Aéroport de Gosselies : le MR et le PS font de la politique « guignol »

La Commission de l’Economie du Parlement wallon a adopté la proposition de décret du MR et du PS: l’aéroport de Gosselies sera ouvert de 7 a 23 heures et le gouvernement pourra autoriser des mouvements d’avions entre 6h30 et 7 heures.

La Commission de l’Economie du parlement wallon a adopté jeudi la proposition de décret du MR et du PS qui vise à remédier au problème qui se pose à l’aéroport de Gosselies après le jugement rendu par le tribunal de première instance de Charleroi. Ecolo et le cdH se sont abstenus.

La proposition étend les heures d’ouverture de l’aéroport de 7h à 23h plutôt que 22h. Les dérogations « exceptionnelles » autorisées entre 6h et 7h et entre 22h et 23h, à l’origine du recours introduit par les riverains, sont supprimées. Le gouvernement reste toutefois habilité à autoriser des mouvements d’avions entre 6h30 et 7h00 dans le cadre d’un quota de bruit maximal.

A la demande du cdH, la Commission a entendu jeudi matin les exposés de représentants de la société qui gère l’aéroport (la SA Brussels South Charleroi Airport) et de l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires en Région wallonne (l’ACNAW). Il ressortait de l’exposé du représentant de BSCA que l’aéroport de Gosselies était l’un des seuls à avoir des heures d’ouverture aussi restreintes. Quant à la journée type d’un avion basé à Gosselies, elle commence à 6h40 pour s’achever à 22h45, soit en dehors de la période comprise entre 7h et 22h.

Plus calme que la veille, la séance a toutefois encore été émaillée de vifs échanges. Le cdH a rappelé ses exigences d’une législation claire pour éviter à l’avenir de tels problèmes. Dans un amendement, il a proposé que la période d’ouverture de l’aéroport soit comprise de façon stricte entre 6h30 et 7h30 pour garantir aux riverains une nuit de 8h, conformément aux règles européennes.

« Probablement, certains horaires devront être revus. Mais à un moment donné, si l’on ne fixe pas de règles, que se passera-t-il si pour des tas de raisons, Ryanair dit qu’il lui faudrait 23h10 plutôt que 23h? Si nous voulons affirmer Charleroi comme aéroport diurne, c’est 6h30-22h30. Ou alors, un peu de courage et on modifie le statut diurne de l’aéroport », a souligné André Antoine.

Sur les bancs écologistes, Bernard Wesphael a fait part de toute sa rancoeur face à la manière dont des grandes entreprises commerciales comme Ryanair prenait en otage le monde politique. « Je suis excédé par l’évolution de ce dossier des aéroports, pas seulement en Région wallonne. Elle symbolise la mise à sac de l’Etat de droit. Nous sommes systématiquement obligés d’obéir à ces compagnies qui nous tombent dessus », a-t-il dit avant de qualifier d’indécent le chantage de Ryanair.

Le PS et le MR se sont insurgés contre de tels propos. Pour Paul Ficheroulle (PS), on ne peut affirmer que la Région wallonne est à la botte des entreprises. Le ministre de l’Economie, Serge Kubla, a quant à lui rappelé qu’Ecolo n’avait pas le monopole de la vertu. « Il n’y a pas qu’une seule conscience morale dans cette assemblée. Tous les groupes et le gouvernement ont le sentiment qu’un équilibre est nécessaire. Ryanair ne nous dicte pas sa loi. C’est nous qui voulons garder Ryanair et les emplois qu’il génère », a-t-il expliqué.

Visiblement mal à l’aise, les écologistes présents en Commission ont choisi de s’abstenir. Le chef de groupe Xavier Desgain a dit le malaise qu’il ressentait face à un parlement qui légiférait pour contourner la décision d’un tribunal, d’autant plus que ce sont BSCA et Ryanair qui n’ont pas respecté la législation.

S’il s’affirme comme un partisan du développement de l’aéroport carolo, celui-ci doit se faire en respectant les intérêts des riverains, a-t-il expliqué. « Vous comprendrez qu’il m’est difficile d’accepter d’abroger une disposition qui donnait des garanties à ces riverains », a-t-il ajouté. Le texte sera examiné et voté en séance plénière ce jeudi après-midi