qu’on allait voir ! Il y a une semaine, Louis Michel exigeait la tenue d’un kern pour résoudre le problème des nuisances sonores subies par une partie des bruxellois francophones. Ce faisant, il évitait bien de dire qu’il reprenait tout simplement à son compte le travail et les propositions faites personnellement et de sa propre initiative par le médiateur Philippe Touwaide.
Aujourd’hui, on a effectivement tout vu ! Le point du jour est retiré du Conseil des Ministres, on en parlerait quand même à demi-mot ; on apprend par ailleurs qu’un « accord » aurait été dégagé il y a déjà quinze jours (quel sens donner alors à la sortie la semaine passée du Vice-Premier Ministre, sinon un sens purement médiatique ?)… Bref, la vérité et la transparence sont totalement bafouées par la majorité libérale-socialiste dans ce dossier.
Quoi qu’il en soit, s’il semble bien qu’un accord ait été trouvé, il démontre également sur le fond la mollesse dans la gestion politique du dossier du survol de Bruxelles.
Le MR et le PS accepteraient en effet que seules les 9 propositions tolérées par le Ministre Anciaux soient prises en considération, alors que le médiateur de l’aéroport de Bruxelles National avait proposé ni plus ni moins 55 propositions pour alléger radicalement les nuisances sonores générées par l’aéroport.
Pour Joëlle Milquet, Présidente du cdH, et Benoît Cerexhe, Chef de groupe bruxellois, les 9 propositions politiques prises en considération par le Gouvernement n’ont hélas qu’un faible impact sur la réduction du volume sonore souhaité. Surtout, elles ne remettent nullement en cause la philosophie du plan Anciaux :
-* Au mépris des règles fondamentales de sécurité, la piste 02/20 sera toujours utilisée régulièrement et le survol des zones riveraines reste toujours aussi bas.
-* Au mépris du sommeil des riverains, aucune décision politique n’est envisagée par rapport aux vols de nuit : le Gouvernement a notamment refusé de prendre en considération les propositions d’étendre la période de nuit jusqu’à 7 heures ou de diminuer leur quota bruit à 8 ; il ne se positionne toujours pas sur la volonté de BIAC de déroger à la limite des 25.000 mouvements la nuit par an, laissant à cette société les rênes.
-* Au mépris de l’objectivité du dossier, aucune décision n’est envisagée pour diminuer les nuisances causées par la piste 25 droite, alors qu’il leur était pourtant proposé de répartir son trafic sur 4 nouveaux couloirs.
-* Au mépris des règles légales et de la qualité de vie des habitants de Bruxelles, les zones dont le survol est interdit seront toujours survolées, sans que des sanctions ne soient rendues effectives et renforcées.
Les « décisions » du gouvernement dans ce dossier sont tout simplement inadmissibles pour les riverains de l’aéroport de Bruxelles National en particulier et pour l’ensemble des citoyens en général. Il est très inquiétant de voir une majorité gérer d’une telle manière une problématique aussi grave qui concerne la santé et la sécurité d’un million de citoyens. Seul pour finir dans cette affaire, le médiateur fédéral a osé prendre des initiatives personnelles alors qu’il appartenait aux francophones de la majorité de le faire.