Concentration des nuisances sur l’Oostrand

WILLIAM BOURTON

Depuis le 17 avril, à Bruxelles-National, la piste 02 est utilisée tous les samedis pour accueillir l’ensemble des atterrissages. Conséquence : toute la flotte en phase d’approche se retrouve, à basse altitude, dans le ciel de l’Oostrand (aux confins de Crainhem et Wezembeek-Oppem), après avoir survolé le sud-est de Bruxelles (Uccle, Watermael-Boitsfort, Woluwe).

Et les dimanches ne sont pas spécialement plus calmes, comme on le lira plus loin ! Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces procédures du week-end provoquent un véritable tollé sur le terrain. A titre d’échantillon, on peut lire, ci-dessous, quelques extraits de lettres envoyées par des habitants au médiateur fédéral de l’aéroport et/ou au ministre de la Mobilité, Bert Anciaux (Spirit).

Sur le plan politique, Jacques Vandenhaute, bourgmestre MR de Woluwe-Saint-Pierre et président de l’Union belge contre la nuisance des avions, et François van Hoobrouck, bourgmestre MR de Wezembeek-Oppem, vice-président de la même union, dénoncent l’interprétation scandaleusement personnelle que fait le ministre Anciaux de son plan.

« Interprétation » ? On l’a dit, le plan de répartition des nuisances sonores approuvé par le gouvernement prévoit que, le dimanche, de 6 à 17 h, tous les avions décollent de la piste 20 (de 17 à 23 h, l’Oostrand « accueille » encore la moitié d’entre eux, depuis la piste 25 gauche). Mais dimanche matin, un vent d’est plutôt faible (2 nouds) ne permettait pas de décoller de la « 20 ». Courte et en pente ascendante, cette piste est en effet interdite de décollage par vent arrière (« supérieur à 0 noeud »).

Les décollages doivent alors s’effectuer sur une des deux pistes « 25 ». Seulement voilà, le ministre Anciaux a décidé que ces dimanches-là si l’on ne peut pas décoller sur la « 20 » on atterrirait en piste « 02 » (la même en sens contraire)…

Résultat des courses, s’étranglent Vandenhaute et Van Hoobrouck, ce dimanche 25 avril, on a atterri au-dessus de l’Oostrand par la piste 02. Tous les atterrissages ont été concentrés, de façon scandaleuse, ignoble et indigne sur une seule région, contrairement à tous les accords gouvernementaux !

L’accord de gouvernement du 30 septembre 2003, revu et corrigé le 27 février 2004, ne parle que d’utilisation de pistes, pas des territoires survolés… Il est dit, précise le président de l’Ubcna, que l’on doit utiliser, dans les limites des conditions de sécurité, la piste 20 pour décoller. Si les conditions de sécurité ne sont pas remplies, il n’a jamais été décidé d’atterrir en « 02 ». Anciaux interprète à sa guise son plan dans le seul but de pénaliser l’Oostrand. Et pendant ce temps, « son » Noordrand (périphérie nord, NDLR) n’a subi aucun survol ! Et les deux élus MR d’affirmer qu’il est grand temps que le gouvernement reprenne ce dossier en main.

Mis en cause, Bert Anciaux dit comprendre la réaction des riverains. La situation qu’ils ont vécue ce week-end est insupportable, mais quoi qu’ils en pensent, elle s’explique uniquement par les normes de vent, nous explique- t-il. Je travaille sur d’autres procédures mais avant toute décision, je dois obtenir le feu vert des experts en termes de sécurité..