La compagnie low cost décide de saisir la justice européenne.
Son patron, Michael O’Leary, qualifie de «stupide» la décision de Bruxelles.
On le sait, Ryanair et la Commission européenne sont comme chien et chat. Depuis l’annonce en février dernier de la décision de la Commission européenne dans le dossier Brussels South Charleroi Airport (BSCA) – l’Exécutif européen ordonne à Ryanair de rembourser une partie, jugée illégale, des aides reçues lors de son implantation sur l’aéroport carolo – Michael O’Leary mène une véritable croisade contre Bruxelles.
Le bouillant patron de Ryanair était hier de passage dans la capitale européenne pour confirmer ce qu’il avait déjà laissé entendre: la compagnie low cost irlandaise a interjeté appel de la décision de la Commission européenne auprès du Tribunal de première instance des Communautés européennes, situé au Luxembourg. Un appel non suspensif. Pendant 45 minutes, Michael O’Leary a – dans son style direct et pas vraiment diplomatique – décoché des flèches acérées à l’égard de la Commission dont il juge la décision «stupide». Le patron de Ryanair estime que Bruxelles a commis une «erreur factuelle» en estimant qu’un aéroport privé n’aurait pas consenti les mêmes avantages à Ryanair que Charleroi.
Inspiration «communiste»
Le «boss» de Ryanair estime que la Commission a délibérément ignoré quatre réalités. Un: l’accord scellé entre l’aéroport de Charleroi et Ryanair est le résultat de négociations avec plusieurs autres aéroports et a été proposé à d’autres compagnies prêtes à consentir le même investissement à Charleroi. Deux: Ryanair bénéficie de conditions similaires, voire plus avantageuses encore, dans plusieurs aéroports privés. Trois: grâce à Ryanair, le nombre de passagers a connu une croissance phénoménale à Charleroi. Quatre: grâce à la présence de Ryanair, d’autres compagnies et investisseurs ont témoigné un intérêt pour BSCA.
«La décision de la Commission est erronée. Elle est mauvaise pour la concurrence», a souligné O’Leary, parlant d’une décision d’inspiration «communiste» ou «nord-coréenne» visant à maintenir des tarifs élevés au détriment des consommateurs. Et d’illustrer son propos par les décisions récentes de SN Brussels Airlines et de Virgin Express d’augmenter leurs tarifs de 4 euros par vol pour compenser la flambée des cours du brut. «Il n’y aura pas de hausse tarifaire liée aux prix du pétrole, ni ce mois-ci, ni le mois prochain, ni cette année, ni l’année prochaine, ni à aucun moment», a poursuivi O’Leary. Et de poursuivre: «Nous pensons que cet appel sera couronné de succès. Nous sommes très confiants.»
Et en cas d’échec, Ryanair pourrait-il quitter Charleroi? «Nous resterons tant que nous pourrons maintenir nos coûts bas, et, selon de récentes négociations, tel est le cas», a encore précisé Michael O’Leary.
© La Libre Belgique 2004