RĂ©ponse de Bruxelles Air Libre Brussel au MR

Monsieur le Président,

concerne : vos rĂ©actions Ă  notre plan en pour un avenir durable de l’aĂ©roport de Zaventem

Nous tenons tout d’abord a vous remercier d’ĂȘtre le premier parti Ă  nous rĂ©pondre, avant mĂȘme la fin des dĂ©lais impartis.

Puisque vous nous écrivez comme président du MR, nous supposons que ce point de vue est partagé par toutes les composantes du Mouvement Réformateur ?

Votre position, par apport Ă  notre plan en 10 points, a le mĂ©rite d’ĂȘtre assez claire, mĂȘme si elle est consternante et attristante pour les Bruxellois survolĂ©s.

Ils ne peuvent manifestement espĂ©rer de votre mouvement le soutien qu’ils sont en droit d’attendre des partis francophones de la majoritĂ©, face aux exigences croissantes de la Flandre. Elle veut manifestement dominer l’aĂ©roport fĂ©dĂ©ral, engranger les taxes des entreprises qui y sont Ă©tablies, bĂ©nĂ©ficier de la majoritĂ© des emplois (1) mais « partager Ă©quitablement » les nuisances avec les Bruxellois, sans tenir compte du nombre de personnes survolĂ©es.

Nous nous permettons de répondre, dans une note annexe, à certaines de vos réactions, à la fois pour vérifier si nous en avons bien compris le sens et pour vous fournir des informations complémentaires.

Si toutefois, la position de votre parti est dĂ©finitive, il n’est pas nĂ©cessaire de rĂ©pondre Ă  ce courrier.

Nous nous permettons cependant, Monsieur le PrĂ©sident, d’attirer votre attention sur « l’habitabiltĂ© » de la plus grande ville du pays, qui est aussi sa capitale et celle de l’Europe.

En nĂ©gligeant cet aspect essentiel au profit d’intĂ©rĂȘts Ă©conomiques Ă  courte vue (2) ou d’une participation Ă  un gouvernement fĂ©dĂ©ral, nous pensons que votre parti commet une erreur qui pourrait saper la confiance qu’un certain nombre de Bruxellois ont toujours placĂ©e en lui.

Si vous ĂȘtes suivis par les autres partis de la majoritĂ©, cette erreur se soldera par un exode des Bruxellois, qui en ont les moyens, avec la paupĂ©risation de la RĂ©gion de Bruxelles-Capitale comme corollaire.

Vous remerciant pour l’intĂ©rĂȘt que vous portez Ă  cette problĂ©matique, nous vous prions de croire, Monsieur le PrĂ©sident, en nos respectueuses salutations;

(1) 5% des emplois chez DHL et 13% chez BIAC vont à des travailleurs domiciliés à Bruxelles
(2) aucune Ă©tude coĂ»ts/bĂ©nĂ©fice n’a jamais dĂ©montrĂ© que les vols de nuit Ă©tait rentables pour l’Ă©conomie du pays, par contre les effets dĂ©sastreux de la « poubellisation » de l’Ă©conomie de certains pays pauvres a dĂ©montrĂ© ses effets dĂ©lĂ©tĂšres

Réactions aux réponses du MR au plan en 10 points de Bruxelles Air Libre Brussel

Scission des activités

La scission entre le trafic passagers de point Ă  point et les activitĂ©s de fret ou de hub est essentielle pour un « City Airport » comme Zaventem. C’est au prix de ce dĂ©lestage qu’il pourra maintenir une activitĂ©, Ă  moins de 2 Km de la rĂ©gion la plus densĂ©ment habitĂ©e de tout le pays.

Il appartient aux partis politiques au pouvoir de dĂ©cider s’ils veulent maintenir les fonctions de hub et de vols de nuit sur le territoire de la Belgique et dans ce cas, sur quelle infrastructure, mieux situĂ©e, ils dĂ©sirent les implanter.

C’est la maniĂšre la plus intelligente de limiter le nombre de mouvements Ă  Zaventem, comme le prĂ©conisait dĂ©jĂ  le prĂ©sident du PRL en 1999, si son parti arrivait au pouvoir (1)

Actuellement aucune limite n’est fixĂ©e au nombre de mouvements d’avions autorisĂ©s Ă  Zaventem. Pierre Klees place l’objectif de son extension Ă  au moins 450.000 mouvements, contre les 265.000 actuels et le maximum de 200.000 permis Ă  Orly. DHL exige de pouvoir passer de 16.000 Ă  34.000 vols de nuit, sans quoi il ne construira pas son centre de tri europĂ©en Ă  Zaventem.

Il ne s’agit donc pas d’un statu quo, mais d’une volontĂ© dĂ©libĂ©rĂ©e d’expansion, qui ne peut ĂȘtre contenue que par le pouvoir politique, responsable de la dĂ©fense de l’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral, comme l’a rappelĂ© la Cour de Cassation.

Il est dommage que votre parti ne voie pas la nĂ©cessitĂ© de modifier la licence d’exploitation de la sociĂ©tĂ© BIAC, en voie de privatisation. Non seulement cette licence ne prĂ©voit aucune limite Ă  l’expansion parfaitement lĂ©gale des activitĂ©s de jour de cette infrastructure urbaine, mais au contraire, elle impose Ă  BIAC d’ĂȘtre capable d’assurer au moins 80 mouvements par heure !

Programme d’isolation

Votre parti affirme souhaiter la mise en œuvre d’un programme d’isolation.

Et pourtant le gouvernement fĂ©dĂ©ral, dont il fait partie, n’a pris aucune dĂ©cision pour que le fond FANVA, chargĂ© de financer ce programme, soit alimentĂ© par les compagnies ariennes, comme prescrit. Les caisses sont dĂ©sespĂ©rĂ©ment vides et BIAC se rĂ©jouit de ne pas devoir appliquer cette taxe « pollueur/payeur » Ă  ses clients.

Plus fondamentalement, on ne peut pas ĂȘtre Ă  la fois pour la dispersion des vols et pour l’indemnisation des victimes (expropriation ou isolation) et ce n’est pas le ministre Kubla qui nous contredira. En dispersant les vols on augmente le nombre des victimes, mais plus aucune d’entre elles ne rĂ©pond aux conditions restrictives exigĂ©es pour toute indemnisation. BIAC pourra donc continuer Ă  dĂ©velopper son trafic sans frais d’infrastructures et sans indemnisation victime. Un rĂȘve.

Il n’y a donc Ă©conomiquement pas d’autre solution que de concentrer les vols sur les zones les moins peuplĂ©es, afin de pouvoir dĂ©gager les moyens financiers nĂ©cessaires pour les dĂ©dommager (expropriation ou isolation, pour les riverains qui le souhaitent).

Si votre parti envisage une autre solution, il nous intéresserait de la découvrir.

CaractĂšre provisoire du plan Anciaux

La dĂ©claration gouvernementale impose la rĂ©alisation d’un cadastre du bruit (commune par commune, quartier par quartier)) comme prĂ©alable Ă  tout plan de rĂ©partition des vols, qui devra aussi tenir compte de la densitĂ© des populations survolĂ©es. Le ministre Gosuin en avait fait son cheval de bataille Vous avez d’ailleurs dĂ©clarĂ©, vous-mĂȘme, qu’aucun nouveau plan ne sortirait le 18 mars.

Alors que la dĂ©cision de la Cour de Cassation Ă©cartait le spectre des astreintes et l’urgence Ă  agir, les reprĂ©sentants de votre parti au gouvernement fĂ©dĂ©ral ont cependant acceptĂ© qu’un « plan Anciaux provisoire » soit imposĂ© Ă  la population en l’absence de toute donnĂ©e objective. C’est au moment de l’annĂ©e oĂč les vols sont les plus nombreux et oĂč les citoyens aspirent Ă  vivre la fenĂȘtre ouverte, que ce plan est imposĂ© « provisoirement » aux habitants de Bruxelles.

Cette attitude est incohĂ©rente et incomprĂ©hensible pour les Bruxellois survolĂ©s. La crainte d’une crise gouvernementale ne peut justifier le mĂ©pris avec lequel leur santĂ©, leur sommeil et leur qualitĂ© de vie sont nĂ©gligĂ©s.

Fermeture de l’aĂ©roport la nuit

Que la Belgique se conformera à une éventuelle décision européenne de fermer les aéroports la nuit, ne fait aucun doute. Nous ne voyons pas comment elle pourrait se soustraire à cette obligation éventuelle.

La question est plutĂŽt de savoir ce que votre parti a fait, ou fera, pour qu’une telle dĂ©cision soit prise.
Une dĂ©claration Ă©crite Ă  ce sujet est soumise, jusqu’au 26 avril, aux dĂ©putĂ©s du Parlement europĂ©en.
A notre connaissance, aucun dĂ©putĂ© europĂ©en de votre parti ne l’a encore signĂ©e.

Mais faut-il attendre une telle dĂ©cision europĂ©enne, nĂ©cessairement Ă©loignĂ©e dans le temps, pour prendre l’initiative d’interdire progressivement les vols de nuit dans les aĂ©roports situĂ©s Ă  proximitĂ© de zones densĂ©ment peuplĂ©es ? GenĂšve, Orly, Dublin l’ont dĂ©jĂ  imposĂ© et mĂȘme Francfort va y procĂ©der.

InstaurĂ©s en 1986 par le ministre De Croo, les vols de nuit Ă  Zaventem viennent de faire l’objet d’une Ă©tude du Prof. Annemans (2) de la RUG – rĂ©alisĂ©e en fĂ©vrier 2004 Ă  la demande du ministre de la MobilitĂ©. Elle dĂ©montre l’atteinte de ces vols de nuit Ă  la santĂ© et aux capacitĂ©s de concentration des populations survolĂ©es et elle dĂ©termine Ă  6 milliards de francs, le coĂ»t des dĂ©penses annuelles mises Ă  charge de la collectivitĂ©.

Mettre fin aux vols de nuit Ă  l’aĂ©roport urbain de Zaventem est Ă  la fois une nĂ©cessitĂ© sociale, environnementale et Ă©conomique. En s’y attelant, le MR rĂ©aliserait la promesse faite en 1999 par le prĂ©sident du PRL, Louis Michel, de mettre fin progressivement aux vols de nuit Ă  Zaventem, si son parti retournait aux affaires (1). C’est assez diffĂ©rents des propos tenus par le Minstre-PrĂ©sident, Jacques Simonet, qui dĂ©clarait il y a peu Ă  la radio, que vouloir supprimer les vols de nuit Ă©tait pure dĂ©magogie.

Le droit au sommeil est indispensable Ă  tout ĂȘtre humain, l’en priver est considĂ©rĂ© comme une torture .