Zaventem cherche investisseurs

Biac aura d’ici quelques mois un nouveau propriétaire.
L’Etat est en effet vendeur d’une partie de sa participation mais conservera au minimum 30 pc.
Les actionnaires privés pourraient être tentés de lui emboîter le pas.

Aéroport cherche investisseurs. Voilà l’intitulé qui pourrait figurer d’ici quelques semaines comme en-tête d’un document de la banque néerlandaise ING destiné au(x) futur(s) nouveau(x) propriétaire(s) de Biac, la société qui gère l’aéroport de Bruxelles-National.

On le sait, après avoir abandonné l’idée d’une introduction en Bourse, les actionnaires publics (Etat, 63,56pc du capital) et privés (P&V Assurances, GBL, AvH, KBC, Dexia,… 36,21pc) de Biac ont ouvert la voie, il y a quelques semaines, à un profond remaniement de l’actionnariat de la société. L’Etat actionnaire a en effet l’intention de réduire substantiellement sa participation actuelle, pour ne conserver – au minimum – que 30pc des actions de Biac. Objectif: conserver une minorité de blocage dans une entreprise qui reste l’un des plus importants pôles de développement économique du pays.

A ce stade, ING n’a eu que des «contacts préliminaires» avec certains de ces investisseurs potentiels et devrait, dans les prochaines semaines, formaliser un document qui servira de cadre à la transaction. L’opération devrait être bouclée dans le courant de la deuxième moitié de 2004. Et le sujet ne semblant pas diviser les grands partis du pays, un changement de coalition au lendemain des élections ne devrait pas remettre en cause le processus. Même s’ils ne le disent pas ouvertement, les actionnaires privés devraient probablement profiter de ce retrait partiel de l’Etat pour lui emboîter le pas.

Insécurité juridique

«Il y a une volonté réelle des investisseurs privés de sortir du capital s’ils obtiennent un bon prix. Car si Biac est parvenu à gagner de l’argent ou au minimum à atteindre l’équilibre financier, même durant les années les plus difficiles, l’entreprise n’offre pourtant pas des rendements mirobolants à ces actionnaires privés qui n’ont pas vocation à rester à long terme dans l’actionnariat d’une infrastructure aéroportuaire», explique une source proche du dossier. Depuis l’exercice 2000, les actionnaires privés n’ont d’ailleurs plus touché le moindre dividende. Cette volonté de sortir du capital se justifie évidemment d’un point de vue financier pour les actionnaires privés dans la mesure où un futur investisseur sera prêt à payer le prix fort s’il peut s’assurer le contrôle de la société, donc une participation supérieure à 50pc.

La valorisation? Pas facile de se hasarder à un pronostic. La seule référence remonte à 1998 au moment de l’acte fondateur de Biac, né du rapprochement de la société BATC (Brussels Airport Terminal Company) et de la RVA (Régie des Voies Aériennes). A l’époque, on évoquait une valorisation de 10500 anciens francs belges par titre, soit au total 377,7 millions d’euros. Mais depuis, Biac a subi un gros coup dur avec la faillite de la Sabena, son plus gros client. Cela étant, après avoir touché le fond à la suite des événements du 11 septembre 2001 et la disparition de son «home carrier», Bruxelles-National a depuis remonté la pente. Progressivement. En 2003, Biac a affiché un bénéfice net consolidé de 18,9 millions d’euros pour un maigre 0,2 million d’euros à fin 2002 et l’aéroport a également fait des efforts importants sur le plan de la qualité lui permettant de s’inscrire parmi «les grands aéroports les plus ponctuels d’Europe» (lire à ce sujet [notre commentaire->art354]). Toujours l’an dernier, le chiffre d’affaires s’est apprécié de 6pc pour atteindre 271,4 millions d’euros et le nombre de passagers de 5,2pc.

© La Libre Belgique 2004